Une grand mère, quand on est petit, ça sert à se réfugier dans son tablier quand les parents ne sont pas contents; ça sert à essuyer les larmes, à soigner les genoux écorchés, à caresser le front en regardant les étoiles. Une grand mère, ça fait des gâteaux, des fraisiers pour les anniversaires, des tartes aux pommes le dimanche, des taboulés pour les pique nique au bord de l'étang, par tous les temps. Une grand mère, ça vient nous chercher à l'école, ça nous emmène faire des courses, ça nous achète des tartes au citron le mercredi apres midi; ça reste souvent dans sa cuisine, mais quand ça sort, c'est un émerveillement. Une grand mère, ça répand sa chaleur quand ça chante à la messe, ça vous inonde de ses yeux bleus au soleil, ça joue au tennis avec énergie, ça ne se plaint jamais, même quand ça tombe. Parce qu'un jour, oui, ça tombe. Alors on lui tient le bras pour traverser la rue, on en prend soin. Et puis un jour, une grand mère, ça s'en va, ça s'envole, comme une feuille en automne. Alors ça manque, ça serre le petit coeur d'enfant dans le grand corps de pas tout à fait adulte. Plus tard, beaucoup plus tard, quand les larmes sont enfin sorties de la carcasse de grande personne, ça revient parfois, puis de plus en plus souvent. Une grand mère, ça revient toujours; quand on fait une tarte aux pommes, quand on entre dans une église, quand on prend sa voiture, parce que, bizarrement, dix ans plus tard, on s'est acheté la même, va savoir pourquoi. Quand les étoiles sont toutes accrochées, une grand mère, ça revient nous caresser le front, comme si de rien n'était; ça inonde le ciel du bleu de ses yeux. Une grand mère, c'est là, quand à son tour, en regardant la Grande Ourse, on caresse les cheveux de ses enfants.
2 commentaires:
quel beau texte, Emi
moi tu sais en tant que grandmère, je ne prépare aucun gateau...
par contre je les emmène à la librairie... et on y reste des heures;-))
Ce n'est pas mal non plus! Merci Coumarine!!
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