mardi 25 août 2009

No Kid

Corinne Maier, No Kid, 2007.
Que dire? Que ce livre, sous titré "Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant", ne doit sans doute pas être lu par tout le monde au même degré. Ceux qui n'ont pas d'enfant en rieront parfois en lisant les mésaventures des parents affligés de boulets morveux et braillards; parfois ils le prendront au sérieux et, sans évidemment en être jamais sûrs parce que la vie est faite ainsi, pour juger d'une situation, il faut la vivre, se conforteront dans leur décision de ne pas avoir de descendance, pensant ainsi éviter une grande catastrophe qui aurait bouleversé leur vie et ligoté leur liberté. Quant à ceux qui ont des enfants, la lecture du livre de Corinne Maier en fera hurler certains, ceux qui sont convaincus que les marmots n'apportent que du bonheur et que c'est une pleine joie au quotidien. D'autres parents se remettront sans doute en question, se reconnaissant dans de nombreux passages, se voyant alors enfermés dans une vie de concessions et d'obstacles routiniers. Il y a enfin ceux qui, conscients qu'avoir des enfants n'est pas qu'une partie de plaisir, et échappant largement au portrait caricatural de parents frustrés que dresse l'auteur parce qu'ils ont décidés que rien ne les empêcherait de faire ce qu'ils ont envie de faire, rieront beaucoup justement de la caricature, mais aussi du "vrai" du livre, de cette manière acide et réjouissante de piquer là où ça fait mal. Chacun y trouvera son compte et choisira son camp...!

Particularismes régionaux


Attention, les auvergnats pourraient bien demander leur indépendance...

jeudi 13 août 2009

Un bide pour le Festival Rythmo Latino

Cela s'annonçait comme un grand événement qui devait avoir lieu au début de l'été à Paris, un superbe festival dont on voyait les affiches à tous les coins de rue, avec les noms célèbres des artistes invités: Elvis Crespo, Daniela Mercury... Or ce ne sont pas des compliments et des félicitations de participants enthousiasmés par ce rendez-vous qu'on peut lire maintenant dans les gazettes latinos. Plutôt une grande désillusion de la part du public qui n'a pas assisté au spectacle tant attendu. Un manque total d'organisation, des responsables introuvables, et le festival Rythmo Latino prend l'eau. Elvis Crespo a fui devant la bérésina annoncée, Daniela Mercury aurait payé de sa poche la note de son hôtel et serait partie en furie sans avoir pu parler aux organisateurs du festival qui s'étaient perdus on ne sait où. Dommage. Dommage que les "latinos" de Paris n'aient pas su renverser la vapeur et aient encore terriblement failli dans leur capacité à organiser un événement culturel. Dommage qu'une telle réputation de laisser aller soit souvent justifiée, que de multiples associations se court circuitent et transforment les festivités en un imbroglio d'intérêts personnels au détriment des artistes qui, on s'en doute, ne reviendront pas de sitôt...

lundi 10 août 2009

Le bal des vampires

Tuto Quiroga, Victor Hugo Cardenas, Manfred Reyes Villa, Alejo Veliz... La liste des hommes ayant trahi la Bolivie? Non... Celle des gens à bannir du territoire? Non plus... Cherchez un peu... Les opposants à Morales? Ah, vous brûlez... Allez, je vous donne la réponse: la liste des candidats aux prochaines élections présidentielles qui auront lieu le 6 décembre 2009. En sachant qu'il n'y a pas si longtemps, les boliviens avaient voté pour et élu Banzer, le même qui les avaient étouffés dans une dictature sanglante appuyée par les Etats-Unis, nous pouvons craindre le pire. Certains ont la mémoire courte, la critique facile et la veste versatile. Il suffit qu'ils trouvent que les avancées et les changements promis par le Président Evo Morales ne sont pas assez rapides et évidents, et nous voilà repartis pour quelques années de régime "à l'ancienne", bienvenue à la CIA et aux capitaux étrangers, vive la fracture sociale et ethnique et la corruption organisée. Espérons fortement que les boliviens ont encore de l'espoir et de l'énergie pour croire en cette juste cause de reconstruire le pays sur de nouvelles bases. Comptons aussi sur les voix de ceux qui maintenant pourront voter depuis l'étranger...
Jallalla!

