jeudi 31 janvier 2008

L'opposition tombe bien bas

On sait que les journaux boliviens, dans leur grande majorité, sont très orientés du côté de l'opposition au gouvernement de Evo Morales. On sait aussi que tous les prétextes sont bons, tous les coups sont permis pour décrédibiliser le pouvoir en place, jusqu'aux insultes racistes, j'en passe et des biens pires. Cette fois le dessinateur Javier -par ailleurs une personne fort respectable et sympathique et un très bon caricaturiste-, dans l'édito du journal Opinion qu'il illustre chaque jour par ses croquis acides et ironiques, va un peu loin dans la dénonciation.
Voici le dessin:

Le président Evo Morales, un serpentin autour du coup symbolisant la fête, affirme: "Les catastrophes naturelles et le carnaval ont la même valeur à mes yeux!"

Sous entendu, le président est ici pointé du doigt par Javier -qui n'est pas le seul à avoir cette opinion en ce moment- en ce qu'il encourage à faire la fête alors qu'une partie de la population se débat dans les inondations. Question: doit on arrêter de vivre, doit on pénaliser tout un pays, le faire sombrer dans la morosité, à cause des dégâts provoqués par le climat? Sans minimiser les désastres d'une météo capricieuse, il faut tout de même dire que le Carnaval est peut-être encore le moyen et le moment d'oublier ses malheurs. De plus, il ne faut pas oublier que les gens s'y préparent depuis un an et que les festivités sont aussi une manne financière étant donné le nombre de touristes qui y viennent, et même du monde entier. Dernière remarque: les boliviens ne sont pas du genre à se plaindre ni à pleurer sur leur sort. L'aide nationale et internationale arrive tant que faire se peut aux sinistrés. Pour le reste, laissons les boliviens oublier le temps d'une fête leurs soucis. Mais au fond, peut-être que l'opposition accuse Evo de ne pas être à la hauteur pour éviter qu'on la pointe du doigt? Car après tout, l'aide aux personnes en difficulté est l'affaire de tous. A la question "Que fait le gouvernement?" je répond par une autre: "Que fait l'opposition?"
D'ailleurs, une fois n'est pas coutume, le dessin du journal Los Tiempos fait lui le contrepoids à l'opinion représentée par Javier:

("C'est incoyable! Le pays est en train de se noyer, il y a des morts, les récoltes sont perdues et nous, on danse et vive le carnaval! -Quel rabat joie! -Ce type il est soit fou, soit de l'opposition.")

Et cette fois ce n'est pas moi qui le dis...

mercredi 30 janvier 2008

Jallupacha

Demain à Oruro ont lieu les célébrations de la seizième version de la Anata Andina (la fête de Carnaval en aymara) au cours desquelles les habitants vont rendre hommage à la Pachamama et lui adresser toute leur reconnaissance pour la production agricole qu'elle leur a permis de récolter. Différents groupes des communautés autochtones alentour seront présentes et parcoureront environ 3 km au son des rythmes et instruments traditionnels: pinkilladas, sikuris, pour marquer l'arrivée de Jallupacha -le temps des pluies en aymara-. Au cours des festivités on réalisera également une ch'alla à la Pachamama et aux Achachilas, c'est-à-dire une cérémonie en l'honneur de la Terre Mère et des Montagnes sacrées des environs. Le président Evo Morales doit également être présent demain à Oruro.

