vendredi 18 mars 2011

CONTES DE LA MINE

Tragédie

Le jour même où le mineur se perdit comme avalé par l'obscurité, on entendit une voix plaintive qui émergeait des entrailles de la terre.

Ses camarades d'équipe, sans se résigner à le considérer comme disparu, fouillèrent la mine centimètre par centimètre, jusqu'à ce qu'ils le retrouvent nu dans une galerie abandonnée, les yeux exorbités et le corps déchiqueté comme par les griffes d'une bête sauvage.

Non loin de là, et avant que la tragédie ne se sache dans le village, la mère du mineur se réveilla en pleurant: elle avait rêvé du Tio de la mine, et dans son rêve elle avait vu que son fils lui faisait ses adieux, s'éloignant dans un wagon conduit par la mort.

jeudi 10 mars 2011

Pukacapas y corazon

Loin de me laisser abattre par une appréciation de ma chef qui trouve que je ne m'investis pas assez dans mon travail, je continue mon petit boulot sur la Bolivie en faisant cet apres midi une surprise à mes élèves d'option: une dégustation de empanadas de queso et de pukacapas. J'ai fait mon effet: plus aucune miette, tout est parti et a été apprécié! Je leur ai même donné les recettes (parce que comme m'a dit une amie rencontrée sur mon chemin il y a peu, il ne faut pas garder ses secrets de cuisine, sinon, quand on meurt, tout se perd, et la cuisine est quelque chose qui doit se transmettre). Comme vous aviez déjà celle des empanadas de queso, voici les:
PUKACAPAS:
recette typique de Cochabamba (ahhhh, les pukacapas du Wist'u Picu de Quillacollo...)
Pour la pâte:
(de quoi faire une quinzaine d'empanadas)
400 g de farine
2 cuillères à soupe de sucre en poudre
1 pincée de sel
1/2 cuillère à café de levure
1 cuillère à café de aji colorado
4 oeufs
150 g de beurre
Pour la garniture, faire revenir dans l'huile d'olive, le tout émincé:
1 piment rouge
1 piment vert
1 oignon
1 boîte de tomates pelées
des olives noires
sel, aji colorado
Ensuite, il faut étaler la pâte, en découper des cercles sur lesquels on dispose un peu de farce, puis on recouvre d'un autre cercle, on referme en soudant les bords avec de l'eau, on enduit, au pinceau d'un mélange de beurre et de aji colorado (puka, en quechua, ça veut dire "rouge").
Et au four!
30 minutes à 180 degrés et le tour est joué!
C'est long à faire, vite mangé, mais le plaisir reste, surtout cet apres midi avec les élèves. Finalement, que ce soit dans une cuisine ou autour d'un bon plat, même dans un préfabriqué de collège un peu sale, les conversations se font toujours plus intimes, plus amicales, plus humaines.

lundi 7 mars 2011

CONTES DE LA MINE

Le Timbrero*

Le matin où le timbrero entra dans la mine, sans autre pensée que celle d'accomplir son tour de travail, il oublia de prendre sa ch'uspa de coca et sa bouteille de quemapecho. Il ne fit pas le pijcheo avec le Tio ni la ch'alla pour la généreuse et protectrice Pachamama. Il alla directement dans la galerie où se trouvait l'ascenseur, qui servait pour transporter les mineurs d'un niveau à un autre. Il ouvrit la porte aux barreaux rouillés, entra dans la cage à deux étages et attendit l'arrivée du premier convoi, dont les roues grinçaient sur les rails et dont le contact électrique faisait des étincelles entre les câbles tendus tout au long des couloirs de la mine.

Lorsque le convoi s'arrêta devant l'ascenseur, dix mineurs en descendirent avec des rires qui balayaient la pénombre de la galerie. Le timbrero s'installa à sa place et attendit qu'ils entrent dans la cage. « A quel niveau? », demanda-t-il en les regardant un par un. « Au trois cent cinquante », répondirent-ils à l'unisson. Le timbrero assura la porte d'accès, appuya avec sa clé sur le contact électrique et la cage s'éleva lentement, après une légère secousse qui les fit tituber comme s'ils étaient encore assis dans l'un des wagons du convoi.

