dimanche 27 avril 2008

Mais bien sûr...

A ce qu'il parait -vous ne le saviez pas?- que selon un éminent spécialiste le Département de Beni serait en réalité... l'Altlantide!! Rien que ça! On y croit tous très fort! La Media Luna ne sait plus que faire pour se revaloriser en attendant le référendum sur l'autonomie prévu le 4 mai. Mais comment le gouvernement de Evo Morales pourrait-il leur refuser quoi que ce soit puisqu'ils ne sont pas sortis d'ailleurs que de la cuisse de Jupiter? La stratégie de l'Atlantide ou comment détourner le centre culturel de la Bolivie des indiens des hauts plateaux vers une culture plus raffinée (la légende de l'Altlantide, mythe de la vieille Europe) que porteraient les habitants de l'Oriente bolivien et dont ils seraient par conséquent les héritiers... C'est un ingénieur bolivien, David Antelo, qui va présenter son livre -je vous le donne en mille, où?- à Santa Cruz (c'était facile à deviner), ouvrage qui s'intitule "La Conspiracion atlante". Vous avez dit conspiration?... En tout cas, et jusqu'à preuve du contraire, manipulation certainement! (ridiculisation peut-être aussi?...)

samedi 26 avril 2008

Conduire à la campagne

A vous qui croyez que parce que vous conduisez sur le périphérique à Paris ou que vous passer la place de la Concorde sans encombres, vous êtes un as du volant; à vous encore qui pensez qu'étant parisien vous êtes paré à toutes les difficultés sur la route et ne comprenez pas qu'on vous klaxonne lorsque vous arrivez en province. Détrompez-vous! Car la conduite à la campagne est un dur parcours semé d'embuches et obéit à un code très précis. Vous ne savez pas tout! Voici quelques explications qui devraient vous servir lors d'une prochaine escapade dans la brousse française:
1° Le dépassement:
Conduire à la campagne c'est d'abord oublier qu'on est pressé. Ici le temps ne compte pas, les limitations de vitesse sont allègrement dépassées -mais dans le sens inverse. Parce que les bouseux sur une nationale ne roulent souvent qu'à 75 à l'heure, c'est très énervant je sais, ça donne envie de doubler mais non! Malheureux!!! Surtout pas! Si vous vous lancez dans un dépassement hasardeux, le kakou du coin, sa dulcinée trop maquillée et admirative à côté de lui, au volant de sa Renault 19 Tunning, risque de vous faire un appel de phares, ou pire, d'accélérer juste au moment ou vous vous trouvez à sa hauteur et qu'une voiture arrive en face.
Moralité: à la campagne, choisissez qui vous doublez!
2° Les entrées de champ:
Les entrées de champ sont des lieux mystérieux, pleins de surprises... Imaginez un peu. Le papy à casquette et Renault 11 d'époque roule paisiblement sur la Départementale défoncée et sans marquage, lorsque, sur un coup de tête (enfin c'est ce que vous croyez parce lui dès le départ est bien programmé pour aller là où il va, même si le papy à casquette est sournois et ne vous l'indique pas) il ralentit, ralentit de plus en plus... mais que va-t-il donc faire? Il vous laisse passer, brave pépé! Non!!! Ne vous y fiez pas et surtout ne faites rien! Papy tourne d'un coup dans le champ à la gauche de la route.
Moralité: se méfier du comportement hasardeux du papy à casquette dans les champs.
3° Le clignotant:
A bouseux-land, l'usage du clignotant est quelque peu novateur, surtout farfelu. Reprenons notre Départementale pleine de mottes de terre et de nids de poule. Vous arrivez à vive allure lorsqu'un papy à casquette -un autre: c'est une espèce en voie de multiplication dans ces zones reculées- se présente devant vous. Personne en face. Coup de chance, papy met son clignotant à droite: vous allez pouvoir le doubler puisqu'il tourne. Inconscient!! Ne faites jamais une chose pareille sans réfléchir!! Un conseil pratique: lorsque papy met son clignotant à droite, toujours regarder si par hasard le côté gauche de la route n'est pas plus accueillant. Problème cérébral d'orientation me direz vous, si papy met son clignotant à droite pour tourner à gauche c'est qu'il a un léger problème. Pas du tout!! Vous n'y êtes pas! Papy est en fait en train de vous indiquer qu'il va prendre son élan vers la droite pour ensuite éventuellement tourner à gauche.
Moralité: méfiez vous des apparences souvent trompeuses.
4° LE jour à éviter:
S'il y a bien un moment, un jour de l'année où il ne faut pas s'aventurer dans ces contrées de la cambrousse profonde, c'est bien pour la Toussaint, car toutes les difficultés de circulation s'additionnent alors. Papy (qui pour l'occasion a mis un chapeau) emmène Germaine au cimetière! Et c'est souvent la seule sortie de l'année alors attention les yeux. Vitesse de croisière constante: 60 à l'heure sur route, en ville, pour griller les stop. Décisions sublites de tourner à droite ou à gauche sans prévenir (c'est qu'en un an on l'oublie, la route du cimetière). Clignotant capricieux, mais cette fois vous n'avez plus aucune excuse puisque vous êtes entrainés.
5° Exercice pratique:
Un papy à casquette en Renault 11 bordeaux vous précède sur la route. (Présision: Odette est à ses côtés, papy porte aujourd'hui un chapeau et nous sommes le 1er novembre). Le véhicule ralentit de plus en plus et met son clignotant à DROITE. Que faites vous?
-Réponse A: Vous doublez sur les pointillés en vous étant assuré qu'il n'y a personne en face, en ayant regardé dans vos rétroviseurs et en vous rabattant avant la ligne continue, tout en respectant la limitation de vitesse.
-Réponse B: Vous allez boire un petit blanc au café du coin (qui se trouve aussi à droite) et y attendez papy pour trinquer.
-Réponse C: Vous le doublez par la droite sur le bas côté.
Solution: Vous avez répondu le C!! Mais non vous n'êtes pas fou, c'est la bonne réponse! Papy met son clignotant à droite et vous le doublez par la droite, tout est normal. Bien joué: vous avez tourné la tête légèrement à gauche et avez remarqué que là se trouve l'entrée du cimetière. De plus, papy et Odette ont leurs habits du dimanche, c'était forcément leur destination. Ceux qui ont répondu le B n'ont sans doute pas pensé que si Odette est dans le véhicule, papy ne viendrait pas au café boire son petit blanc. Quant à ceux qui ont répondu le A... que dire... repassez le permis de conduire!
Bonne route à bouseux-land!

jeudi 24 avril 2008

Rendez-vous de printemps

Rendez-vous samedi pour ceux qui ont envie de célébrer l'arrivée du printemps comme il se doit, à la bolivienne avec chants, danses et nourritures terrestres à volonté.

