samedi 18 avril 2009

CANTO POPULAR

Le magnifique concert de
CANTO POPULAR
d'août 2007 au Théâtre Acha de Cochabamba enfin en CD et DVD!

Julio César Ocampo, Julio Alberto Mercado, Ramiro Ocampo, Jorge Canedo Mendoza, Gonzalo Fuentes Berríos, Luis Chugar Panozo "el Pisko", Bruno Ocampo, Luis Mercado Urquieta et Marco Labayen avaient joint leurs immenses talents pour nous proposer ce soir là un spectacle inoubliable et fort qu'ils avaient choisi d'intituler

"Reencuentro por la paz y la esperanza"

Canto Popular, groupe phare de la « canción social » bolivienne et latino américaine des années 70 à 90, accompagné lors de ce magnifique concert par l’Orchestre Symphonique et les danseurs du Collège de Musique Eduardo Laredo de Cochabamba, avait interprété les plus grands titres de son répertoire.


Comme on n'a pas le droit de faire de commerce sur le blog je vous dis juste de faire passer le message autour de vous et de me contacter par mail si vous êtes intéressés.

Soyez nombreux à soutenir les artistes et à valoriser leur travail !

Festival du charango, le retour!

Comme d'habitude, venez nombreux, faites passer le message, etc, etc!!
Rien qu'à lire les noms sur l'affiche ça devrait suffire à vous faire déplacer!

vendredi 17 avril 2009

Les suisses du paraguay

J'adore TV5 Monde, j'adore vraiment. On y voit de supers reportages. Ce matin je suis restée une heure (c'est un record de concentration, mon maximum étant d'habitude de 20 minutes, un peu comme mes élèves...) à regarder un sujet sur les suisses du Paraguay. Pas des nazis planqués en Amérique du Sud, non, des sympas, des normaux! J'explique.
Dans les années 20 le monde connaît une crise sans précédent et en Suisse aussi on en souffre. Certains commencent à prendre la poudre d'escampette à la recherche d'un coin de ciel bleu où ils pourraient faire vivre convenablement leur famille. De plus en plus de suisses s'envolent vers l'Amérique du Sud et le petit pays alpin pousse même ses enfants à s'expatrier étant donné l'ampleur de la crise. Au Paraguay, 4 générations plus tard, des patronymes suisses sont toujours présents, portés par des blonds, avec le passeport helvétique. Ou pas. Et là se pose le problème. Parce que tous les descendants des premiers immigrés alpins ne possèdent pas la nationalité suisse et ne peuvent donc pas se rendre dans le pays de leurs ancêtres. Le problème c'est que le Paraguay d'aujourd'hui est économiquement aussi mal en point que la Suisse des années 20 et que de nombreux paraguayens d'origine suisse veulent retourner dans leur pays d'origine pour y trouver un travail et assurer un meilleur avenir à leurs enfants. Ceux qui ont la double nationalité franchissent le pas sans problème. Pour les autres qui malgré leur ascendance n'ont pas la chance d'avoir les papiers, c'est le même refrain que partout en Amérique Latine en ce moment: papa et maman travaillent clandestinement en Espagne, papy et mamie élèvent leurs petits enfants restés au pays. Cependant les choses se corsent lorsque dans une même famille, tous les enfants ne sont pas logés à la même enseigne suivant s'ils sont nés avant ou après telle ou telle loi qui assouplissait ou durcissait les formalités d'immigration en Suisse. Certains pourront partir, d'autres seront condamnés à rester au Paraguay. Et puis les autorités helvétiques tentent de plus en plus de dissuader les flots d'immigrants potentiels. Aujourd'hui on demande aux suisses du Paraguay et d'ailleurs en Amérique Latine d'effectuer plusieurs voyages sur place avant de prétendre à une installation définitive. La sélection par l'argent, très efficace quand on sait ce que coûte un billet d'avion pour l'Europe. Une dernière chose. Ce qui m'a vraiment frappée dans ce reportage c'est l'attachement des suisses du Paraguay à la terre de leurs ancêtres, cet acharnement à vouloir y retourner, la permanence de ce sentiment d'être des exilés quatre générations plus tard, et cette affirmation aveugle de leur appartenance à une culture qu'ils ne connaissent que par transmission familiale, de génération en génération, mais dans laquelle ils n'ont jamais vécu, cette certitude de pouvoir s'intégrer dans un pays qui ne les reconnaitra pas forcément comme siens. Etonnant...

