La montagne dans le biberon, le voyage dans les semelles et l'envie de lire, de danser et de goûter le monde !
mardi 30 juin 2009
Lui et Elle
dimanche 28 juin 2009
Carnets ligériens
Page de pub
Julio Godoy est guitariste, Bolivien et ancien membre du très renommé groupe Los Jairas. Il continue à pratiquer la guitare et le charango avec virtuosité et sincérité en Suisse. De sa rencontre avec Yves Lagabrielle, musicien et organisateur à ses heures, est né le groupe Carnavalito il y a trois ans. Au delà du plaisir de jouer, le groupe Carnavalito veut faire découvrir en Suisse comme en France les rythmes et les sonorités de cette musique si connue mais si souvent galvaudée.
Le groupe Sagarnaga, fondé en 1987, regroupe des musiciens français de tous horizons, passionnés de musique et de culture des Andes (Bolivie, Equateur et Perou) qui s'efforcent de jouer la musique telle qu'elle est aujourd'hui pratiquée dans ces pays; une musique populaire et vivante. Les musiciens du groupe chantent et pratiquent tous plusieurs instruments (flûtes de pan, kena, mandoline, guitare, charango...), aidés en cela par des amis musiciens boliviens professionnels qui partagent leur savoir et leur maitrise.
Habituellement composé de dix membres, l'ensemble Sagarnaga sera ce soir représenté par six musiciens qui donneront un large apperçu du répertoire du groupe.
le trio Sanjely ce sont 3 musiciens de Montpellier qui retrouvent et reconstituent au fil de leur rencontre les ambiances si douces et harmonieuses de la region de Cochabamba et Santa Cruz....
jeudi 25 juin 2009
Vientos de Bolivia
dimanche 21 juin 2009
Encore un chef d'oeuvre
vendredi 19 juin 2009
Le massacre minier de Saint Jean - Victor Montoya
Tout commença lorsque les familles de mineurs rentraient chez elles après avoir fêté le solstice d’hiver autour des feux, où on dansa et chanta au rythme des cuecas et des huayños, accompagnés par des des verres de ponch, des plats typiques, de la coca, des cigarettes, des bâtons de dynamite et des pétards. Tandis que la fête se déroulait dans la ville de Llallagua et les campements de Siglo XX, les troupes du régiment Ranger et Camacho, qui quelques heures plus tôt avaient encerclé les lieux à la faveur de la nuit, ouvrirent le feu de tous les côtés, abandonnant une vingtaine de morts et soixante-dix blessés entre les piqûres du froid et les sifflements du vent.
On estime que les soldats et les officiers, qui pénétrèrent dans la zone nord entre vingt-et-une heure et vingt-trois heures, partirent en train de la ville de Oruro dans l’après midi du 23 juin. Le gardien qui surveillait le passage les vit arriver armés dans les wagons et tenta d’en informer les dirigeants syndicaux et les radios, mais il subit les intimidations des officiers qui continuèrent leur marche. C’est ainsi que, aux environs de cinq heures du matin, commença la fusillade qui tua des hommes, des femmes et des enfants. Dans un premier temps, face à cette attaque surprise, certains confondirent les rafales des mitrailleuses avec les pétards et le fracas des mortiers avec les explosions de dynamite.
L’entreprise, complice des bourreaux, coupa la lumière électrique ce matin-là, pour que les radios ne puissent transmettre aucune alerte aux habitants ; pendant ce temps, les soldats, qui étaient postés sur le Cerro San Miguel, près de la Salvadora et du Rio Seco, descendirent comme des troupeaux d’ânes par le flanc escarpé et occupèrent violemment les campements, la Place du Mineur, le siège du syndicat et la radio « la Voix du Mineur », où fut assassiné le dirigeant Rosendo Garcia Maisman, lequel, retranché derrière une fenêtre, défendit la radio, un vieux fusil à la main.