lundi 21 avril 2008

Les montagnards de la nuit

Les montagnards de la nuit, Frison Roche, 1968.
Nous sommes en 1943 en Savoie et Haute-Savoie, dans des villages et des vallées dont les noms nous rappellent beaucoup ceux que nous connaissons bien. Encore un livre sur la guerre? Pas vraiment. Nous nous trouvons là à une période charnière dans la région et dans l'histoire en général, celle de la réactivation du maquis et de la résistance qui après 1940 avait été pratiquement neutralisée en Savoie. En 1943 donc les hommes se regroupent et les réseaux se reforment, plus organisés cette fois, encore plus décidés aussi à mener la bataille jusqu'au bout, celle qui les mènera à la libération. Peu importe de quelle tendance politique ils sont et quelles convictions profondes ils cultivent: une seule chose suffit à les rassembler, le désir de liberté, l'amour de leur terre et le courage qui les amène à se surpasser quels que soient les dangers et les risques à prendre.
Dans ce magnifique roman, Frison Roche ne nous décrit pas les horreurs de la guerre. Il nous présente plutôt ceux qui la font, ceux qui la vivent, à travers des portraits d'hommes et de femmes qui à leur manière se montrent héroïques. Une oeuvre particulièrement humaine donc, dans un contexte qui au fil des mois le devient de moins en moins, la répression s'accentuant et l'étau se reserrant sur le maquis savoyard. Alors que les Glières sont tombées et que le Vercors est en passe d'être neutralisé, ce côté ci des Aravis résiste encore tant qu'il peut.
Ces montagnards de la nuit nous font surtout découvrir ou redécouvrir des paysages bien connus -mais que nous regardons sous un autre jour- et surtout l'expression de la solidarité sans concession qui peut exister entre les hommes lorsque les circonstances deviennent dramatiques et l'exigent. Après cette lecture nous voilà donc encore une fois plus humbles face à l'Histoire, ayant compris, en lisant entre les lignes les doutes et les peurs des personnages, qu'avant de juger il est une question essentielle à se poser et à laquelle pourtant nous ne pouvons ni ne devons répondre: et nous, qu'aurions nous fait?

jeudi 17 avril 2008

Fromage party

Non, ce n'est pas un gros rhume qui aura raison de ma bonne humeur et de mon estomac, l'un n'allant pas sans l'autre... Pour me soigner, mieux que des médicaments, j'ai trouvé par hasard à Paris une très bonne adresse où j'ai pu déguster (bien qu'à l'heure espagnole...) une superbe tartiflette et un petit verre d'Apremont. Le resto s'appelle (et ça ne s'invente pas!):


ASSIETTE AUX FROMAGES
Spécialités Savoyardes
25 rue Moufetard
75005 Paris


Une charmante vache vous accueille à l'entrée (pas la serveuse, soyons clairs, une vache en miniature! Je regrette juste, sans oser faire preuve de racisme, qu'elle soit de type hollandais...). Le décor est tout en bois clair, très chaleureux tout en étant léger et agréable, et la carte propose toute une série de plats à base de fromage bien sûr. J'ai donc testé pour vous la tartiflette (étant depuis toutes ces années un peu LA spécialiste du genre, je l'avoue) qui est délicieuse, avec tout ce qu'il faut de fromage et de crème mais en quantité raisonnable ce qui fait qu'on l'apprécie d'autant plus. Le service est parfait, discret et soigné. Bref je vous recommande cette adresse située dans un quartier agréable, idéale avant d'aller, par exemple, voir une exposition à l'Institut du Monde Arabe qui se trouve non loin de là (je sais, ça n'a rien à voir mais il faut avoir l'esprit large!)


(Photo:emi)

En cadeau une petite joubarbe des Glières (près du Petit Bornand en Haute Savoie) pour remercier mes lecteurs de leurs commentaires et de leurs mails qui me vont droit au coeur. J'essaierai d'en être digne en n'écrivant pas que des bêtises, c'est promis!