jeudi 16 avril 2009

Ventre à louer

Moins cher, plus rapide que l'adoption. C'est l'argument qu'avancent les "parents" que le reportage d'Envoyé Spécial vient de présenter, des "parents" qui viennent en Inde louer le ventre d'une mère porteuse pour satisfaire leur désir d'enfant, un enfant "de leur sang". Mais je mets le mot parents entre guillemets. Cet enfant, sera-t-il le leur? Le contrat signé entre eux et la mère porteuse le dit bien: celle-ci renonce à tous ces droits sur le nouveau né. Pourtant, elle l'a porté pendant 9 mois, et sur le visage de ces femmes on ressent bien la déchirure que provoque la séparation si brutale à la naissance. Cela ne semble pas vraiment émouvoir les parents biologiques. Cet enfant est le leur, cela ne fait aucun doute. Ils ont payé pour cela. 4000 dollars. 15 ans de salaire pour cette jeune indienne de 23 ans qui a dû se cacher pendant sa grossesse très mal vue en Inde, qui de plus a failli mourir lors de l'accouchement. L'enfant a survécu, heureusement pour elle, sinon elle n'aurait pas vu la couleur de l'argent. Tout est possible nous dit le reportage, ce sont les mots des responsables des cliniques qui font ce genre d'interventions. Un enfant, deux, trois, parfois jusqu'à 7 embryons dans le ventre de la mère porteuse, pourvu que ça marche. "Ce n'est qu'un ventre à louer". Les pauvres au service des riches, des femmes sans ressources, pour qui c'est le seul espoir de pouvoir nourrir leur famille, payer des études à leurs enfants; des riches qui ne se préoccupent que de prendre l'enfant dans leurs bras avant la mère porteuse, qui se fichent pas mal de savoir ce qu'il advient d'elle après les souffrances de l'accouchement. Faux certificat de naissance, un passeport fait à la va vite et l'enfant retrouve sa terre d'origine. Mais comment lui raconteront-ils l'histoire de sa conception, de sa naissance? "Maman ne pouvait pas te porter alors une dame l'a fait pour elle... oui... on l'a payée..." "Alors vous m'avez acheté comme au supermarché?"... "Et la dame, c'est aussi ma maman?" "Tu crois que je pourrai la rencontrer?" "Non mon petit, on a juste... loué son ventre..." "Ah, alors c'est pas vraiment un humain, c'est comme une machine à fabriquer des bébés?" "Heu..."
Et d'autres questions encore, embarrassantes, qui peut être les feront douter... ou pas...
Moi je m'en pose une seule: quand les riches occidentaux considèreront-ils enfin les "sous développés" comme leurs égaux, des hommes, des hommes pareils comme le disait Francis Cabrel? Je suis écoeurée.