Les mineurs riaient encore sur un ton moqueur des aventures amoureuses du chasquiri de leur groupe de travail, tandis que le timbrero, étranger à leurs paroles et le regard perdu dans le néant, restait avec l'anneau de la clé enfilé dans l'index de la main, quand le contrepoids de la cage, suspendu à deux cents mètres de hauteur, cessa de tirer le câble. Alors le timbrero, nerveux et étonné, s'accrocha aux barreaux et dit quelque chose que personne ne comprit. Les mineurs se regardèrent en silence et, en un clin d'œil, entendirent comment le câble, enduit de graisse et de goudron, se déroula violemment du tambour, laissant la cage tomber dans le vide et cogner contre le sol, s'écrasant comme une boîte de sardines.

Le seul qui survécut à l'accident fut le timbrero, avec des blessures légères sur les bras et les jambes. « Il a eu de la chance! », dit tout le monde, en constatant que les autres moururent sur le coup, les os transpercés, la tête enfoncée dans le corps et le crâne brisé comme une coquille d'œuf. L'impact fut si intense, que les dix mineurs avaient les os fracturés et la taille réduite à moins d'un mètre.

Les techniciens de l'entreprise vérifièrent que l'accident n'était pas dû à une erreur humaine mais à un problème matériel; une enquête qui, pourtant, n'altéra pas du tout le sentiment de culpabilité du timbrero qui, en plus d'avoir connu un traumatisme qui secoua les fondations de sa vie, refusa de retourner à son poste de travail, invoquant le fait que dans ses rêves lui apparaissaient les dix mineurs morts, se levant de leur tombe et clamant la vengeance à grands cris.

L'entreprise, informée des conséquences funestes de l'accident, décida de licencier le timbrero pour des raisons de santé et de verser une misérable indemnisation aux familles des mineurs qui avaient perdu la vie dans l'ascenseur, dont la cage, de fabrication anglaise, demeura réduite à un tas de vieille ferraille.


Le timbrero, sans travail et en proie à des troubles psychiques, se mit à déambuler dans les rues comme un fou, même si certains disaient que le véritable coupable de l'accident n'était pas cet homme, ni les problèmes matériels, mais le Tio, cet être vengeur qui ne pardonne pas aux mineurs qui oublient de lui offrir des feuilles de coca, des k'uyunas et du quemapecho.

Le timbrero souffrait d'idées délirantes et avait des tendances suicidaires. La tragédie remplit toute son âme et l'autoaccusation lui enrayait l'esprit. Tous les matins, en se réveillant le corps trempé de sueur, il présentait un aspect d'abattement, le regard absent et dans l'incapacité de réagir aux paroles d'encouragement de son épouse, qui avait transporté le lit conjugal dans la chambre voisine, fatiguée de s'occuper de lui comme un nourrisson. Le timbrero, de son côté, ne cessait de demander qu'on le laisse en paix et seul, car le simple fait de se lever du lit supposait un gros effort. La dépression et le sentiment de culpabilité étaient si grands que, malgré le fait d'être en vie, il semblait endurer le châtiment de l'enfer. C'est sans doute pour cela que, tous les jours et toutes les nuits, on l'entendait répéter à grands cris: « Je ne sers à rien! Je suis une ordure! Un assassin!... »

C'est ainsi qu'il passait chaque jour, pleurant et se frappant la poitrine, l'esprit envahi par l'obsession de s'ôter la vie. Mais son cas arriva à un état extrême quand son épouse, une indienne originaire du Nord de Potosi, se vit obligée de lui lier les pieds et les mains pour éviter un dénouement tragique, tout en sachant que le timbrero était incapable de réaliser le moindre acte impliquant un effort, même minime.