Le carnage se poursuivit pendant plusieurs heures sous le soleil du 24 juin. Les morts perdaient leur sang auprès des feux et les blessés arrivaient à l’hôpital, tandis que les mères, atterrés par les tirs et les cris, tentaient de calmer la peur et les pleurs des enfants. Au milieu du chaos et de l’effroi, beaucoup d’hommes, dans une tentative désespérée de se défendre, s’armèrent de dynamite et capturèrent des soldats, qu’ils dépouillèrent de leurs uniformes et de leurs armes. Mais tout laissait supposer qu’il était déjà trop tard pour préparer une résistance organisée. La Place du Mineur se remplit de soldats et la juridiction de la Province de Bustillo fut déclarée « zone militarisée ».
Le massacre obéit à des ordres clairs de René Barrientos Ortuño, dont le gouvernement abaissa les salaires au niveau de la faim, désapprovisionna les pulperias (magasins de l’entreprise minière. NdT), interdit le droit syndical et s’acharna à persécuter les dirigeants politiques et syndicaux dans le but de détruire systématiquement l’axe principal de la résistance au sein du mouvement ouvrier.
De fait, selon des témoignages directs, on sait que le jour du 24 juin était prévue la réalisation du congrès national des mineurs à Siglo XX, dans le but d’exiger une augmentation des salaires et d’appuyer la guérilla du Che avec « deux mitas », équivalents à deux jours de travail (La « mita » correspond dans les Andes à un travail collectif pour la communauté, à un système d’entraide. NdT). Une somme importante si l’on considère les 20 000 travailleurs qui intégraient alors la Corporation Minière de Bolivie (COMIBOL).
Le gouvernement et les Forces Armées, informés des préparatifs du Congrès et soutenus par la CIA, s’empressèrent d’occuper les centres miniers pour éviter un quelconque appui moral et matériel destiné aux guérilleros qui se battaient à vue dans les montagnes de Ñancahuazu. Par conséquent, loin de l’illusion d’une étincelle libertaire allumée sur le continent américain, les mineurs de l’altiplano et les guérilleros commandés par le Che étaient assassinés avec les mêmes armes et par les mêmes ennemis, séparés les uns des autres, sans se voir le visage ni partager la même tranchée, luttant contre les mercenaires de la CIA et les troupes de l’armée bolivienne.
René Barrientos Ortuño, qui savait manœuvrer des plans sinistres en s’appuyant sur le « pacte militaire - paysan », qu’il avait établi lui-même avec la bureaucratie officielle des syndicats ruraux, justifia le massacre en prétextant que l’armée était en situation de légitime défense et qu’il était nécessaire de « combattre le processus subversif » des mineurs à Siglo XX, prêts à organiser un processus révolutionnaire pour se joindre à la geste armée des « barbus étrangers » de Ñancahuazu.
Tandis que l’indignation populaire courait comme une traînée de poudre à travers le pays, les « syndicats clandestins », organisés à l’intérieur de la mine, en plus d’avoir décrété à l’unanimité une grève de 48 heures pour protester contre le massacre, affirmèrent leurs justes revendications : retrait des troupes de l’armée, restitution du siège du syndicat et de la radio « la Voix du mineur » ; respect du droit syndical, liberté sans conditions pour les dirigeants arrêtés et exilés, indemnisation des veuves des mineurs assassinés et exigence qu’elles ne soient pas délogées du campement ; réajustement des salaires aux niveau de mai 1965 et, comme si cela ne suffisait pas, on fixa aussi une contribution bimensuelle de dix pesos par ouvrier, pour les dépenses du syndicat et pour acheter des armes. La résistance populaire, à l’échelle nationale, trouva son avant-garde indiscutable chez les mineurs qui, de par leur haut degré de conscience politique et de combativité, étaient décidés à défendre leurs droits les plus élémentaires et à déclarer Siglo XX « territoire libre », dans une franche attitude de défiance contre la dictature militaire.