lundi 13 avril 2009

Extirpation et résistances

Pierre Duviols, La lutte contre les religions autochtones dans le Pérou colonial, 2008
Commentaires en salle des professeurs devant mes lectures d'entre deux cours:
"Ouh là!", avec l'air de quelqu'un qui n'a pas compris tout le sens du titre
"Ca doit pas être gai!", comme pour essayer de placer un commentaire pas trop hors sujet
"Ca fait longtemps que je ne me suis pas plongé la dedans!", un prof d'histoire évoquant sans doute ses lointains souvenirs de fac.
Tout cela pour dire qu'en lisant le titre, on peut se dire que l'ouvrage de Duviols n'est pas d'un abord aisé, et est peut-être un peu trop technique. Que nenni! Ce livre est passionnant, et grâce aux recherches pointilleuses de l'auteur on se plonge à l'époque de la Conquête en se penchant avec exactitude sur ce périlleux sujet qu'est l'évangélisation et l'extirpation de l'idolâtrie, c'est-à-dire la lutte contre tout ce qui pouvait être ou paraître indien, donc hérétique, donc à détruire. L'extirpation en est même devenu une institution. Mais commençons par le commencement.
16ème siècle, au lendemain de la Conquête. Toutes les Andes sont dominées par les espagnols catholiques. Toutes? Non. Une poignée... mais la citation gauloise s'arrête là! En fait une majorité de la population autochtone pratique encore ses cultes pré-hispaniques. Au cours de la première période de la Colonisation et de l'Evangélisation, les conquistadors viennent pour l'or et ne se soucient guère de convertir les indigènes. Les évangélisateurs ne parlent ni le quechua, ni l'aymara.
Arrive le vice roi Toledo. Fin du 16ème. Il faut plus de rigueur. L'extirpation devient une institution. De véritables catalogues de toutes les croyances et pratiques autochtones sont publiés, des sermonaires en langues quechua et aymara distribués dans toutes les Andes. Il faut sévir, détruire, brûler, systématiquement, par tous les moyens éliminer tout ce qui est indien.
Contre l'avis des dominicains d'ailleurs, les seuls sans doute à peu près humains dans l'histoire, qui prônent plutôt la persuasion avant la violence, suivant ainsi les préceptes de Bartolomé de Las Casas qui, lui, considérait les indiens comme des hommes. Certains invoquent même la possibilité d'une évangélisation préhispanique par un apôtre égaré dans les Andes par hasard, ou bien simplement parce que les indiens seraient les descendants de Noé, rescapés du déluge, et qu'ils mériteraient donc un traitement plus indulgent.
Toledo persiste et signe. Tout cela sur fond de querelle entre les différents ordres religieux et les Jésuites, ces derniers jouissant d'un statut privilégié d'accompagnateurs lors des Visites des extirpateurs.
Répression donc, regroupement des indiens dans des reducciones pour mieux leur inculquer la parole divine.
On se demande alors comment, encore aujourd'hui, les religions, les croyances, les rituels indigènes peuvent-ils être encore si vivaces après des siècles d'un tel acharnement méthodique?
Duviols y répond en partie: fuite des indiens des reducciones vers la sierra, corruption des curés très peu instruits qui se mettent les caciques indiens dans la poche et dissimulent l'idolâtrie de leurs brebis lors des Visites des extirpateurs, duplicité des indiens, ambigüité de leur foi catholique.
Et puis tout le reste, tout ce qui ne s'analyse pas, tout ce qu'on ressent cependant en allant là-bas aujourd'hui: fierté des origines, force de l'attachement à la terre, obstination à perpétuer les cultes de ses ancêtres.
Un bémol cependant pour la suite de mes réflexions: la difficulté de démêler dans les rituels contemporains ce qui est préhispanique de ce qui est actuel, ce qui est catholique de ce qui est indien, ce qui est vraie conviction de ce qui est vernis et dissimulation. Syncrétisme, un mot décidément extrêmement réducteur. Il faudra aller bien plus profond que cela, dans l'âme des gens, pour comprendre une infime partie du mystère. L'ouvrage de Duviols affirme ainsi la nécessité de considérer la distance temporelle et la profondeur du mélange, l'imbrication, la superposition. Je marche sur des oeufs!

samedi 11 avril 2009

Conquis!

Conquis les élèves de 4ème! Conquis par cette séquence sur la Bolivie! Je l'avais déjà proposée il y a quelques années mais je ne pensais pas avoir un tel succès avec des élèves habitués à écouter une toute autre musique. Sans doute des a priori, sûrement des clichés bien ancrés dans ma petite tête de puriste. Je dois préciser que c'est un groupe de 4ème européenne et que ces deux heures d'espagnol hebdomadaires supplémentaires sont en option-.
Comme la dernière fois j'ai commencé par leur faire faire un petit quizz sur la Bolivie -pour lequel le hasard fait souvent bien les choses!-. Les deux vainqueurs ont eu droit a un chocolat payé de ma poche à la machine à café de la salle des profs -bien sûr je ne l'ai pas crié sur tous les toits, certains auraient hurlé à la démagogie-.
J'avais ensuite apporté ma grande carte de la Bolivie sur laquelle chaque groupe de 2 avait une info à aller chercher: altitude maximum, départements, capitale, lacs etc...
Et puis direction le carnaval de Oruro, ses costumes à décrire et ses danses à expliquer, avec en prime, pour se faire une meilleur idée des rythmes, le DVD du carnaval 2004 made in casa. Là déjà certains se sont révélés des fans de caporales... Les jupes des filles sans doute, les tams tams qui rappellent l'Afrique aussi.
Petite présentation des instruments de musique. J'avais apporté une quena et un siku, et chacun y est allé de sa tentative de produire un son. Le défi! Un élève rigolo nous a même fait une petite impro façon "sans-papier-qui-joue-de-la-musique-dans-le-metro".
Cours suivant: deux chansons à choisir, Caporales ou Tobas, et un exercice de réécriture des paroles pour ensuite les chanter devant la classe. Et là oh surprise, des élèves tellement à fond qu'ils sont allés voir sur internet -tous avaient choisi la chanson Tobas Sur comme base et ont regardé sur You Tube la version du groupe Thempo -Viva Cochabamba! Ah... les filles...-, ont étudié les instruments, travaillé le rythme et cherché des parles à la maison. Résultat, des prestations rythmées et justes, des paroles bien choisies.
Il fallait bien conclure cette séquence par un goûter d'avant les vacances!
"Madame, on peut écouter Tobas Sur"?
Décidément, la génération nouvelle star est pleine de surprises!
(Lors de ce goûter on a d'ailleurs eu droit à un "remake" de la célèbre émission, trois filles dans le jury et un candidat hors norme:
-Bonjour quel est votre prénom?
-Mamadou mamadou traoré.
-Et vous avez quel âge?
-98 ans.
-Allez y jeune homme on vous écoute.
-"Le dimanche à Bamako, c'est le jour du mariage..."
(Chorégraphie)
-Alors là tu m'as fait voyager, vraiment je dis un grand oui!"
Très, très drôle des élèves qui savent rire au second degré.)