Pendant longtemps, personne ne put le sauver de la dépression, à l'exception d'un rêve mystérieux duquel il se réveilla avec l'âme à nouveau dans son corps. Son épouse fut la première à le remarquer, parce que lorsqu'elle entra dans la chambre, elle le trouva souriant et fredonnant un wayño. Elle s'approcha du lit et le timbrero lui demanda qu'elle lui détache les cordes des pieds et des mains, et qu'elle lui serve son petit déjeuner comme d'habitude. Son épouse accomplit son désir avec empressement; elle fit frire les œufs dans la poêle et dorer le pain dans l'huile. Elle lui servit un verre de thé et y versa cinq cuillères de sucre. Le timbrero se lava et s'habilla avec le même costume qu'il portait le jour de son mariage. Il s'assit à la table de la cuisine et prit son petit déjeuner, trempant le pain dans le liquide fumant du verre, tandis que son épouse, assise en face de lui, resta à le regarder avec étonnement, sans savoir à quoi était dû un tel changement.

Le timbrero se leva de table et se prépara à sortir. Son épouse, habituée au silence et à la soumission, ne lui demanda pas où il allait. Le timbrero franchit la porte et gagna la rue, se perdant en direction de la plaine. Seule une voisine qui le vit passer devant sa porte, dit que le timbrero, le cheveu hirsute et les pommettes saillantes, marchait comme une âme possédée par le diable, défiant le vent qui l'assaillait depuis la pointe des montagnes.

Lorsque le timbrero arriva sur la plaine, où des trombes poussiéreuses couraient en tournant comme un cortège et l'orage se déchaînait comme des vipères de feu, il fut surpris par une pluie qui transforma la terre en boue. Le timbrero se réfugia sous un arbre, dont le feuillage était secoué par les rafales de la pluie qui, avançant avec fracas du nord au sud, semblait un rideau gris qui pendait du ciel.

A cet instant, un éclair l'éblouit et la foudre s'abattit contre l'arbre, qu'elle réduisit à une ridicule portion de cendres, tandis que lui fut projeté dans les airs et lancé à plusieurs mètres de distance, la chevelure roussie et les vêtements en lambeaux. Mais comme personne n'assista à l'événement à l'exception des forces mystérieuses de la nature, le timbrero fut tué et ressuscité par un éclair qui lui concéda des pouvoirs surhumains.

Au réveil, comme revenant de la mort, il regarda autour de lui et ne vit que l'horizon lointain de la plaine, un ciel qui s'incendiait d'éclairs et un fleuve qui s'encaissait dans le ravin. Ensuite il se leva et s'éloigna par une sente ouverte sur le flanc de la montagne. Il traversa un pont tendu au-dessus du fleuve tumultueux et avança d'un petit pas rapide, comme si le vent précipitait sa marche. Il avait les mains croisées sur le sexe et les épaules suspendues à la hauteur des oreilles. A peine entré dans le campement minier, où le vent sifflait sur les toits de calamine et dans les trous des murs d'adobe, il fut reçu par les aboiements d'un chien qui lui rendit ses cinq sens, car lorsqu'il arriva chez lui et qu'il trouva son épouse, qui l'attendait assise près des braises du foyer, il ne se souvenait pas d'avoir été tué et ressuscité par la foudre, et encore moins de l'accident survenu dans l'ascenseur de la mine.

Son épouse éclata en sanglots de joie et le timbrero, qui souffrait d'une sorte d'amnésie qui le fit revenir à ses jeunes années, se coucha dans le lit conjugal, disposé à jouir des charme de sa femme qui l'avait supporté pour le meilleur et pour le pire. Elle se déshabilla comme la première fois et se donna entièrement, acceptant que son mari redevienne le même qu'avant. Cependant, durant leur copulation charnelle, elle se rendit compte que l'homme de sa vie avait acquis des pouvoirs surhumains, parce qu'il la souleva dans l'air comme une plume et la maintint éveillée deux jours et deux nuits consécutives.