Au massacre succédèrent la répression et le licenciement des « agitateurs » de leurs postes de travail. Certains finirent dans les oubliettes et les autres exilés, les veuves et les orphelins furent expulsés du campement sans indemnisation ni aucun droit et le massacre de Saint Jean resta impuni. La vague de persécution fut planifiée par le Haut Commandement Militaire, avec le clair objectif de liquider physiquement les dirigeants les plus illustres de la résistance ouvrière. C’est ainsi qu’ils trouvèrent l’endroit où se cachait Isaac Camacho, l’un des principaux leaders des « syndicats clandestins », lequel, après avoir été arrêté le 29 juillet, dans une maison proche de la Plaza Nueva à Llallagua, fut torturé et disparut sans laisser aucune trace.
René Barrientos Ortuño, en plus du massacre minier, fut le responsable direct de l’assassinat, l’emprisonnement, la torture et la disparition de plusieurs opposants à son gouvernement, jusqu’au jour où il mourut calciné dans le même hélicoptère que lui avaient offert ses alliés du nord. Cependant, malgré les multiples témoignages autour de cette sombre histoire, certains exaltent encore son « patriotisme » et le surnomment le « général du peuple », alors qu’en réalité il n’était rien de plus qu’un simple général putschiste, un aviateur entraîné aux Etats-Unis et un fidèle serviteur de l’impérialisme, qui sut profiter de son mandat présidentiel pour s’emparer des ressources naturelles d’un pays qui agonisait dans la misère et pleurait ses morts écrasés sous la botte militaire.
(traduction:Emilie Beaudet)
jeudi 18 juin 2009
Demain j'arrête
De tout ça on a ri, beaucoup, énormément parfois; je me suis insurgée, énervée, rendue malade aussi (mais pas trop quand même, c'est mauvais pour la santé). Et surtout on a tissé des liens entre voisins de galère, de blog, l'union fait la force dit on.
mardi 16 juin 2009
Le silence du charango
jeudi 11 juin 2009
Internacional pays
mardi 9 juin 2009
Llallagua, une ville minière des Andes - Victor Montoya
Lorsque j’arrivai pour vivre à Llallagua, où tout n’est qu’entassements de pierres, je ne connus pas Patiño et ne vis rien de toutes ces richesses, distribuées entre les affamés de cette terre, à l’exception des machines modernes de son Entreprise, où les morceaux de minerai étaient triturés, avec la même intensité que l’on triturait les poumons des mineurs. A Llallagua il se passa la même chose qu’ailleurs : les uns semèrent le blé, les autres récoltèrent l’argent. Car le fait de vivre comme je vivais, dans une maison dépourvue d’électricité, d’eau potable, de cuisinière à gaz et de vitres aux fenêtres, m’amena à comprendre que la vie est comme un entonnoir : large pour certains et étroit pour d’autres.
Dans cette zone périphérique de Llallagua, où les maisons semblent être le prolongement naturel du sol, mon enfance se déroula sans autre consolation qu’une vie faite de rêves et d’espoirs. Je vécus comme vivent les habitants de l’altiplano, au milieu de montagnes escarpées, à quatre mille mètes au-dessus du niveau de la misère. Je savais, pourtant, que les célèbres mines de Siglo XX, qui se trouvent de l’autre côté de cette rivière, avaient abreuvé le monde de leurs richesses avec la pauvreté en échange.
Les mineurs - conscients du fait que l’étain, qu’ils extrayaient du ventre de la montagne où ils jetaient leurs poumons pétrifiés par la silicose, revenait à la nation transformé en armes et en argent dont les riches se servaient pour perpétrer des massacres et tramer des coups d’état – s’emparèrent du plus novateur de la doctrine révolutionnaire et se lancèrent dans la lutte pour de meilleures conditions de vie dans une attitude combative, que les pouvoirs de domination se chargèrent de mater et de noyer dans le sang. Il en fut ainsi depuis le massacre de Uncia en 1923, jusqu’au massacre de Saint Jean 1967 ; un événement tragique que je vécus de près et dont je conserve encore aujourd’hui un souvenir terrifiant. Tout cela eut lieu l’année même où explosait la guerrilla du Che à Ñancahuazu et où les sbires du gouvernement firent disparaître le dirigeant mineur Isaac Camacho, que je vis pour la dernière fois chez moi, enveloppé dans un manteau noir, une cigarette aux lèvres, quelques jours avant son arrestation et sa disparition.