(Photo:Emi)

mardi 29 janvier 2008

Le climat se dérègle

En ce moment en Bolivie c'est le plein été et donc aussi la saison dite "humide", qui se caractérise d'habitude par de fortes averses et des températures plutôt élevées. A Cochabamba par exemple en février le mercure grimpe souvent aux alentours de 30 degrés, ce qui associé à l'humidité ambiante est parfois assez insupportable. Cette année pourtant le climat fait des siennes et se dérègle tant qu'il peut. Depuis plusieurs semaines déjà les inondations font rages et les dégâts se multiplient, le nombre de victimes augmente. Et voilà qu'hier j'apprends qu'en réalité à Cochabamba il ne fait pas une chaleur insoutenable mais qu'au contraire les sommets alentours sont recouverts d'une fine couche de neige! Il paraît que ces intempéries sont dues à la Niña, un phénomène climatique qui tire son nom de El Niño, autre dérèglement dont elle est totalement l'inverse. En effet, la Niña se caractérise par un refroidissement anormal des eaux des Océans qui provoque des dérèglements du climat.
En Bolivie donc les dégâts sont énormes et les journaux en font leurs gros titres chaque jour. Encore aujourd'hui sur le journal Los Tiempos de Cochabamba on peut lire:
"EN VARIAS PROVINCIAS DE COCHABAMBA LA NIÑA HACE ESTRAGOS CON CIENTOS DE HECTÁREAS DE CULTIVOS"
("Dans plusieurs provinces de Cocha. la Niña fait des dégâts sur des centaines d'hectares de cultures")
"DIEZ CASAS SE CAEN; PARED MATA A UNA NIÑA"
("Dix maisons tombent; un mur tue une petite fille")
Ou bien encore sur le journal Opinion de ce matin:
"EL MAL TIEMPO SE ENSAÑA CON UN BARRIO DEL SUR DE LA CIUDAD"
("Le mauvais temps s'acharne sur un quartier du sud de la ville")
On apprend qu'environ 150 familles de Alto Cochabamba sont actuellement sans toit et qu'on recherche encore les corps d'autres victimes, disparues dans l'effondrement de leurs maisons. La municipalité et le gouvernement font leur possible pour fournir les habitants sinistrés en nourriture -huile, farine, riz...- mais les météorologues se montrent encore plus pessimistes en ce qui concerne les jours à venir.
Voici quelques images parues dans différents articles du journal Los Tiempos relatifs aux inondations dans la région de Cochabamba et dans le Tropico. Pas besoin de commentaire, juste se poser la question que n'importe quel bolivien pourrait se poser: Mais qu'a-t-on donc fait à la Pachamama pour qu'elle se mette en colère de cette façon?












jeudi 24 janvier 2008

Que cherche-t-on quand on voyage?

Vaste sujet! Et les discussions n'en finissent pas, sont mêmes parfois houleuses et marquées par l'incompréhension.
Il en ressort que certains voyagent pour faire du tourisme: voir des ruines Incas ou le Salar de Uyuni en Bolivie en 4x4, Tiahuanacu, etc... en bref le plus de choses possibles pour après son retour en France raconter "Je suis allé là, là et là" comme on parle d'un tableau de chasse. Chacun sa façon de voir les choses et je le respecte, sauf que je ris doucement lorsque les gens ouvrent de grands yeux étonnées en m'entendant dire que non, je ne suis pas allée à Uyuni, ni au Lac Titicaca, ni au Machu Picchu, mais que je suis quand même restée un certain temps en Bolivie et que durant mes semaines passées dans la décharge de K'ara K'ara à Cochabamba j'ai sans doute vu plus de choses -en fait j'ai "rencontré" le pays- que eux qui ont fait un tour express de la Bolivie.
Deuxième catégories d'interlocuteurs sur ce sujet épineux: ceux qui ne comprennent absolument pas pourquoi on a besoin d'aller au bout du monde pour chercher le dépaysement alors qu'il suffit parfois d'aller à côté de chez soi pour ressentir le mal du pays. Alors ceux là je les arrête tout de suite, nous les voyageurs du bout du monde, ce n'est pas du tout ce qu'on cherche! Ceux qui partent pour le trouver, le dépaysement, sont en général intarissables sur les plats les plus exotiques qu'ils ont pu manger, les animaux et les coutumes bizarres -tout dans le même sac!- qu'ils ont aperçus. Alors ils s'étonnent aussi quand on leur dit que non, on n'a rien trouvé d'extraordinaire là-bas, que tout nous a semblé "normal" en fait... "Alors pourquoi t'es partie?"
J'oubliais, ceux qui voyagent par procuration: "une amie m'a raconté que...", "je sais comment c'est là-bas, parce j'ai entendu dire que...", "cette culture est difficile d'accès pour les étrangers: un ami y est allé et m'a dit que..." Bref, cette catégorie de gens voyage avec des rumeurs, et le jour où ils se déplacent vraiment, il y a de fortes chances pour que "ce-que-mon-ami-m'avait-raconté" s'avère exact puisqu'ils partent avec des préjugés tels qu'ils voient la réalité avec un filtre d'incompréhension pré-établi.
Alors, me direz-vous qu'est-ce qu'on cherche quand on voyage? Et bien, ce n'est pas facile à expliquer. Voici une phrase qui résume bien mon idée sur la question:


"Assez de voir des civilisations en boîte et de la culture sous serre. Mon musée à moi, ce sont les chemins, les hommes qui les empruntent, les places de village,et une soupe, attablé avec des inconnus". (Bernard Ollivier)


En bref, Bernard Ollivier -qui à la soixantaine a décidé d'un coup de tête de faire la route de la Soie à pied et donc sait de quoi il parle (il faut lire ses livres qui sont une merveille de récit de voyage comme on n'en fait plus, sans préjugés et les yeux grands ouverts)- peste contre les voyages par procuration, mais aussi contre ceux qui vous confinent dans un hôtel de luxe ou vous enferment dans un circuit tout planifié et pendant lesquels vous ne voyagez en fait pas: à la limite vous transportez votre mode de vie sous des climats plus agréables. Lui -et je partage son avis- pense que le voyage ce sont les chemins, les rencontres, et qu'il faut les vivre plutôt que de les décider à l'avance, qu'il faut se laisser envahir plutôt que de débarquer avec trente kilos de bagages -matériels et symboliques-. Alors quand on voyage qu'est-ce qu'on cherche? On se cherche peut-être soi-même, à travers les rencontres, à travers le contact avec l'Autre qui est souvent une révélation; la plupart du temps on ne cherche rien, on laisse faire la magie et les sensations nous envahir. En résumé on ne "voit" pas des curiosités, on sent une atmosphère; on ne "fait" pas un lieu touristique, on vit, un pays, un peuple, une terre. Et parfois au bout du monde on se reconnaît dans un lieu ou le sourire d'une vieille dame. Alors sans se revendiquer de tel ou tel endroit, on est simplement chez soi.

Photo: Luis CHUGAR

mercredi 23 janvier 2008

Message de l'Ambassade de Bolivie

Je vous fais suivre un mail que l'Ambassade de Bolivie m'a envoyé au sujet de la soirée du vendredi 25 janvier 2008:

A l’occasion du deuxième anniversaire de la
Révolution Démocratique et Culturelle bolivienne

L’Ambassade de Bolivie en France a l’honneur de vous inviter à la Commémoration des deux ans du Gouvernement, présidé par le frère et le camarade Evo Morales Ayma ainsi qu’à la projection du film documentaire.
ABYA YALA, NOUS APPARTIENT
de Patrick Vanier (52 min)
Le vendredi 25 janvier à 20h00 au Cinéma Le Latina,
placé sous les auspices de l’Union Latine

La projection de ce documentaire sera suivie d’une table ronde organisée en présence de plusieurs personnalités, telles que José Bové, Patrick Farbiaz (Les Verts), Mireille Mèndes-France, Obey Ament (PCF), Sophie Thonon Wessreid (FAL), Renée Le Mignon (MRAP), Michael Löwy (sous réserve).
Accès :
Cinéma Le Latina – 4 rue du Temple – Paris 4e
Métro ligne 1 : Hôtel de Ville
Entrée : 4 euros
Contact : 01 42 24 93 44