A partir de ce moment, le timbrero n'était plus un fou qui déambulait dans les rues, mais le yatiri et le devin du village, dont tous sollicitaient les services, depuis les malades condamnés par les médecins jusqu'aux parents préoccupés par l'avenir de leurs enfants. Le timbrero, qui retrouva le respect pour lui même et le sens de la confiance, recommença à gagner son pain quotidien avec la sueur de son front. Il guérissait le mal d'amour grâce à une curieuse sorte d'infusion maison dont la provenance douteuse remontait aux temps d'une ancienne civilisation indigène. Il lisait l'avenir dans les feuilles de coca et devinait les pensées des gens, simplement en les regardant dans les yeux et en leur posant la main sur le front. Et, comme si son souffle avait acquis des pouvoirs magiques pour expulser les esprits malins, il pouvait soigner les patients en leur soufflant dans l'oreille par une corne de vache et il pouvait entendre la voix des défunts dans les courants d'air, les remous du fleuve et les ch'aqas de la mine. C'est ainsi que le timbrero, qui semblait être possédé par le démon, devint un personnage plus important que le gérant de l'entreprise minière et que le maire du village, non seulement parce qu'il était le seul à pouvoir aider les femmes infidèles en effaçant les doutes de leurs maris jaloux, mais aussi parce qu'il possédait le don surhumain de se mettre en contact avec les esprits protecteurs de ce monde et de l'au-delà. Et ce qui était encore plus surprenant, il pouvait affronter des épreuves qui laissaient tout le monde bouche bée; il plongeait dans l'eau sans se mouiller et entrait dans le feu sans se brûler; il avait la capacité de se faire rétrécir à la taille d'une fourmi, de se faufiler dans les bouteilles vides, de passer par le trou des serrures et de grimper sur les murs avec l'agilité d'un moustique.

Tout le monde accepta l'idée que le timbrero était un être prodigieux, qui faisait des miracles rien qu'en parlant et en touchant les gens avec ses mains. Le curé du village, pour défendre les valeurs sacrées de la Sainte Eglise, fut le premier à l'accuser d'imposture et de tromperie, argumentant que personne n'avait jamais été tué et ressuscité par la foudre et qu'aucun devin n'avait plus de pouvoirs que la parole de Dieu. Mais plus grande fut la colère du curé quand il apprit que le timbrero avait ressuscité une enfant avec son souffle, laquelle avait ouvert les yeux, craché des vers de terre par la bouche et s'était levée de son lit comme sortie d'une profonde torpeur. « Ce n'est pas possible, dit-il. Seul notre Seigneur Jésus Christ pouvait guérir les malades et ramener les morts à la vie. Le timbrero ne mérite pas d'aller au royaume des cieux parce qu'il a pactisé avec le diable et est devenu un sorcier. Les personnes qui s'attribuent des pouvoirs surhumains sont des malades mentaux, dont les fantaisies ésotériques gardent des relations avec le satanisme et la magie noire. Il n'est pas un seul homme sur Terre capable de ressusciter un mort avec son seul souffle... »

Le timbrero, comme tous les jours, continuait à recevoir les plus nécessiteux, étranger aux sermons du curé, qui en était arrivé à la décision extrême d'excommunier plusieurs fidèles, en les prévenant que les supercheries n'avaient rien à voir avec l'œuvre du Créateur, mais avec des délires de possessions et avec des superstitions païennes d'autres temps. « Lorsque l'être humain se trouve aveuglé par la puissance et encerclé par l'adversité, disait-il, il a recours à des forces surnaturelles, demande la réalisation d'un miracle. Ces moments d'impuissance et d'irréalité, sont à l'origine des sciences occultes des sorciers et envoûteurs, lesquels ne font rien d'autre que de s'allier avec le démon pour contrarier la volonté de Dieu... »

L'épouse du timbrero, réservée et attentive à son foyer, était la seule qui croyait les yeux fermés aux miracles de son mari, qui, tout en ayant une attitude paisible, était un homme obstiné dans ses objectifs. Ainsi, obéissant à sa dignité et son orgueil de mâle, il fit tous les efforts pour la faire tomber enceinte sans parvenir à son but. « Les femmes qui ne peuvent pas enfanter, ne sont pas des femmes », lui reprocha-t-il un jour, en se rendant compte qu'il ne pouvait rien contre la stérilité féminine, ni les breuvages d'herbes médicinales, ni les onguents pour stimuler l'appétit sexuel, ni les miracles par enchantement. Tout ce qu'il faisait était vain. Alors son épouse, blessée au plus profond de son être, éclata en sanglots, mit en doute sa condition de femme et disparut du campement minier, après s'être coupé les tresses dans une attitude de résignation et de protestation.