vendredi 7 août 2009

L'essentiel, rien que l'essentiel

L'art de l'essentiel, Dominique Loreau, 2008.
Alors que je me trouvais dans une période d'embrouillement total et de complète désorganisation, une bonne âme -et je ne la remercierai jamais assez- m'avait offert deux livres: L'art de la simplicité et L'art des listes, histoire de m'aider à y voir plus clair dans mon imbroglio quotidien et de concrétiser mes vaines tentatives de rangement...
Je viens de terminer, du même auteur que les deux précédents, Dominique Loreau, L'art de l'essentiel. Un chef d'oeuvre. Je l'ai dévoré, ai pris des tonnes de notes, fait des listes, me suis retroussée les manches et me suis aussitôt mise en mode action.
Cet ouvrage est parfait pour les gens qui comme moi ont une folle envie de faire du vide autour d'eux, du genre de ceux qui demain pourraient partir au bout du monde en n'emportant qu'une brosse à dent et un livre, et qui se sentent étouffés par toutes ces choses inutiles qui gravitent autour de nous et nous pompent de l'oxygène. Et sur ce point Dominique Loreau est une vraie aide: non seulement elle nous déculpabilise de jeter -ces vieilles photos, pleines de poussière, pas forcément de bons souvenirs, et tous ces cadeaux, ces babioles envahissantes dont on ne servira jamais puisqu'elles n'ont aucune utilité-, mais en plus elle nous propose des conseils et de la méthode pour parvenir a recréer de l'espace et ainsi respirer chez soi sans toute cette pollution matérielle. "Ne garder que les choses -photos, livres, objets- vibrantes d'énergie". Tout le reste est superflu. Ne conserver que ce qui est vraiment utile; tout ce qui est en double, usé, peu utilisé: du balai, poubelle! Les vieux vêtements portent encore la trace des mauvais souvenirs. Du vent! A oublier aussi les "ça peut servir un jour, si je déménage...". Vivre avec le présent, en cohérence totale avec notre style de vie actuel. En suivant ces credos, ces conseils, ce coaching qui semble parfois si personnalisé, on goûte au bonheur de jeter, non pas de rage, mais pour ensuite respirer ce petit espace de vide qui nous rapproche peu à peu de ce que nous sommes vraiment.
Et vous, si vous partiez pour un long voyage, si vous deveniez nomade, qu'emporteriez vous? Lisez les livres de Dominique Loreau et je vous assure que toute votre vie tiendra alors dans une yourte. Voyagez léger...

jeudi 6 août 2009

Parfums d'enfance

Odile Weulersse.
L'aigle de Mexico, Le serment des catacombes, Le cavalier de Bagdad, Le chevalier au bouclier vert, Le messager d'Athènes...
Autant de noms magiques, qui ont fait voyager mon enfance au rythme des aventures de ces héros, au fil des pages. Je les ai dévorés ces petits romans. Après avoir lu Azteca, des histoires un peu plus faciles n'étaient pas pour me déplaire, même si l'Histoire en elle même, la grande Histoire avec un grand H qui sert de toile de fond à la narration, n'est pas non plus toujours rose. Les événements malmènent les personnages, mais ceux ci restent toujours droits, et leur courage rassure les petits lecteurs, leur donne envie d'entrer dans le voyage. Combien de fois me suis-je rêvée dans l'Athène antique, dans le Mexico des Aztèques, au coeur du secret des Pyramides?! Peut-être que si je les relisais maintenant, ces livres me paraitraient enfantins. Peut-être aussi, qui sait, y retrouverais-je le parfum de l'enfance, celui des voyages imaginaires, du temps où tout est encore possible. J'en ai lu des livres, mais ceux d'Odile Weulersse je m'en souviens comme si c'était hier! En période d'achats de Noël, il me semble que ces petits bouquins font un merveilleux cadeau pour des enfants. En tout cas j'aurais aimé qu'on me les offre!