Si l’on considère que l’environnement est décisif dans la formation du caractère de l’individu, alors il est logique de supposer que le mien ressemble à la topographie aride et rocailleuse de l’altiplano. Ce n’est pas un hasard si, enfant, tout en étant avec mes amis, j’étais persque toujours aussi grave qu’une statue; j’étais avare de mots et farouche avec les inconnus. Mais je ne cessai pour autant de jouer sur le terrain vague couvert de pierres, qui se trouvait entre les murs de fortune et la rivière, sur lequel nous jouions au football avec un ballon fait de chiffons, jusqu’à nous déchirer les pieds à force de trébucher sur les pierres. Le soir, réunis sur ce même terrain, nous nous racontions des histoires effrayantes et envoûtantes. Lorsque les plus petits rentraient se coucher, nous les grands, assis autour d’une lampe à acétylène, nous passions des contes de revenants aux contes roses, au milieu d’un chahut qui semblait résonner sur les bords de la rivière.
Parfois, rassemblés en une bande de gamins, nous nous affrontions dans une bagarre générale contre les enfants de la rue parallèle à la nôtre. Ceux de patacalle* nous attaquaient en faisant siffler leurs frondes dans l’air, tandis que nous, protégés par des boucliers en ferraille, en carton ou en bois, nous résistions à la charge sans autre arme que notre courage. Au bord de cette rivière donc, sèche en été et tumultueuse à la saison des pluies, il n’était pas rare de voir des enfants qui rentraient chez eux défigurés par un jet de pierre.
Dans cette localité, où les rues et les maisons ont été construites sans la précision des architectes, naquit le premier bastion du syndicalisme minier et c’est là que furent jetés les dés du sort économique du pays, jusqu’au lancement en 1985 par le gouvernement de Victor Paz Estenssoro du décret 21060, obligeant les familles de mineurs à se déplacer vers les villes en tant que « re-localisés ».
Llallagua cessa d’être « le laboratoire de la révolution bolivienne » et le Tio (divinité du bien et du mal, maître et seigneur des mineurs et des richesses minérales) resta abandonné dans les galeries. Pire encore, plusieurs de ces maisons, qui de loin ressemblent à un troupeau de lamas grimpant vers les sommets, cessèrent d’exister lorsque quelqu’un alluma une bougie auprès des caisses de dynamite entassées chez un commerçant. L’explosion, selon ce que me raconta un ami lors de son passage en Suède, eut des conséquences funestes ; les toits de calamine volèrent dans les airs et les murs revinrent à leur état naturel. Un fait invraisemblable que je refusai d’accepter, parce qu’au fond de moi j’avais la sensation qu’une partie de mon enfance était restée suspendue dans le vide.
Malgré tout, cette photographie, capturée par Michel Desjardins et publiée dans le livre « Bolivia, beskrivning av ett u-land » (Bolivie, description d’un pays sous-développé) de Sven Erik Östling, a été un motif suffisant pour réfléchir sur la tragédie de cette localité minière des Andes et pour me rappeler, avec une étrange sensation d’amour haine, la maison où se déroula mon enfance ; celle-là même que, par ces hasards du destin et à cause de cette maudite explosion de dynamite qui l’éparpilla sur la rivière, je ne reverrai plus et dont je ne foulerai plus jamais le sol pour le restant de mes jours.
Glossaire :
Patacalle : rue d’en haut
Re - localisés : ouvriers licenciés et jetés à la rue
Tio : divinité. Diable et dieu tutélaire qui vit à l’intérieur de la mine. Les mineurs le craignent et lui font des offrandes.
Les maisons sinistrées de Llallagua (février 2006)
(Photo:Luis CHUGAR)
vendredi 5 juin 2009
Anachronisme?
jeudi 4 juin 2009
mercredi 3 juin 2009
Les bons mots
Merci Mermet!