mardi 15 avril 2008

Evo à la loupe

La Bolivie vue par un Bolivien, rien de mieux pour se rendre compte de la situation réelle là-bas, sans partie pris puisque je ne ferai que retranscrire, en tentant de ne pas les modifier, les paroles et les rélféxions d'un célèbre musicien, A.C.:
Depuis l'election de Evo Morales à la tête de la Bolivie, ses compatriotes ne l'ont pas épargné. L'opposition bien sûr, les médias qu'elle contrôle ou manipule, mais aussi les boliviens eux-mêmes. En effet, la population attendait beaucoup du premier président indigène et pensait qu'il allait apporter une solution rapide à tous leurs problèmes. Le souci justement, c'est que des structures socio culturelles et socio économiques de la sorte, basées sur des relations de dominant/dominé, pouvoir/exclusion telles que les connaît la Bolivie, ne peuvent être modifiées en quelques mois lorsqu'on sait qu'elles perdurent depuis des siècles, en fait depuis la conquête espagnole et la colonisation. Si de nombreux boliviens se plaignent, c'est qu'ils ne se rendent pas compte de ce que Evo fait malgré tout, soit parce que la presse les désinforme et qu'ils ne vont pas chercher plus loin que les informations qu'on veut bien leur donner, soit parce que la mémoire leur fait défaut. Comment expliquer autrement en effet que par une amnésie collective chronique la réélection de Banzer dans les années 90 après la dictature sanglante dont il avait été le maître jusqu'en 1978? D'ailleurs si Goni (Gonzalo Sanchez de Lozada) avait été plus jeune au moment des dernières élections, il est fort possible qu'il ait également pu revenir au pouvoir.
Il est malgré tout important de ne pas généraliser, car malgré ce que l'on peut être amené à penser, la majorité des boliviens soutiennent Evo. Nous ne parlons pas forcément des mineurs qui se trouvent en ce moment pris dans d'autres problèmes (processus de re-nationalisation des mines, conflits avec les coopératives minières pour l'attribution des différentes concessions) mais plutôt et surtout des paysans qui sont une majorité et prennent conscience de leurs droits et du rôle qu'ils ont à jouer. Par ailleurs, une bonne partie des intellectuels soutient également le Président, se tenant prêts à mener à bien une revalorisation de la culture qui viendrait en appui à l'action de Evo. Ce sont dans ce cas des gens qui ont étudié et qui ont donc le recul nécessaire pour réfléchir avant de s'exprimer sur tel ou tel sujet et avant de se lancer dans l'action. Mais ces mêmes personnes sont aussi pour beaucoup issues des couches populaires, souvent d'origine indigène, et dont l'expérience de vie parfois difficile, souvent de l'ordre du combat pour s'imposer, leur a forgé un caractère propre à ne pas renoncer et à agir avec détermination.
Quant à l'opposition politique, elle n'est plus en réalité qu'une minorité. Cela s'est vu lors des différentes grèves ou manifestations où les effectifs contestataires étaient de moins en moins nombreux -malgré les images diffusées par la télévision, souvent trompeuses car ne montrant que des plans rapprochés, jamais de plans larges des rassemblements de l'opposition-. Les Départements de la Media Luna et les Comités Civicos sont donc appelés à posséder de moins en moins de moyens de pression sur le gouvernement de Evo Morales, et surtout à réduire pratiquement à néant leurs méthodes répressives envers les tentatives d'expression des paysans indigènes dont ils usaient souvent -rappelons simplement que lors de la fameuse affaire du 11 janvier 2007, ce sont les grands entrepreneurs eux-mêmes de la zone Sud de Cochabamba (en réalité les quartiers riches) qui avaient payé et armé des gens pour mater les manifestations contre le préfet Manfred Reyes Villa.
Il faut reconnaitre malgré tout, pour une analyse complète de la situation, que Evo Morales a lui aussi quelques torts. D'abord, ne voulant pas reproduire le schéma autoritaire des gouvernements précédents, il a beaucoup compté sur la consultation et la recherche du concensus, ce qui a plus constitué un obstacle au changement et à l'application rapide des réformes à entreprendre. Par ailleurs, certaines personnes de son entourage n'étaient peut-être -et ce contrairement à Evo- pas sufisamment préparées à leur rôle important au sein du gouvernement, certains manquant parfois de tact et ayant ainsi provoqué des scandales que la presse a largement relayé et amplifié. Malgré tout nous le répétons, Evo ne tombera pas, car une grande partie de la population le soutient.

TINKU - Japhy Pinguino ( PATRIMONIO DE BOLIVIA)

Vous vouliez apprendre à danser le tinku? Rien de plus simple, regardez ce cours de danse en règles, c'est exactement ça! (avis à Sagarnaga...!)

dimanche 13 avril 2008

Encore de la pub!