Avec le soutien de : AAW (Americains Against the War), Argentins à l'étranger, Cercle Bolivarien de Paris, CEDETIM, Conseil pro-bolivien, France Amérique Latine, France-Cuba, LCR, Les Alternatifs, Les Verts, MRAP, PCF, Parti Humaniste, Peuple et Culture, Racines Cubaines, UNIPOMA....
Voici le résumé du film, trouvé sur le net:
Abya Yala est le nom donné au continent américain par les ethnies Kuna de Panama et Colombie avant l’arrivée de Christophe Colomb. Ce nom signifie « terre dans sa pleine maturité». Depuis 1992 c’est aussi le nom que les nations indigènes d'Amérique ont choisi pour désigner l'Amérique au lieu de le nommer d'après Amerigo Vespucci.
Après 5 ans de mobilisations sociales intenses, L'élection d'Evo Morales en Bolivie cristallise l’espoir d’un peuple qui y voit la consécration de ses luttes. Lutte pour la récupération de la terre et du territoire, pour la défense des ressources naturelles, rejoignent l’affirmation d’une dignité qui met fin au « colonialisme interne », ennemi des peuples indigènes. La rencontre avec de nombreuses personnalités indigènes mais aussi des universitaires, des analystes de la situation bolivienne et des simples citoyens permettent de comprendre quels sont les principaux enjeux qui entourent l’arrivée au pouvoir du premier président indigène en Bolivie depuis la conquête espagnole.
Patrick VANIER est né en France. Il a travaillé durant 3 ans au Guatemala avec Xocomil Producciones, collaborant à la production et à la réalisation de documentaires sur les indigènes d’Amérique Centrale et sur des thèmes sociaux. Abya Yala es nuestra est sa première réalisation.
Voici en prime la bande annonce du documentaire trouvée sur You Tube et qui je crois donne un très bel aperçu de la réalisation de Patrick Vanier et du message qu'il a voulu faire passer. Il semble a priori être quelqu'un qui connaît bien son sujet car le peu d'images que nous voyons sur cette video sont un vrai témoignage de la réalité des faits en Bolivie. Par ailleurs, on ne se lasse pas de revoir le moment où Evo revêt l'écharpe présidentielle et l'immense émotion qui transparait sur son visage lors de cet instant dont tout un peuple avait rêvé pendant 5 siècles.

dimanche 20 janvier 2008

Le Carnaval commence!

Ca y est, le carnaval 2008 a déjà débuté en Bolivie, avec tout d'abord le Carnaval des Mineurs à qui a fait son entrée à Potosi. Encore une fois le syncrétisme était de mise hier dans les rues de la Ville Impériale où les reproductions miniatures des différentes églises de la ville se sont succédés, portées par les danseurs, lesquels ont également renouvelé leur dévotion à la Pachamama. Des explosions de dynamite se sont fait entendre sur les pentes du Cerro Rico pour célébrer les festivités. Mineurs avec leur boule de coca au creux de la joue et cholitas en costume traditionnels se sont montrés tout au long de la journée à Potosi, et les danses se sont enchainées: Tinkus traditionnels du Département, puis Morenadas, Caporales, Diabladas...
Le Carnaval 2008 est donc lancé, presque deux semaines de musiques, danses et autres réjouissances culinaires dont je vous tiendrai au courant tout au long de cette période!

mercredi 16 janvier 2008

Lire pour se défendre

Depuis le début de la campagne d'alphabétisation mise en route par le gouvernement de Evo Morales, 601 650 personnes ont appris à lire en Bolivie, c'est-à-dire 73% du total des personnes illéttrées que l'on avait pu recenser. 107 communes ont donc été déclarées "libres d'analphabétisme" au cours de l'année 2007, grâce à la création de plus de 23 000 centres d'alphabétisation dans le pays.
En Bolivie comme ailleurs, l'alphabétisation est le premier pas pour des populations jusque là tenues à l'écart vers une plus grande participation dans la société et la possibilité de connaître et de défendre ses droits.