Azteca

Azteca, Gary Jennings.

1000 pages! Et j'avais 13 ans! Un prof de français me l'avait conseillé lorsque j'étais en classe de cinquième, parce qu'il savait ma passion pour l'Amérique Latine -à l'époque je dévorais tout ce qui concernait le Mexique et rêvait d'être archéologue-, surestimant peut-être ma capacité à ingurgiter tant de révélations sur l'Histoire d'un peuple et sur la vie. N'écoutant que ma passion et fatiguée depuis longtemps de lire des romans pour adolescents, je me suis précipitée à la bibliothèque municipale et me suis illico lancée dans la lecture de Azteca. J'ai mis du temps, certains passages m'ont émerveillée, d'autres m'ont choquée, mais jamais je n'ai pensé à abandonner ma lecture, trop avide de savoir la suite de l'histoire, car en plus du récit des personnages, j'étais spectatrice de l'apogée et du déclin du peuple aztèque, de l'époque précolombienne à la conquête. Je me souviens encore très nettement de certains passages comme d'un dessin ou d'une peinture -sans doute la richesse et le réalisme des descriptions-, par exemple cette scène des marchés flottants de Xochimilco que j'ai eu l'impression d'arpenter avec le héros, et ces mêmes marchés plus tard incendiés par les conquistadors. Et je me souviens aussi très précisément de mon sentiment de colère en lisant entre chaque chapitre l'échange épistolaire entre l'évêque de Mexico et Charles Quint qui avait demandé qu'on lui fît ce récit. La froide indifférence des espagnols face à ce magnifique et noble peuple dont ils exterminaient la culture et qu'ils tuaient tout court m'a sans aucun doute marquée à jamais et a certainement commencé à forger en moi ce que sont aujourd'hui mes convictions les plus profondes.
Je crois pouvoir dresser une liste de ces livres qui m'ont orientée, guidée, fait grandir, ce doit être édifiant! Celui-ci en tout cas en fait partie et est parmi les premiers. Et comme on n'a jamais fini de grandir je vous conseille de vous y plonger!

mercredi 5 août 2009

Flash back

Allez, un peu de perso, je sais que les liseurs de blog, désoeuvrés et benêts, en raffolent!...
Voici le bureau de mon adolescence:
le drapeau du Mexique -fait main, s'il vous plait-; une photo -sous verre s'il vous plait- du Popocatepetl; des cactus dans un pot aussi décoré par bibi -pour que ça fasse plus "exotique"-; la photo des chutes d'Iguazu; en haut d'autres photos que vous ne voyez pas: le christ du Corcovado, le Machu Picchu, la place de Cuzco...; une carte du monde en sous main, à l'époque où la yougoslavie existait encore; des livres -je ne me souviens plus lesquels, des récits de voyages sans doute-.
C'était avant ma rencontre avec l'Amérique du Sud, avant le grand tourbillon, à l'époque où déjà je lisais Azteca de Gary Jennings, recopiais des dizaines de pages sur les civilisations aztèque et inca, décalquais les photos des temples de Palenque. Une sorte de prédestination je vous dis! Pour vous donner une idée, lors de mon premier cours d'espagnol en 4ème, je ne connaissais que les Incas -Tintin et le Temple du Soleil- et espérais ardemment que nous allions parler du Pérou et chanter des huayños. L'Espagne? Aucune idée! -Autant vous dire que je fus quelque peu déçue par la tournure que prirent les événements. Ma fixation empira au lycée -mais là je vous raconte ma vie, diantre!- lorsque je décidai de ne participer en classe que pour répondre à des questions sur des textes d'Amérique Latine -incrédulité des professeurs, assez vexés j'avoue, et Dieu sait si la tête d'un adolescent est dure...-. Ma prof d'espagnol de 1ère poussa les hauts cris en apprenant que je lisais, pour mon premier livre dans la langue de Cervantes, El amor en los tiempos del Colera de Garcia Marquez: "Mais c'est beaucoup trop dur pour toi!". Par la suite, et j'en ai beaucoup souffert à la fac, je décidai de ne plus faire la "ceta"-cette fameuse lettre "crachée" plus que prononcée- sous prétexte qu'elle n'existait pas en Amérique Latine. Idem pour le vocabulaire: "Mais ce mot n'existe pas mademoiselle. -Si, en Amérique Latine. -Oui, un américanisme, donc c'est faux." Puis je recontrai la Bolivie, et plus rien ne fut jamais comme avant, m'accrochant cette fois à des certitudes et non plus à des bouts de rêves. Quoique... je ne connais toujours pas le Mexique...!