Comme je vous le disais le Festival de Charango s'exporte, à Dijon le vendredi 18 avril et à Genève le samedi 19 avril. Voici les affiches, pour vous motiver!
J'encourage les voisins et les frontaliers (Genève, par l'autoroute c'est la porte à côté pour les savoyards!) à aller voir les artistes sur scène, parce que You tube et les disques c'est bien joli mais on ne ressent pas toutes les vibrations comme lorsque l'artiste est en face de nous. C'est aussi l'occasion de les rencontrer et de discuter avec eux. Profitez-en, ce n'est pas tous les jours que tant de maestros sont réunis sur une seule scène!

samedi 12 avril 2008

Juste après

Si le concert était fini à l'UNESCO, ce n'était en fait que le début de la soirée -qui s'est terminée à l'heure où d'autres se lèvent, à l'heure où Paris s'éveille...- Tous les musiciens et quelques proches se sont retrouvés à Paris dans un restaurant bolivien (150 bd Voltaire dans le 11ème) pour manger, parler, jouer, chanter, partager surtout. Peu à peu les langues se sont déliées, avec la convivialité et l'enthousiasme d'un spectacle réussi (félicitations à notre indétrônable organisateur Pedro Condori pour son travail exceptionnel), et l'atmosphère s'est transformée en peña, tous rassemblés autour d'une même table pour jouer et chanter l'un après l'autre comme un tour d'honneur, et goûter encore le plaisir d'être ensemble. Certains ont chanté, d'autres ont dansé ou applaudi, mais dans quelque mesure qu'on ait manifesté sa présence tout le monde allait dans la même direction, vers l'union et la fraternité. Et ce ne sont pas que des belles paroles, car ce sentiment de se trouver en famille était palpable, concret, vivant et planant au dessus des têtes embrumées d'alcool et de joie. Je n'irai pas plus loin dans les détails puisque chacun a pu en ressortir des choses très personnelles à travers ce qu'il a vu et entendu, à travers les conversations plus intimes qui ont pu aussi être entamées à une table ou une autre: des déclarations d'amitiés, des regards et des sourires pleins d'étoiles, des invitations à se sentir frères. Tout ce que je peux dire c'est que ma famille s'est encore agrandie ce soir, et plus qu'une famille de coeur c'est une famille aux racines fortes et qui malgré la distance, le temps et la vie restent bien ancrées dans la terre de Bolivie. Gracias a mis hermanos por haber un dia cruzado mi camino.