lundi 14 janvier 2008

Solidarité aymara

Je viens de lire dans le journal bolivien Los Tiempos de Cochabamba d'aujourd'hui que dans le Sud du Pérou les aymaras commencent eux aussi à affirmer une conscience ethnique forte et proposent une gestion autonome de leur territoire qui unifirait également le Pérou et la Bolivie -les régions aymaras bien sûr. L'article souligne que ce mouvement a eu pour point de départ l'assassinat du maire de la commune de Ilave, et que l'election de Evo Morales à la Présidence bolivienne lui a donné un nouvel élan. Par la suite a été fondée l'Union des Municipalités Aymaras à laquelle prennent part des maires de la région de Puno ainsi que de la Bolivie. Ce discours ne fait finalement que réaffirmer les origines communes des populations des deux côtés du Lac Titicaca qui partagent une même langue, une même culture, les mêmes traditions. Osons espérer que les dérives, avec la solidarité ethnique qui se construit, ne se multiplient pas par deux...

samedi 12 janvier 2008

Les Argentins aiment la Bolivie

Voici deux liens vers deux chansons, deux magnifiques témoignages d'amour à la Bolivie. Le premier est celui du célèbre auteur argentin Leon Gieco, dont vous pouvez écouter l'hommage sur You tube en cliquant sur le lien suivant:

Emotion et sincérité pour ce texte chanté a capella par ce grand de la chanson latino-américaine.

Le second hommage est rendu par un autre auteur compositeur argentin, Piero. Il s'agit d'une chanson qui figure sur son dernier album et qui s'intitule "Bolivia es como un barco que sale al mar". En cliquant sur ce lien vous aterrissez sur son site:

Dans la rubrique "Descargas" vous pouvez télécharger le morceau en question.
Voici le texte en espagnol et la traduction en français que j'en ai fait, pour que chacun profite de la beauté de ce cri d'amour à la Bolivie. Je fais remarquer au passage que le texte, contrairement à la majorité des cas, ne perd rien à la traduction: il est simplement magnifique.

Bolivia es como un barco que sale al mar…

Habia una vez un pueblo maravilloso en este lugar
Las lunas entre los sueños los cuatro vientos la libertad
El sol besaba los cerros
El sol les daba calor
Habia una vez un pueblo y un ruiseñor

Amaban la Pachamama y ella les daba su bendicion
Unidos por la wiphala siete colores del corazon
Al cielo se agradecia
Habia prosperidad
La gente vivia tranquila en este lugar

Pero llegaron los barcos
Y nos llenaron de espejos
Nos maltrataron a todos
Mujeres, niños y viejos

Ya todos saben la historia
Con mucha pena y su gloria
Gente robandole a gente
No dejaron ni los dientes

Bolivia lucha, Bolivia siente
Bolivia sangra entre el oriente y el occidente
Bolivie sufre, Bolivia sabe
De como emigran cientos de miles a otros lugares

No seas ladron, no mientas, no seas flojo ni seas servil
Con luna de medianoche ch’allando coca vino y alcohol
La verdad de los ancestros
La fuerza de la raiz
Hay mucho que trabajar y reconstruir

Y siempre llegan señores
Que nos prometen mil cosas
Parecen ser de la pepsi
Nunca entendieron la coca

Ni dueños ni traficantes
Queremos socios y hermanos
Confianza desde nosotros
Arriba los bolivianos

Bolivia quiere, Bolivia canta
Bolivia piensa, siempre renace con la esperanza
Bolivia sabe que es trabajando
Bolivia sabe que este es el tiempo y ahora es cuando

Bolivia es como un barco que sale al mar…

(Photo Luis Chugar)



Il était une fois un peuple merveilleux à cet endroit
Les lunes entre les rêves les quatre vents la liberté
Le soleil embrassait les montagnes
Le soleil les réchauffait
Il était une fois un peuple et un rossignol

