dimanche 30 décembre 2007

Autonomie plagiée

Au mois de décembre 2007, la Asamblea Provisional Autonomica de Santa Cruz a pondu le texte de ses statuts d'autonomie. Cette Assemblée Provisoire est soit disant composée de 3 sénateurs, 25 députés, 23 conseillers départementaux, 56 présidents des conseils municipaux et des représentants des 4 ethnies originaires du Département. Si on fouille un peu, on découvre facilement que son président, Carlos Pablo Klinsky, n'est autre qu'un député de l'assemblée constitutionnelle appartenant au parti politique PODEMOS, c'est-à-dire l'opposition au gouvernement de Evo Morales. Ceci étant dit, le texte des statuts d'autonomie de cette assemblée provisoire ont été publiés le 13 décembre. Seulement certains ont vite repéré que les cruceños n'avaient pas beaucoup réfléchi. Etaient-ils en manque d'inspiration? En tout cas, leur texte est mot pour mot le même que celui des statuts d'autonomie de la Generalitat de Catalunya rédigés en 1979, après la mort de Franco.
Voici ci-dessous les deux textes en comparaison, la ressemblance est frappante:
(en rouge, les statuts de Santa Cruz; en vert, ceux de Catalogne)
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PRESENTACIÓN
En el proceso de recuperación de las libertades democráticas, el pueblo cruceño recobra sus instituciones de autogobierno.
Santa Cruz, ejerciendo el derecho a la autogestión, que eligió a través del voto, con un Si rotundo a la pregunta del Referéndum vinculante sobre Autonomías Departamentales, de manera soberana ha determinado constituirse en Departamento Autónomo.
En esta hora solemne en que Santa Cruz recupera su Libertad, es necesario rendir homenaje a todos los hombres y mujeres que han contribuido para hacerlo posible, pues la Libertad, la Democracia y la Justicia, son fundamentos de la forma de vida que nos enseñaron nuestros próceres.

El presente Estatuto es la expresión de la identidad colectiva de Santa Cruz y define sus instituciones, así como las relaciones con el Estado, en un marco de libre solidaridad con todos los departamentos de la República. Esta solidaridad es la garantía de la auténtica unidad de todos los pueblos de Bolivia.
El pueblo cruceño proclama como valores superiores de su vida colectiva la Libertad, la Justicia y la Igualdad; no nos cansamos de repetirlo. Y manifiesta su voluntad de avanzar por una vía de progreso que asegure una digna calidad de vida para todos los que viven y trabajan en Santa Cruz. Sólo así podremos incrementar nuestro apoyo y solidaridad con todos los hermanos bolivianos y latinoamericanos.

La naturaleza colectiva de Santa Cruz encuentra en las instituciones cruceñas el nexo con una historia de afirmación y respeto de los derechos fundamentales y de las libertades públicas de las personas y de los pueblos; historia que los hombres y mujeres de Santa Cruz quieren continuar para hacer posible la construcción de una sociedad democrática avanzada. El camino idóneo para este proceso son las Autonomías Departamentales, que permitirán avanzar en el Modelo Cruceño de Desarrollo, el único que ha tenido resultados positivos en la historia de Bolivia.

Cada Departamento de la República tiene el derecho de desarrollar un modelo acorde con la naturaleza de su geografía y de su pueblo. El gobierno central debe promover este desarrollo acompañando con medidas de coordinación nacional y de compensación interdepartamental. Así Bolivia tendrá un Desarrollo Armónico y Sostenible, donde cada ciudadano tenga las mismas oportunidades y, sobre todo, podrá hacer uso de su Libertad.

Por el derecho democrático que nos asiste constitucionalmente, la fidelidad a estos principios y para hacer realidad el derecho inalienable de Santa Cruz al autogobierno, en cumplimiento al mandato del Cabildo del 28 de enero del 2005, la Asamblea Provisional Autonómica ratifica el presente Estatuto y lo pone a consideración de todos los departamentos de la República, para que sirva de ejemplo en el proceso de sus propias Autonomías Departamentales, las cuales con toda seguridad serán respetadas y apoyadas por el pueblo boliviano.

