lundi 10 décembre 2007

Le difficile exercice de la Démocratie

Après 17 heures de délibération, 164 des 255 élus de l'Assemblée bolivienne ont voté pour l'approbation de la nouvelle Constitution qui a mis des mois à être rédigée, sans cesse retardée par des conflits et des protestations de tous types. Ce nouveau texte donc institue un Etat plurinational -reconnaissance des peuples indigènes et de leurs droits-, vise à éliminer le processus de colonisation -ce qui fait grincer les dents de certains grands propriétaires- en attribuant les ressources du sol et du sous-sol au peuple, établit 4 niveaux d'autonomie, limite la réélection possible du Président à une fois. Le seul point qui n'ait pas obtenu les 2/3 des votes, celui de la question de la terre, sera soumis à un référendum.
L'opposition prépare déjà la contre attaque, cherchant à annuler l'approbation de la Constitution en plaidant le vice de forme, prétextant que ses représentants n'étaient pas présents lors de ce vote. Il semble cependant que personne, aucune force de police ou d'armée, ne leur ait interdit l'accès au théâtre des négociations... Par ailleurs, l'opposition crie son désaccord sur plusieurs points: la non mention du droit d'existence de l'école privée et religieuse -toujours le problème de la difficile formation d'un Etat laïc en Bolivie alors que l'Eglise et les Sectes possèdent un pouvoir incalculable-; la préférence donnée aux investissements nationaux sur ceux de l'étranger concernant par exemple et surtout les ressources naturelles -il faut dire que certains personnages politiques de la droite, hauts placés, ont entre autres de gros intérêts financiers dans les mines et les bénéfices qu'ils en tirent sont directement placés sur des comptes en banque américains: une telle mesure les pénaliserait évidemment en redonnant sa part du gâteau à l'Etat et au peuple bolivien. L'opposition demande d'ailleurs d'annuler totalement cet article de la Constitution.
Le problème n'est donc pas encore résolu. La leçon a en tirer est que Evo Morales, malgré toute la volonté qu'il met à faire approuver cette Constitution, et malgré quelques concessions -l'article sur l'autonomie en est une dans une certaine mesure, ne peut parvenir à ses fins tant que la pratique démocratique ne sera pas inscrite dans les mentalités boliviennes. Difficile en effet de se contenter de voter pour approuver ou refuser un texte constitutionnel lorsque l'on est coutumier d'autres méthodes un peu moins légales mais effectivement plus expéditives...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'essentiel est dans l'indépendance et l'autonomie, la maturité est alors obligée de suivre.Espérons simplement que, comme on doit l'indépendance à ses enfants, ceux qui se prennent pour leurs parents depuis toujours feront preuve de maturité. Ce n'est pas gagné!