Ils aimaient la Pachamama et elle leur donnait sa bénédiction
Unis pour la Wiphala sept couleurs de leur cœur
On remerciait le ciel
Il y avait la prospérité
Les gens vivaient tranquilles à cet endroit

Mais les bateaux arrivèrent
On nous a fait miroiter plein de choses
Ils nous ont tous maltraités
Femmes, enfants et vieux

Tout le monde connaît l’histoire
Avec de grandes peines et sa gloire
Des gens qui en volent d’autres
Ils n’ont pas laissé de miettes

La Bolivia lutte, la Bolivie sent
La Bolivie saigne entre l’Orient et l’Occident
La Bolivie souffre, la Bolivie sait
Comment des centaines de milliers émigrent ailleurs

Ne sois pas voleur, ne mens pas, ne soit pas paresseux ni servile
Sous la lune de minuit ch’allar coca, vin et alcool
La vérité des ancêtres
La force des racines
Il y beaucoup à travailler et à reconstruire

Et toujours il arrivent des gens
Qui nous promettent mille choses
Ils ont l’air d’être de la Pepsi
Ils n’ont jamais compris la coca

Ni patrons ni trafiquants
Nous voulons des partenaires et des frères
Ayons confiance en nous
Vive les boliviens

La Bolivie aime, la Bolivie chante
La Bolivie pense, elle renaît toujours avec l’espoir
La Bolivie sait que c’est en travaillant
La Bolivie sait que c’est le moment , c’est maintenant ou jamais

La Bolivie est comme un bateau qui prend la mer…

lundi 7 janvier 2008

Pélerinages croisés

Arte vient de diffuser un bon, très bon reportage -c'est en série, comme toujours!- sur le Pélerinage de Qoyllur R'iti, près de Cuzco au Pérou. Sur ce glacier andin les Incas tenaient de grandes cérémonies. Aujourd'hui c'est un lieu de pélerinage catholique mais où se mêlent religion et croyances ancestrales. En regardant ce magnifique document où une foule d'hommes et de femmes marchent durant des jours pour rendre hommage à leurs dieux dans une ferveur immense, j'ai noté de nombreuses similitudes avec le pélerinage de Urkupiña à Cochabamba en Bolivie (voir mon article du mois d'août 2007).
Tout d'abord, la vente de miniatures de toutes sortes: diplômes, terrains et maisons, dollars, voitures... que les pélerins achètent et font bénir -ou bien le plus souvent ils font la q'oa, cérémonie à la Pachamama- afin d'exaucer leurs voeux les plus chers. Pétards et fumées d'encens sont également au rendez-vous. (Photo:Emi)
Le plus étonnant est sans doute la superposition des croyances. En effet, comme je l'ai souligné, Qoyllur R'iti était un lieu sacré au temps des Incas. Cependant il y a 200 ans, d'après la légende, une apparition divine aurait eu lieu sur cette même montagne, laissant son image gravée dans la pierre. La même histoire est racontée, presque mot pour mot, à Urkupiña.
Cette similitude est très étonnante, tout comme le fait que ces apparitions catholiques aient toujours lieux à des endroits stratégiques des cultures précoloniales... Toujours est il que l'on assiste à un syncrétisme, un mélange ou une superposition -le concept peut être discuté- de cultures, de croyances, de rites. A Qoyllur R'iti, les pélerins se rendent à pied jusqu'au sanctuaire où a soit disant eu lieu l'apparition et où durant 3 jours sont célébrées des messes non stop.
Ensuite, la tendance s'inverse puisque passé ce cap on entre dans le royaume des apus, les divinités de la montagne, les gardiens ancestraux. D'ailleurs, les seuls autorisés à fouler la glace sont les Ukukus, des hommes déguisés en ours et censés être les intermédiaires entre les humains et les dieux. Ils passent la nuit dans la neige, pratiquant des cérémonies secrètes auxquelles personne d'extérieur à leur groupe n'a jamais assisté. Ici le Dieu catholique s'eclipse au profit des forces de la Nature.
Arte, en plus de montrer un peuple rempli de ferveur et de croyances très fortes, nous fait partager la performance physique de cette ascension qui s'apparente à une randonnée de l'extrême. Soulignons tout d'abord que la marche dure trois jours, et que nous nous situons à une altitude qui culmine à 4700 mètres, à peu près le Mont Blanc (remarquons que ceci est l'altitude du sanctuaire, le sommet de la montagne se situant 2000 mètres plus haut, à plus de 6000 mètres d'altitude). L'oxigène se fait donc rare -ce qui n'empêche pas les pélerins d'entamer la monter d'un pas franc et rapide, ni les musiciens de jouer durant tout le trajet- et le soleil brûle les peaux. La nuit, le froid est extrême et chaque année plusieurs personnes meurent d'hypothermie, notamment parmi ceux qui dorment sur le glacier, les Ukukus.
Une épreuve physique et spirituelle donc, en quête de Qoyllur R'iti, l'étoile des neiges en quechua, une montée que l'on ne fait sûrement pas par hasard et dont on revient certainement différent.