A partir de ce jour les événements se précipitèrent dans la vie du timbrero. Il resta seul et désemparé, perdit la confiance des gens et fut tué par la sorcellerie d'un autre envoûteur, au cours d'un rituel où l'on dépeça un lézard et un crapaud, en invoquant le nom de la victime qui, selon ce que racontèrent les voisins, se tordit dans son lit comme un reptile dans la braise, suppliant qu'on lui fasse des signes de croix et qu'on l'asperge d'eau bénite avant d'être enterré.

On sut par la suite que la mort du timbrero n'était pas simplement due à un règlement de comptes, car derrière le maléfice étaient les familles des dix mineurs qui avaient perdu la vie dans l'ascenseur de la mine, où le timbrero avait travaillé avec discipline, jusqu'au jour où oublia de prendre sa ch'uspa de coca et sa bouteille de quemapecho.

Glossaire:

CH’ALLA: m. Cérémonie d'offrande ou de sacrifice aux dieux.
CH’AQA: f. Liquide et boue minérale. Gouttière d'eau qui coule de la voûte dans la mine.
CHASQUIRI: m. Ouvrier de l'intérieur de la mine, dont la tâche est de pelleter la charge et de maintenir plat le sol de la galerie.
CH’USPA: f. Petit sac pour mettre de la coca, des cigarettes ou d'autres choses.
K’UYUNA: m. Cigarette de facture rustique.
PACHAMAMA: f. Mère Terre. Divinité des Andes.
PIJCHEO: n. Action rituelle de mâcher de la coca.
QUEMAPECHO: m. Eau de vie à haut degré d'alcool.
TIMBRERO: m. Ouvrier chargé de l'ascenseur à l'intérieur de la mine.
WAYÑO: m. Musique populaire des Andes, dont le rythme est de caractère mélancolique.
YATIRI: m. Sage, prêtre, guérisseur et conseiller de la communauté andine. Il possède des dons exceptionnels et est expert dans plusieurs arts, parmi ceux-ci la divination dans les feuilles de coca et la médecine traditionnelle. Le yatiri est le seul à pouvoir entretenir des contacts avec tous les niveaux de la cosmovision andine, comme le Alaxpacha (monde céleste), Acapacha (monde terrestre) et le Manqhapacha (monde souterrain et de l'obscurité).

(Traduction: Emilie Beaudet / Photo: Jean Claude Wicky)

samedi 5 mars 2011

A quoi ça sert une grand mère

Une grand mère, quand on est petit, ça sert à se réfugier dans son tablier quand les parents ne sont pas contents; ça sert à essuyer les larmes, à soigner les genoux écorchés, à caresser le front en regardant les étoiles. Une grand mère, ça fait des gâteaux, des fraisiers pour les anniversaires, des tartes aux pommes le dimanche, des taboulés pour les pique nique au bord de l'étang, par tous les temps. Une grand mère, ça vient nous chercher à l'école, ça nous emmène faire des courses, ça nous achète des tartes au citron le mercredi apres midi; ça reste souvent dans sa cuisine, mais quand ça sort, c'est un émerveillement. Une grand mère, ça répand sa chaleur quand ça chante à la messe, ça vous inonde de ses yeux bleus au soleil, ça joue au tennis avec énergie, ça ne se plaint jamais, même quand ça tombe. Parce qu'un jour, oui, ça tombe. Alors on lui tient le bras pour traverser la rue, on en prend soin. Et puis un jour, une grand mère, ça s'en va, ça s'envole, comme une feuille en automne. Alors ça manque, ça serre le petit coeur d'enfant dans le grand corps de pas tout à fait adulte. Plus tard, beaucoup plus tard, quand les larmes sont enfin sorties de la carcasse de grande personne, ça revient parfois, puis de plus en plus souvent. Une grand mère, ça revient toujours; quand on fait une tarte aux pommes, quand on entre dans une église, quand on prend sa voiture, parce que, bizarrement, dix ans plus tard, on s'est acheté la même, va savoir pourquoi. Quand les étoiles sont toutes accrochées, une grand mère, ça revient nous caresser le front, comme si de rien n'était; ça inonde le ciel du bleu de ses yeux. Une grand mère, c'est là, quand à son tour, en regardant la Grande Ourse, on caresse les cheveux de ses enfants.