dimanche 2 août 2009

Ananau Bananau!

Voyez cette video:

http://www.youtube.com/watch?v=LWpBSC9DgD8

Comment vous dire?...
J'ai beaucoup ri, beaucoup aimé entendre dire par d'autres ce que je pense si fort, pas toujours tout bas. Je m'explique.
Depuis quelques années déjà, la musique des Andes est un peu "passée de mode", ne rapporte donc plus beaucoup. Certains restent dans leur ligne et s'évertuent encore et toujours à faire vivre leurs traditions, leurs musiques, leur culture, malgré les difficultés, quitte à être "dans la galère", en ayant cependant la certitude de bien faire et la conviction inébranlable de l'importance de leur tâche. D'autres, au contraire, ont jeté par les fenêtres, très rapidement, ce qui leur restait d'attachement à leur culture, voyant plutôt l'argent qu'ils auraient à y gagner. Dans la rue, dans le métro, dans les villes touristiques, on ne voit plus qu'eux. Souvent équatoriens, pour ne pas dire toujours, habillés en Apaches -même s'ils n'en ont pas la taille- ils jouent une espèce de bouillie musicale qu'ils font passer pour de la "musique des Indiens d'Amérique". Les gens apprécient, les musiciens, les vrais, vomissent de dégoût et de honte sur leur passage. Car renier à ce point ses racines pour de la monnaie tourne à l'indécence la plus repoussante. Certains de ces Apaches miniatures poussent même le vice jusqu'à se faire passer pour de vrais Indiens des Etats-Unis. Ayant déjà eu un bon nombre de fois cette discussion avec des amis Equatoriens, je me dois de rapporter les deux opinions divergentes sur le sujet. Les uns affirment leur droit de s'approprier une tradition qui n'est pas la leur, sous prétexte que "nous sommes tous frères, nous les indigènes du continent américain". Quant à l'argument selon lequel ils ne font cela que pour l'argent, l'ami de répondre: "il faut bien gagner sa vie...". En face, un autre ami équatorien, de Otavalo, de langue maternelle quechua, refuse de regarder ne serait-ce que deux minutes de ces videos de concerts de ses compatriotes "Apaches". Il a honte de ses frères, qui d'ailleurs selon lui ne méritent plus ce titre, et affirme que la musique équatorienne est si riche, "pourquoi se ridiculiser alors que notre culture est si belle?".
Cette video, très directe, incisive, cassante, exprime d'une autre manière cette opinion, en traitant ces équatoriens pseudo apaches de mendiants, de singes, leur demandant d'aller manger leur banane ailleurs et de cesser de nous casser les pieds. Le clip est en réalité une parodie d'une célèbrissime chanson d'un groupe équatorien ayant fait fortune avec l'apache attitude -soit dit en passant, le morceau est musicalement très bien, les paroles en quechua, dommage que le costume ridiculise et neutralise l'ensemble-. L'auteur de la parodie va très loin dans l'insulte, comparant justement le costume à celui d'une poule, invitant les indiens jouant de leur flûte partout -très mal par ailleurs-, à se taire. Le message est clair, pas besoin d'une plus ample explication de texte, j'adhère totalement. Ces gens sont des imposteurs, des traîtres, des voleurs et des menteurs.