Santa Cruz, 13 de diciembre de 2007.
Dr. Carlos Pablo Klinsky Fernandez
PRESIDENTE
Asamblea Provisional Autonómica
Santa Cruz

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PREAMBULO
En el proceso de recuperación de las libertades democráticas, el pueblo de Cataluña recobra sus instituciones de autogobierno.
Cataluña, ejerciendo el derecho a la autonomía que la Constitución reconoce y garantiza a las nacionalidades y regiones que integran España, manifiesta su voluntad de constituirse en Comunidad Autónoma.
En esta hora solemne en que Cataluña recupera su libertad, es necesario rendir homenaje a todos los hombres y mujeres que han contribuido a hacerlo posible.
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El presente Estatuto es la expresión de la identidad colectiva de Cataluña y define sus instituciones y sus relaciones con el Estado en un marco de libre solidaridad con las restantes nacionalidades y regiones. Esta solidaridad es la garantía de la auténtica unidad de todos los pueblos de España.
El pueblo catalán proclama como valores superiores de su vida colectiva la libertad, la justicia y la igualdad, y manifiesta su voluntad de avanzar por una vía de progreso que asegure una digna calidad de vida para todos los que viven y trabajan en Cataluña.
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La libertad colectiva de Cataluña encuentra en las instituciones de la Generalidad el nexo con una historia de afirmación y respeto de los derechos fundamentales y de las libertades públicas de la persona y de los pueblos; historia que los hombres y mujeres de Cataluña quieren continuar para hacer posible la construcción de una sociedad democrática avanzada.
Por fidelidad a estos principios y para hacer realidad el derecho inalienable de Cataluña al autogobierno, los parlamentarios catalanes proponen, la Comisión Constitucional del Congreso de los Diputados acuerda, el pueblo catalán confirma y las Cortes Generales ratifican el presente Estatuto.
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Etonnant non? Si vous voulez vérifier par vous-mêmes, voici deux liens, ceux des pages internet de l'Assemblée Provisoire de Santa Cruz et celle de la Generalitat de Catalunya.

vendredi 28 décembre 2007

Le Jour des Innocents

Le 28 décembre c'est le Jour des Innocents en Espagne mais aussi dans plusieurs pays d'Amérique Latine. C'est le jour où les fausses nouvelles se répandent dans les journaux, à la radio et à la télévision, et où les blagues de plus ou moins bon goût son à l'honneur. C'est en fait notre Poisson d'Avril à nous. Dans le passé, on avait coutume d'accrocher un vieux chiffon dans le dos de sa victime du jour en signe de moquerie. Aujourd'hui on a progressé puisqu'un service spécial a été créé sur internet... Dans les journaux boliviens, les rédacteurs ont produit leur lot d' "inocentadas": (attention humour orienté) annonce d'un voyage de Evo Morales dans l'Oriente pour négocier avec l'oppostion, double annonce de destitutions de ministres proches du Président, etc... On ne se tape pas vraiment sur les cuisses... Plus drôle quand même, dans le journal Opinion:
"Gonzalo Sanchez de Lozada (ancien dictateur à l'abri aux Etats-Unis) se réunit secrètement à Santa Cruz avec les préfets et les Comités Civicos de la Media Luna."
Par opposition, certaines informations qui apparemment sont réelles paraissent quant à elles de vraies blagues. Lu dans le journal Los Tiempos d'aujourd'hui:
"L'ambassadeur américain Philip Goldberg a donné 40 camionnettes pour renforcer les programmes anti drogue du gouvernement bolivien ainsi que 27 ordinateurs pour l'Académie Nationale de Police." (à quand les pistolets à eau pour lutter contre la violence?)
"Le téléphérique de Cochabamba fonctionnera ce dimanche." (quand on sait que la réparation dure depuis des mois et que aux dernières nouvelles le nouveau cable qui avait été acheté était trop court de 8 mètres, la nouvelle fait sourire!)
Allez, une dernière pour la fin, tirée du journal El Potosi:
"Les Etats-Unis prétendent avoir la clé de la Démocratie." (c'est fou ces gens qui perdent tout le temps leurs affaires!)