mercredi 2 mars 2011

Oruro à l'école

Tiens, ça fait un bail qu'on n'a pas parlé boulot vous et moi... Je pensais encore et encore vous faire du réchauffé et vous présenter les danses du carnaval de oruro, mais je me suis dit que c'était pas très classe, un peu méprisant pour vous, chers lecteurs assidus... Alors je vais plutôt vous raconter comment j'ai abordé le sujet en cours avec mes élèves (des fois que ça vous donne des idées... attention, pas de plagiat quand même hein!)
Je précise que j'ai abordé le thème de la Bolivie dans un cours d'option où les élèves sont très peu, doués, sympas et intéressés (si si, y'en a, même ici!) et dans lequel on s'amuse à faire le tour des pays de l'Amérique Latine (parce que ras le bob de l'Espagne, sa corrida et son accent sifflé, chuinté, craché). Alors après l'Argentine de Maradona et Cuba de Nicolas Guillen, nous avons pris l'avion et atterri en musique à El Alto (parce que tous les cours se passent un peu en et autour de la musique, quand même).
La Bolivie, pour les élèves, même cultivés, c'est un peu vague. Pêle Mêle, les musiciens dans le RER, Evo Morales à la télé et les lamas sur l'altiplano. C'est mieux que rien, me direz vous! Pour commencer donc, un super quizz que voici (vous pouvez jouer aussi, chers amis!):
ENCUENTRO CON BOLIVIA
1.Coloca los nombres de los países fronterizos alrededor del mapa de Bolivia:
PERU – BRASIL – CHILE – PARAGUAY – ARGENTINA
2. La particularidad de Bolivia es que:
a. No tiene acceso al mar
b. Es el país mas grande de América del Sur
c. Tiene dos capitales
3.El Lago Titicaca es:
a. un lago de aguas calientes
b. el lago navegable mas alto del mundo
4.Las lenguas oficiales de Bolivia son:
a. el castellano
b. el quechua
c. el portugués
d. el aymara
5.El Presidente actual se llama:
a. Che Guevara
b. Hugo Chavez
c. Evo Morales
6.Su particularidad es que:
a. Es un músico famoso
b. Es un indígena
7.Antes de la colonización española, vivían en Bolivia:
a. los Aztecas
b. Los Incas
c. La civilización de Tiawanaku
8.Bolivia se conoce hoy por:
a. su equipo de fútbol
b. sus minas
c. sus pájaros tropicales
9.La fiesta mas popular es:
a. la elección de miss Bolivia
b. el Carnaval de Oruro
c. El concurso nacional de empanadas
Voilà voilà, avec en prime des photos à associer avec des noms de lieux...
Après, hop là, nous entrons directement dans le vif du sujet avec ce fameux Carnaval. J'avais préparé pour chacun de mes élèves un mini document avec:
-le nom d'une danse
-la photo d'un des costumes
-du vocabulaire pour la description et la signification de la danse
Au choix: tobas, tinku, morenada, diablada, waka tokoris, incas, caporales et pujllay (eh oui, je n'ai que 8 élèves!!!) Après que chacun ait présenté sa danse, on devait répondre pour chacune à une "question video": en regardant le DVD du Carnaval de Oruro (waou, le matos!! "mais c'est vous qui filmez m'dame?" ça le fait!!), il fallait répondre à la question posée.
Voilà voilà. Bon, dommage, pas d'initiation à la danse, mais bon... on ne peut pas tout faire.
A suivre, une étude de plusieurs documents sur les mines, le témoignage de Domitila de Chungara, toujours des photos et évidemment de la musique (los mineros volveremos!!), avec présentation d'instruments (je sens que ça va souffler dans la zampoña) et surprise finale... dégustation d'empanadas et de maté de coca... Ah ah! ça vous coupe le sifflet ça hein!!!
Je pense, sans prétention, que mes élèves se souviendront de la Bolivie!!