Festival du charango

Depuis le temps qu'on en parlait ça y est, c'est fait, c'est déjà fini. Le premier festival du charango à Paris à l'UNESCO c'était hier et on s'en souviendra longtemps. Tout à commencé par une inauguration officielle avec un discours de l'ambassadrice de Bolivie en France, madame Luzmila Carpio qui a insisté sur la paternité du charango mais aussi sur le fait que cet instrument n'a pas de frontières, une manière de rendre hommage à tous les artistes qui continuent d'en faire la promotion à travers le monde. Puis c'est le délégué bolivien aupès de l'UNESCO qui a pris la parole avec une très belle intervention qui de manière très poétique a également défendu la culture de son pays. Finalement, le président de la Société Bolivienne du Charango, Alferdo Coca, nous a fait part de son combat pour la sauvegarde de son patrimoine musical.
Et c'est alors qu'a commencé le spectacle, deux heures au cours desquelles le charango a été mis magnifiquement en valeur par les artistes qui se sont succédés sur scène. Ce fut d'abord Luzmila Carpio, à la voix toujours troublante. Une grande femme qui dégage une énorme émotion ne serait-ce que par sa présence. Julio Arguedas, deuxième intervenant, l'un des fondateurs du célèbre groupe Bolivia Manta, accompagné du très bon guitariste équatorien William Farinango, avec des morceaux auxquels il a su comme à son habitude transmettre toute sa personnalité. José Mendoza qui a revisité avec talent le répertoire de Alfredo Dominguez. Basilio Huarachi est venue ensuite donner d'autres couleurs au charango. Federico Tarazona, virtuose péruvien, nous a fait valser avec précision et application. Antonio Pérez a quant à lui apporté sur la scène de l'UNESCO un aperçu de sa musique fusion, fruit du mariage de l'instrument traditionnel avec ses inspirations plus modernes mais toujours justes. Petit détour par la musique de Potosi avec Florindo Alvis qui a été le premier à faire danser et chanter le public, preuve que la convivialité n'a pas de frontières. Enfin, le maestro, le maître du charango, Alfredo Coca, a fait vibré et vivre son instrument frère avec des mélodies qui ont inondé la salle par leur profondeur et toute la tendresse qu'elle contenaient. Alfredo Coca, artiste virtuose mais qui donne chaque fois qu'il joue toute son énergie et tout son être à la musique et à ses spectateurs. Son seul et grand regret ce soir: "Que la salle soit en réalité remplie à 80 pour cent de français. Je sui déçu que si peu de boliviens soient venus à cet événement qui défendait pourtant notre culture. Il est triste que la communauté bolivienne à Paris se sente aussi peu concernée par leur patrimoine qu'il est cependant impératif de défendre et de protéger avec conviction et par l'union de tous."
Malgré tout tous les musiciens sont ressortis enchantés de leur soirée, qui s'est terminée sur scène par un tinku en règle, commun, chacun donnant de la voix et du charango avec un immense respect pour l'autre, toujours dans le souci de le mettre en valeur. En guise de conclusion plus personnelle, j'appuierai les paroles de Alfredo Coca en criant haut et fort que la culture bolivienne est magnifique, que les boliviens la protègent donc avec sincérité en oubliant leurs divisions, car c'est une richesse inestimable. Rijch'ariy hermanos!
Pour ceux qui sont dans la région de Dijon, un spectacle du même type, avec en partie les mêmes artistes et surtout Alfredo Coca aura lieu vendredi 18 avril à 20h30 à l'Hôtel Maleteste. Réservations au: 03 80 30 47 11)

mercredi 9 avril 2008

Je l'avais bien dit!

Le petit avion blanc est reparti vers l'Europe. Il ne fallait pas trop rêver, Sarkozy a voulu se prendre un instant pour Superman, potentiel sauveur d'Ingrid Bétancourt, mais la "mission humanitaro-médiatique" a échoué. En réalité les FARC lui ont gentiment ri au nez, le qualifiant de "naïf", et ajoutant qu'ils ne cèderaient pas à la pression. Comme le disait aujourd'hui un politologue dont j'ai oublié le nom -en ces jours de creuse-cervelle je ne peux pas penser à tout!- une opération de la sorte aurait dû être menée avec une grande discrétion. Le seul problème c'est que, comme je le disais dans un précédent article, chacun veut tenter de se tailler sa part de gloire dans la libération des otages, Sarkozy compris. Cependant les choses ne sont pas si simples, voir même la sur-médiatisation est une entrave pour Ingrid qui prend alors une importance énorme aux yeux des FARC, une sorte de monnaie de négociation-chantage au prix inestimable (et ça je l'avais dit aussi!). Mais reprenons: ce que veulent les guerrilleros ce sont essentiellement deux choses. Premièrement, la démilitarisation d'une zone de la forêt; deuxièmement, la libération de leurs prisonniers retenus par l'Etat colombien dans les prisons de Bogota, en fait un échange de marchandise. Seulement comme d'habitude c'est le président colombien Uribe qui met les obstacles en refusant toute démilitarisation et en ignorant superbement la demande d'échange de prisonniers. Notre ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner quant à lui, tente d'atténuer cette hyper-communication au sujet de l'avion sanitaire en disant que finalement, Ingrid ne serait peut-être pas si malade que ce que l'on disait il y a quelques temps (entre parenthèse on aimerait malgré tout y croire): trop tard, le mal est fait, et c'est encore un fiasco, un échec retentissant pour notre diplomatie people qui ne sait plus quoi faire pour libérer Ingrid de la manière la plus ostentatoire possible. Le temps passe, les otages attendent, et Chavez dans tout ça?...