samedi 22 décembre 2007

L'Evangile revisité

L'Evangile selon Pilate, Eric Emmanuel Schmitt, Albin Michel, 2000.
Un bon livre ne laisse jamais indifférent, et c'est le cas de celui-ci, qu'on adhère ou non à sa façon de voir les choses. L'auteur nous propose ici une réécriture du texte religieux, une sorte de cinquième Evangile en deux parties. Dans la première, le narrateur est le Christ lui-même, que Eric Emmanuel Schmitt choisit de nommer Yéchoua afin de pouvoir développer le personnage romanesque avec une plus grande liberté. Ce Jésus là est humain, rempli de doutes, et, ne permet de choisir aucune des deux hypothèses présentées par les théologiens: plutôt que d'opter pour un Jésus conscient dès le début qu'il est le Fils de Dieu, ou pour un Jésus qui a sur le tard une révélation, l'auteur décrit un Yéchoua qui fait le pari de croire qu'il est celui que tout le monde attend.
"Comment pouvais-je croire être en relation avec Dieu? N'était-ce pas une démence? Comment pouvais-je avoir le sentiment de saisir ce qui est juste et ce qui ne l'est pas? N'était-ce pas une illusion? Comment pouvais-je m'attribuer le pouvoir de parler pour Dieu? N'était-ce pas de la prétention?
Je ne reçus jamais de réponse à ces questions. Simplement, au matin du quarantième jour, je fis le pari. Je fis le pari de croire que mes chutes, lourdes méditations, me conduisaient à Dieu, non à Satan. Je fis le pari de croire que j'avais quelque chose de bien à faire. Je fis le pari de croire en moi."
Deuxième partie, changement de ton radical. Le corps de Yéchoua a disparu du tombeau et Pilate mène l'enquête. Il explore toutes les hypothèses, les unes après les autres, jusqu'à la négation de chacune. Véritable investigation policière, cette partie du récit nous conduit à travers les rues de la Jérusalem romaine et juive, celle des premiers chrétiens.
"Depuis quelques années, un certain Yéchoua, rabbin contestataire, fait parler de lui en Judée. Au départ, l'homme n'avait pas grand chose pour lui: un physique passe-partout, un accent de bouseux galiléen, et surtout, il venait de Nazareth, le trou du cul du monde. Normalement cela aurait dû suffire à l'empêcher d'être populaire: mais ses disours toujours un peu décousus et décalés, ses phrases à l'emporte pièce, ses fables orientales tantôt douces tantôt violentes, son attitude complaisante avec les femmes, bref, en un mot, sa bizarrerie, lui a gagné des suffrages."
Sur les traces de sa femme qui suit les apparitions de Yéchoua prétenduement ressuscité, Pilate finit par prendre lui aussi le chemin de la Galilée avec les milliers de pélerins, chemin qui le mènera peut-être aussi à la foi.
On peut regretter que l'oeuvre tourne vers la fin à une transposition plus qu'évidente des propres interrogations, de la propre foi de l'auteur, sur son personnage de Pilate. Prosélitisme? On est tenté de le penser. Mais les pages qui suivent dans cette édition, intitulées "Journal d'un roman volé", justifient, du moins expliquent la démarche de Eric Emmanuel Schmitt: le choix de ses personnages, les nouveautés, les transgressions qu'il apporte à l'histoire sainte des chrétiens, ses propres convictions. Par là même le lecteur, athée ou croyant, simple curieux, redevient indulgent pour ne retenir que les côtés positifs de cette expérience de lecture: tout d'abord, l'originalité du thème; ensuite, une écriture agréable, dynamique, simple et directe, adaptée à chaque personnage et à son style (on retrouve ici l'auteur de théâtre); enfin une reflexion qui sous-tend l'ouvrage et qui nous amène sans doute, au-dela des considérations religieuses, à nous reconsidérer nous-mêmes. Comme le dit Eric Emmanuel Schmitt dans la dernière partie, nous avons le choix de croire ou de ne pas croire.
"Nous sommes tous réunis sous la question, divisés par nos réponses."
Peut-être aussi un message de tolérance.

lundi 17 décembre 2007

Projet pharaonique

Hier les trois gouvernements de Bolivie, du Chili et du Brésil ont signé un accord pour mettre en oeuvre la construction d'un corridor entre les Océans Pacifique et Atlantique qui permettra à terme, en 2009, une meilleure intégration régionale et surtout une facilité d'accès à la mer pour la Bolivie en améliorant les infrastructures de la région. 100 millions de dollars, 5900 km à travers le continent sudaméricain, le projet pharaonique de corridor a surtout pour but de promouvoir les échanges économiques entre les différents pays concernés, ainsi que de permettre un rapprochement avec la zone Asie, justement très dynamique de ce point de vue. Ce gigantesque couloir partira de la ville de Santos au Brésil, traversera la Bolivie pour aterrir dans la ville de Arica au Chili. Enfin un projet de grande envergure qui rompt avec le traditionnel cloisonnement des pays sud américains; enfin une tentative concrète de dynamisation de la région et de coopération économique entre 3 pays clés du continent.