Conférence à Paris

Conférence de David Choquehuanca Céspedes
Ministre des Affaires Etrangères et des Cultes de la République de Bolivie

Mercredi 9 janvier 2008 à 19 heures

Maison de l'Amérique Latine - Salon Brasilia

217 Boulevard Saint Germain75006 Paris

Metro : Rue du Bac

Entrée libre

L'Ambassade de Bolivie en France a l'honneur de vous convier à la conférence que donnera Son Excellence Monsieur David Choquehuanca Ministre des Affaires Etrangères et des Cultes de la République de Bolivie. Cette conférence aura pour sujet la nouvelle Constitution Politique de Bolivie, approuvée par l'Assemblée Constituante en décembre dernier et bientôt soumise à un référendum.

dimanche 6 janvier 2008

Suis-moi...

Arte diffuse le dimanche matin une série de reportages intitulée "Suis moi", plutôt réservée aux enfants mais très intéressante pour tous les publics. Dans ces documents, des enfants nés en Grande Bretagne reviennent pour un séjour dans le pays d'origine de leurs parents: l'Inde, l'Afrique, et ce matin, Maria revenait en Bolivie avec sa maman. Elle nous fait part de ses impressions sur ce pays qu'elle découvre. Le froid par exemple dans le village de Colomi, situé dans le Département de Cochabamba, à plus de 3300 mètres d'altitude. "Ici dit-elle, ce qui est bizarre c'est qu'il faut sortir dans la cour, dehors, pour aller d'une pièce à l'autre." La petite Lily, originaire du village, l'emmène donner à manger et à boire aux animaux. "Lily est très courageuse et très travailleuse", dit Maria. On voit dans la famille que la nourriture est celle typique de la région: riz, pommes de terre, viande.

Ensuite, Maria et sa Maman se rendent à Cochabamba où la douceur du climat les change du tout au tout. Elles déambulent dans les rues du centre ville où elles se font photographier sur la place 14 de Septiembre. "Ici -s'étonne Maria- il y a beaucoup de circulation, je ne pourrais pas vivre ici!" Les deux visiteuses montent ensuite en téléphérique jusqu'au Cristo de la Concordia d'où elles voient toute la ville. Pour terminer, nous les voyons se rendre au cimetière pour visiter les grands parents de Maria. "On lui met des fleurs, et un verre d'eau s'il a soif."

