J'adore TV5 Monde, j'adore vraiment. On y voit de supers reportages. Ce matin je suis restée une heure (c'est un record de concentration, mon maximum étant d'habitude de 20 minutes, un peu comme mes élèves...) à regarder un sujet sur les suisses du Paraguay. Pas des nazis planqués en Amérique du Sud, non, des sympas, des normaux! J'explique.
Dans les années 20 le monde connaît une crise sans précédent et en Suisse aussi on en souffre. Certains commencent à prendre la poudre d'escampette à la recherche d'un coin de ciel bleu où ils pourraient faire vivre convenablement leur famille. De plus en plus de suisses s'envolent vers l'Amérique du Sud et le petit pays alpin pousse même ses enfants à s'expatrier étant donné l'ampleur de la crise. Au Paraguay, 4 générations plus tard, des patronymes suisses sont toujours présents, portés par des blonds, avec le passeport helvétique. Ou pas. Et là se pose le problème. Parce que tous les descendants des premiers immigrés alpins ne possèdent pas la nationalité suisse et ne peuvent donc pas se rendre dans le pays de leurs ancêtres. Le problème c'est que le Paraguay d'aujourd'hui est économiquement aussi mal en point que la Suisse des années 20 et que de nombreux paraguayens d'origine suisse veulent retourner dans leur pays d'origine pour y trouver un travail et assurer un meilleur avenir à leurs enfants. Ceux qui ont la double nationalité franchissent le pas sans problème. Pour les autres qui malgré leur ascendance n'ont pas la chance d'avoir les papiers, c'est le même refrain que partout en Amérique Latine en ce moment: papa et maman travaillent clandestinement en Espagne, papy et mamie élèvent leurs petits enfants restés au pays. Cependant les choses se corsent lorsque dans une même famille, tous les enfants ne sont pas logés à la même enseigne suivant s'ils sont nés avant ou après telle ou telle loi qui assouplissait ou durcissait les formalités d'immigration en Suisse. Certains pourront partir, d'autres seront condamnés à rester au Paraguay. Et puis les autorités helvétiques tentent de plus en plus de dissuader les flots d'immigrants potentiels. Aujourd'hui on demande aux suisses du Paraguay et d'ailleurs en Amérique Latine d'effectuer plusieurs voyages sur place avant de prétendre à une installation définitive. La sélection par l'argent, très efficace quand on sait ce que coûte un billet d'avion pour l'Europe. Une dernière chose. Ce qui m'a vraiment frappée dans ce reportage c'est l'attachement des suisses du Paraguay à la terre de leurs ancêtres, cet acharnement à vouloir y retourner, la permanence de ce sentiment d'être des exilés quatre générations plus tard, et cette affirmation aveugle de leur appartenance à une culture qu'ils ne connaissent que par transmission familiale, de génération en génération, mais dans laquelle ils n'ont jamais vécu, cette certitude de pouvoir s'intégrer dans un pays qui ne les reconnaitra pas forcément comme siens. Etonnant...
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