samedi 15 décembre 2007

Autonomie en règle

C'est aujourd'hui que le Président Evo Morales annoncera officiellement au peuple bolivien l'approbation de la nouvelle Constitution, dans une atmosphère de tension provoquée par l'opposition qui cherche toujours à discréditer le travail de l'Assemblée. La grande nouveauté -et aussi la question qui fâche- c'est l'adoption de 4 niveaux d'autonomie:
-départementale -en fait les 9 Départements du pays-,

-provinciale -celles qui composent chaque Département-,
(ici l'exemple des provinces du Département de Cochabamba)


-communautaire -des communautés indigènes, environ une trentaine en Bolivie-,
-municipale.
A première vue ce découpage pourrait ressembler à une concession faite à l'opposition de l'Oriente qui demandait son autonomie. Cependant, la nationalisation des richesses du sol et du sous-sol permettra en fait un contrôle plus abouti de ces richesses et empêchera toute exploitation à but personnel ou visant au profit d'une entreprise en faveur d'un plus grand profit pour le peuple bolivien. Par ailleurs, les Départements de la Media Luna (Pando, Beni, Santa Cruz, Tarija) voulaient la création d'une police départementale indépendante. La Constituion ne prévoit pas ce genre de mesure dans les statuts de l'autonomie. De plus, la création, ou plutôt la reconnaissance d'autonomies communautaires indigènes va permettre aux communautés de gérer les richesses de leurs territoires et de règlementer les échanges économiques afin de mettre fin aux pillages ou du moins aux échanges inégalitaires. La seule contrainte à l'application des statuts d'autonomie devra être un découpage précis des territoires, étant donné que les communautés indigènes ne correspondent évidemment pas aux municipalités -elles sont souvent plus vastes- et la plupart d'entre elles se trouvent à cheval sur plusieurs provinces voir même départements (voir carte ci-dessous). Concrètement, les droits des communautés risquent d'entrer en conflit avec ceux des autres niveaux d'autonomie et la règlementation générale devra absolument être rigoureusement précise afin d'éviter tout conflit. Le passage de la théorie à la mise en pratique sera à suivre avec attention.


Pour plus d'informations sur les communautés indigènes de Bolivie, allez faire un tour sur la page:

http://www.amazonia.bo/pueblos.php

En cliquant sur la carte interactive vous pourrez avoir des données très précises sur les différents peuples, leur population, leur langue, leur territoire...

vendredi 14 décembre 2007

On rouvre les dossiers

Le gouvernement de Evo Morales est bien décidé à mener l'enquête sur l'assassinat du leader de la gauche Marcelo Quiroga survenue en 1980, au début de la dictature de Garcia Meza. Ses restes n'ont toujours pas été retrouvés pendant toutes ces années et il serait grand temps d'éclaircir le mystère. Mercredi dernier déjà, 3 ex militaires boliviens ont été condamnés à 30 ans de prison pour l'assassinat de Marcelo Quiroga, lors du coup d'état de Meza du 17 avril 1980 et pour avoir participé à l'assaut mené à la COB (Central Obrera Boliviana). Les trois militaires condamnés devraient purger leur peine à la prison de haute sécurité de Chonchocoro, là-même où est emprisonné l'ex dictateur. Pour le moment, deux d'entre eux sont encore en fuite... D'autre part, un décret suprême est en préparation sur l'ouverture des archives secrètes des Forces Armées et de la Police afin d'éclaircir les disparitions et assassinats survenus entre 1970 et 2005, années qui ont vues défiler plusieurs dictateurs aux agissements contestables: Barrientos, Banzer, Garcia Meza, Sanchez de Lozada... La APDHB (Asamblea Permanente de Derechos Humanos de Bolivia) a d'ailleurs enregistré plus de 10 000 cas de violations des Droits de l'Homme durant cette période. La mort de Marcelo Quiroga reste en Bolivie le symbole d'une blessure ouverte, celle de ces années noires, ainsi qu'un exemple connu d'injustice et de cruauté parmi tant d'autres qui resteront anonymes. La réouverture de ces dossiers douloureux est un pas de géant franchi par la Démocratie en Bolivie.