lundi 6 avril 2009

Télé pédagogie

Ce matin, cours de troisième avec des élèves pas réveillés, une mauvaise blague et une bonne démonstration. Cet après midi, autre cours de troisième avec des élèves pas concentrés, une remarque hors sujet et autre preuve que la télé, c'est super!
Je m'explique. Une jeune fille lit un texte, prononce mal et à la place du verbe "être" ("estaban") prononce "esteban", comme le prénom. Et là, blague un peu nulle j'avoue je dis "Et comment il va Esteban?", la jeune fille ne percute pas -évidemment avec une blague aussi pourrie-, mais un camarade reprend aussitôt: "Ah oui! Esteban! Comme dans Les Cités d'Or!!". Et le garçon de se mettre à chanter le générique du dessin animé préféré des trentenaires. Etonnant! Ce truc a plus de 30 ans, moi-même je ne l'ai découvert qu'à la fac -et oui, je ne suis pas à classer dans la catégorie des trentenaires!-, et c'est encore culte pour les ados de maintenant! Je me sentais dans la quatrième dimension en train d'évoquer la "voix" des documentaires de la fin des Cités d'Or avec un élève de 15 ans d'origine sénégalaise!
Cet après-midi rebelote. On parle en classe de l'Espagne musulmane -ou comment parler de tolérance religieuse à des jeunes pour qui le sujet est très sensible après voir expliqué qu'en 1492 les catholiques ont viré tout le monde...- lorsqu'un garçon -toujours à l'ouest, mais vraiment très à l'ouest, qui ne comprend rien, par exemple quand je dis que le mot d'Andalousie vient de l'arabe Al Andalus il comprend que les musulmans ont inventé le mot "lundi" -un peu sourd le jeune homme...-: "mais madame, avant les espagnols alors ils savaient pas quel jour on est?"- bref lorsque ce fameux garçon très "occidental" donc lance: "Mais madame les Incas c'est en Espagne non?"... Que dire? Je reste sans voix devant une remarque si "hors sujet" mais une de ses camarades vient à mon secours: "Mais non gros nase, les Incas c'est au Pérou! T'as pas vu Pékin Express ou quoi?!" Waou! Mes élèves savent qui étaient les Incas, connaissent même le charango et ne situent plus la Bolivie en Russie!
Alors là je dis, vraiment, du fond du coeur, la télé c'est trop génial! Merci télé!

vendredi 3 avril 2009

Mauvais perdants

"C'est la faute de l'altitude! On peut mourir en faisant du sport à ces hauteurs là!"
Le préparateur physique de l'équipe de foot argentine ne sait pas quoi trouver comme excuse pour expliquer la défaite 6-1 de son pays hier à La Paz face à la Bolivie dans le cadre des éliminatoires pour le Mondial. Et le vieux débat sur l'altitude d'être remis sur le tapis, comme lorsqu'en 1993 la Bolivie avait mis fin à 40 ans d'invincibilité du Brésil dans les éliminatoires des Coupes du Monde et que le grand pays s'était vengé du petit sur la scène internationale en incitant à la création d'un véto pour interdire les matchs en altitude. A l'époque l'Argentine avait soutenu la Bolivie, aujourd'hui le vent semble tourner. Selon Signorini toujours -le préparateur physique argentin-, l'altitude opère comme un "dopage extérieur qui favorise ceux qui y sont acclimatés" et prétend qu'on attend un accident grave pour qu'on reconnaisse enfin les méfaits de l'altitude. Mort, dopage, accident, une rhétorique dramatique de la part de Signorini, juste très blessé par la lourde défaite de son pays et très, très mauvais perdant. Maradona, lui, reconnaît que la Bolivie n'avait pas joué aussi bien depuis longtemps, et bizarrement, on le croit, il semblerait que Diego sache de quoi il parle en matière de qualité de jeu...