(Photo:Luis CHUGAR)

Ce concept, outre le fait que les images sont magnifiques et qu'elles font rêver, est très original et intéressant dans la mesure où il permet à des enfants d'immigrés de rencontrer leur culture d'origine. On sent qu'en repartant, les petits voyageurs en herbe reviennent sur leurs idées préconçues d'avant le séjour et se disent ravis d'avoir découvert de nouvelles façons de vivre. En somme, c'est tout petit que l'on apprend la tolérance!
(Si vous voulez bien démarrer votre dimanche matin, rediffusion de ce reportage en Bolivie sur Arte le 12 janvier à 9h)

samedi 5 janvier 2008

Le première q'oa de 2008

Ce vendredi, comme tous les premiers vendredi de chaque mois, les boliviens ont fait la q'oa, le rituel à la Pachamama. Cependant ce vendredi était particulier puisque c'était le premier de 2008. A Cochabamba par exemple ont eu lieu diverses manifestations: groupes traditionnels sur la place 14 de Septiembre, même chose sur le Cerro de San Pedro, sous le Cristo de la Concordia.

A Oruro, dans les mines, les mineurs ont réalisé une mesa pour demander au Tio -le Diable- de les protéger dans leur travail quotidien et de leur indiquer de nouveaux filons d'argent.

Plus généralement, dans de nombreux foyers boliviens, les familles ont fait la q'oa à la Pachamama pour solliciter sa protection en cette nouvelle année.

Va où ton coeur te porte

Susanna Tamaro, Va où ton coeur te porte, 1994.

En voilà un joli titre pour un joli roman. Une grand-mère, Olga, décide d'écrire des lettres à sa petite fille qu'elle a élevée mais qui, depuis deux mois et son départ aux Etats-Unis, ne lui a plus donné de nouvelles. Au fil des jours, les mots sortent, les souvenirs reviennent, heureux ou malheureux. Olga sent qu'elle est à la fin de sa vie. Elle a connu de grands drames, et surtout la mort de sa fille à l'âge de 30 ans. Elle a dû élever sa petite fille et les choses ne furent pas toujours simples. Alors la grand-mère se justifie, explique, se dévoile, pour qu'après sa mort, sa petite fille puisse la comprendre enfin, malgré la distance qui ces derniers temps s'est installée entre elles. Le style est simple, clair et cette véritable leçon de vie émeut et touche puisque cette histoire est aussi celle de tous, celle de nos erreurs, de nos faiblesses, de nos mensonges et de nos justifications, celle de la vie en somme.
"Ce matin, la rose m'a soufflé une idée. Ecris-lui une lettre, le récit de tes journées, qui continuera à lui tenir compagnie. Et me voici donc dans la cuisine, un de tes vieux cahiers devant moi, en train de mordiller mon stylo comme un enfant qui a du mal à faire ses devoirs. Un testament? Pas vraiment, plutôt quelque chose qui te suivra au fil des ans, que tu pourras lire chaque fois que tu éprouveras le besoin de me sentir près de toi. Ne crains rien, je ne veux ni pontifier ni t'attrister, juste bavarder un peu, avec l'intimité qui nous liait autrefois, et que nous avons perdue ces dernières années. Pour avoir vécu longtemps et avoir laissé derrière moi beaucoup de personnes, je sais désormais que les morts pèsent moins par leur absence que par ce qui -entre eux et nous- n'a pas été dit."

vendredi 4 janvier 2008

Paris-Dakar annulé

Le Paris-Dakar 2008 n'aura pas lieu "pour des raisons de sécurité". Certains détracteurs diront que c'est une bonne chose, que ça évitera aux motards de se tuer et aux véhicules fous de faire des dégâts dans les villages africains. Ils diront sans doute aussi qu'on se préoccupe beaucoup de la vie des pilotes et pas assez de celle des enfants renversés chaque année sur le parcours de la course, insinuant ainsi que les vies n'ont pas le même prix selon à qui elles appartiennent. Pensons quand même un peu aux amateurs qui avaient mis toutes leurs économies dans ce défi qu'ils s'étaient lancé, très déçus de ne pas mener à bien ce rêve de désert. Sincèrement, je ne sais pas vraiment de quel côté me placer, aussi pour une fois je ne donnerai pas mon avis (une fois n'est pas coutume, bien entendu!)