lundi 10 décembre 2007

Le difficile exercice de la Démocratie

Après 17 heures de délibération, 164 des 255 élus de l'Assemblée bolivienne ont voté pour l'approbation de la nouvelle Constitution qui a mis des mois à être rédigée, sans cesse retardée par des conflits et des protestations de tous types. Ce nouveau texte donc institue un Etat plurinational -reconnaissance des peuples indigènes et de leurs droits-, vise à éliminer le processus de colonisation -ce qui fait grincer les dents de certains grands propriétaires- en attribuant les ressources du sol et du sous-sol au peuple, établit 4 niveaux d'autonomie, limite la réélection possible du Président à une fois. Le seul point qui n'ait pas obtenu les 2/3 des votes, celui de la question de la terre, sera soumis à un référendum.
L'opposition prépare déjà la contre attaque, cherchant à annuler l'approbation de la Constitution en plaidant le vice de forme, prétextant que ses représentants n'étaient pas présents lors de ce vote. Il semble cependant que personne, aucune force de police ou d'armée, ne leur ait interdit l'accès au théâtre des négociations... Par ailleurs, l'opposition crie son désaccord sur plusieurs points: la non mention du droit d'existence de l'école privée et religieuse -toujours le problème de la difficile formation d'un Etat laïc en Bolivie alors que l'Eglise et les Sectes possèdent un pouvoir incalculable-; la préférence donnée aux investissements nationaux sur ceux de l'étranger concernant par exemple et surtout les ressources naturelles -il faut dire que certains personnages politiques de la droite, hauts placés, ont entre autres de gros intérêts financiers dans les mines et les bénéfices qu'ils en tirent sont directement placés sur des comptes en banque américains: une telle mesure les pénaliserait évidemment en redonnant sa part du gâteau à l'Etat et au peuple bolivien. L'opposition demande d'ailleurs d'annuler totalement cet article de la Constitution.
Le problème n'est donc pas encore résolu. La leçon a en tirer est que Evo Morales, malgré toute la volonté qu'il met à faire approuver cette Constitution, et malgré quelques concessions -l'article sur l'autonomie en est une dans une certaine mesure, ne peut parvenir à ses fins tant que la pratique démocratique ne sera pas inscrite dans les mentalités boliviennes. Difficile en effet de se contenter de voter pour approuver ou refuser un texte constitutionnel lorsque l'on est coutumier d'autres méthodes un peu moins légales mais effectivement plus expéditives...

dimanche 9 décembre 2007

Le petit monde franco-bolivien

Le monde est petit, c'est bien connu. Alors je vous présente un groupe de musiciens français fanatiques de musique des Andes et de la Bolivie en particulier: le groupe Sagarnaga. Voici un lien vers une page de MySpace où vous pourrez écouter quelques extraits de leurs talents déjà confirmés. Sagarnaga, joyeuse bande de passionnés, joue des rythmes et des mélodies équatoriens, péruviens et boliviens avec le même enthousiasme. Laissez vous emporter dans un nouveau voyage avec une voix magnifique, bolivienne jusque dans les moindres intonations. Détrompez-vous, la chanteuse est bien française, et je suppose que cela ne fera que vous étonner doublement!

http://www.myspace.com/gruposagarnaga

vendredi 7 décembre 2007

Ambiance

En Bolivie la Constitution est toujours au point mort, les tensions sont accrues et les divisions entre les partisans de Evo Morales et ceux de la Media Luna -c'est-à-dire les Départements de l'Oriente et les Comités Civicos- se font de plus en plus sentir. On accuse même l'opposition d'exacerber ces affrontements qui ont culminé la semaine dernière avec la mort de trois personnes. L'Eglise quant à elle se prononce contre le projet de constitution -qui remettrait certainement en question ses privilèges et ses pouvoirs. Les mineurs, de leur côté, se disent prêts à manifester encore pour défendre cette constituion qui n'en finit pas de sortir. Evo vient d'évoquer par ailleurs la possibilité d'un référendum car selon lui c'est au peuple de décider de la validité de ses dirigeants, préfets des 9 Départements et Président inclus. Toujours la même histoire donc, et la Bolivie n'en voit pas le bout...