Petites annonces

Je sors de ma bulle-concours (courage, plus qu'un jour) pour deux petites annonces dont un rappel:
Demain 10 avril 2008:
A la Maison de l'Amérique Latine
217 bd Saint Germain
Paris 7ème
Entrée Gratuite
Présentation du premier Festival de charango avec la participation des charanguistes José Mendoza, Florindo Alvis, Antonio Pérez (Bolivie), Alfredo Coca (Président de la Fédération de charango de Bolivie) et Federico Tarazona (Pérou).
Le charango est directement issu de la vihuela et de la guitare baroque espagnole comme le rappelle son « accordature » très particulière. Rappelons que Potosi était au XVIe siècle, la ville la plus peuplée et le plus grand complexe industriel du monde grâce à “sumaj orko”, la montagne d'argent. Les Amérindiens adaptèrent l'instrument espagnol et créèrent leur propre musique. De là vient le charango, hispanisation du vocable quechua “ch'ajranku”, du verbe quechua “ch'ajray” qui signifie gratter.

Vendredi 11 avril 2008:
A l'UNESCO
125 av de Suffren
Paris 7ème

Voilà, à vendredi pour ceux qui y seront! (moi j'y serai, je n'ai pas encore de place mais bon, je vais commencer à y penser... lenteur bolivienne...)

jeudi 3 avril 2008

Mise en oreille

Le 6 avril on célèbre en Bolivie le Jour International du Charango, organisé par la Sociedad Boliviana del Charango. Des représentations vont avoir lieu, notamment au théâtre Acha de Cochabamba où les meilleurs charanguistas du pays seront réunis pour un concert exceptionnel: Bonny Alberto Teran, Ernesto Cavour, Alfredo Coca, Saul Callejas et d'autres encore.
(Centellas, Cavour et Coca à l'époque de la création de la Société Bolivienne du Charango)
Dans le journal Opinion d'aujourd'hui, Cavour s'exprime dans une interview sur son instrument fétiche. En voici quelques extraits que j'ai traduit pour vous:
A propos des origines du charango:
"Le père du charango est la vihuela espagnole, qui est entrée en Amérique avec la Conquête et s'est répandue dans les territoires colonisés. Le charango a des frères qui lui ressemblent beaucoup, comme les petites guitares qui existent au Mexique, à Puerto Rico. C'est en Bolivie que nait le charango, et selon la documentation existante, à Potosi, ville qui durant la Colonisation était le centre commercial le plus grand du monde. Potosi était une ville plus importante que Paris, Londres, Seville ou Buenos Aires, car y arrivaient, attirés par la richesse, de nombreux aventuriers à la recherche d'argent et de gloire. Beaucoup d'artistes vinrent également, des musiciens et d'habiles artisans. (...) C'est à Potosi que les muletiers boliviens inventèrent le charango, comme instrument léger, bon marché et portable, qui arrivait avec la marchandise jusqu'à Huancavelica, au Pérou."
A propos des projets pour le charango:
"J'ai un musée de plus de deux mille instruments musicaux dans la rue Jaen à la Paz, et je voudrais maintenant faire un musée vivant du charango. Nous avons déjà la salle du charango, mais je veux l'agrandir, (...) y exposer les biographies et les instruments de plusieurs maîtres. Je continuerai toujours mes recherches, même si c'est un travail long et fatigant, étant donné qu'il faut remonter au XVIème siècle. "
Chez nous cet événement sera célébré comme il se doit à Paris, à l'UNESCO le 11 avril, avec la venue de Alfredo Coca, comme les amateurs savent déjà.