Suite Habana

Parfois l'art se passe de commentaires, tout comme les films se passent de dialogues pour laisser la place aux sons, aux images, aux sensations. C'est le cas de Suite Habana, une magnifique oeuvre du réalisateur cubain Fernando Pérez sortie en 2003. Tout au long de ce docu-fiction, nous suivons durant une journée une série de personnages dans leurs activités quotidiennes à la Havane. Fernando, jeune ouvrier en bâtiment; Julio, cordonnier; Ivan qui travaille à l'hôpital; Amanda qui vend du mani pour survivre; le petit Francisquito et sa grand-mère... Et après leur journée de travail monotone et bien réglée, lorsque la nuit tombe, chacun se montre sous un jour totalement différent. L'un devient danseur étoile, l'autre travesti ou musicien, ou bien encore peintre. La nuit, c'est le royaume de tous les possibles, c'est la réalisation éphémère des rêves de chacun, une parenthèse dans le quotidien qui révèle les personnages et les rend d'autant plus touchants. Et pour cela pas besoin de dialogues. Aucun personnage ne parle et ce sont les bruits assourdissants de la rue, ceux plus discrets de la maison qui construisent cette Suite Habana, cette symphonie d'humanité et de sensations. En l'absence de mots à poser sur ce que nous voyons, le réalisateur choisit de nous laisser le choix de toutes les interprétations, selon la sensibilité de chacun, selon ce que le film, les situations, les personnages lui évoquent ou dans la mesure où ces images le renvoient à une expérience vécue. Suite Habana est un chef d'oeuvre, qui à chaque visionnement nous replonge dans une atmosphère unique et nous interpelle différemment, nous offre la possibilité, la liberté totale d'investir ce que nous voyons de sentiments et d'impressions personnelles. Un moment unique de poésie comme on en voit rarement.
Voici les liens sur You Tube puisque le film y est présent par séquences mais dans son intégralité. Prenez le temps, cela en vaut le détour, peut-être même plus qu'un détour, une pause, une grande respiration:







jeudi 6 décembre 2007

On ne fait pas les choses à moitié!

Hier, il n'y avait pas que la musique qui était péruvienne à l'UNESCO. Car les amateurs de rythmes sudaméricains ont des estomacs qui aiment aussi le métissage. C'est pourquoi j'ai essayé de faire mes premières empanadas au fromage, qui d'après les spécialistes ont été à peu près réussies. Essai transformé donc, voici ma recette improvisée:

Pour 8 empanadas:
-200 grammes de farine
-environ 80 grammes de beurre
-2 oeufs
-1 pincée de levure chimique
-1 cuillère de sucre en poudre
-environ 100 grammes de féta
Mélanger dans un saladier la farine, la levure, le beurre, les oeufs et le sucre et pétrir la pâte.

La rouler (en forme de rouleau à pâtisserie justement) et en découper des petits morceaux, de quoi faire 8 boules de pâte. Etaler au rouleau à pâtisserie les boules de pâte, y disposer la féta puis les refermer en forme de chaussons.
Badigeonner de jaune d'oeuf et mette au four sur une plaque beurrée.
Lorsque les empanadas commencent à dorer, ellles sont prêtes à déguster (tiède c'est encore meilleur)
Servez avec un concert de musique péruvienne et le tour est joué!

(Photo:Emi)

Plus sérieusement, on a l'habitude en Bolivie de les manger avec du thé par exemple.
Bonne dégustation!

Concert à l'UNESCO

Hier soir à l'UNESCO c'était le rendez-vousde la communauté péruvienne de Paris et des amoureux de la musique des Andes. Le thème de la soirée était la pomme de terre, aliment de base des peuples andins. Plusieurs groupes, musiciens, danseurs et chanteurs se sont succédés, mais le public venait surtout pour écouter le groupe Peru Andino accompagné de ses danseurs. Encore une fois, le groupe péruvien nous a offert un spectacle musicalement au point et des danses réglées au millimètre, festival de couleurs, dynamisme et sourires éclatants qui ont ravi les amateurs ainsi que ceux qui découvraient ces rythmes.
Voici un petit extrait de leur talent, de quoi vous donner envie de les voir en concert, ou bien de les revoir...

samedi 1 décembre 2007

Chacun son tour

A partir d'aujourd'hui nos chers amis américains vont être obligés de montrer patte blanche pour entrer en Bolivie. En effet, le decret signé en janvier dernier prévoit l'obligation pour les citoyens des Etats-Unis de présenter un visa en règle pour pouvoir entrer sur le territoire bolivien. Selon David Cuevas, le consul de Bolivie à Washington, cette décision est "un acte de souveraineté et de réciprocité dans le traitement des visas avec le gouvernement des Etats Unis." Ce fameux visa aura un coût de 100 euros, une durée de validité de 5 ans et permettra de rester sur le territoire bolivien pendant 90 jours.
Pour les boliviens, c'est un juste équilibre des choses qui règlemente à partir de maintenant l'entrée en Bolivie des américains qui ainsi devront perdre leur mauvaise habitude de se sentir en Amérique Latine comme en terrain conquis. Pas sûr cependant qu'un bout de papier change réellement les choses en profondeur...