Bernard Biais, Gueules noires en Dauphiné. L'épopée des mineurs de la Matheysine, 2008.
Il s'agit vraiment d'une épopée, que celle des mineurs de la région de la Mure, en Isère. Lorsque je me suis rendue à la Mure il y a quelques temps, j'avais bien sûr entendu parler des mines d'anthracite, du train de la mine (que j'ai d'ailleurs emprunté et qui est devenu un superbe atout touristique, voir ici). Mais c'est en visitant le musée de la Mine Image que j'ai vraiment ressenti l'importance de l'exploitation du charbon dans l'histoire de la région. J'ai donc voulu en savoir plus et j'ai ouvert, certes un an plus tard, les pages de ce fabuleux document que nous offre Bernard Biais.
Il s'agit d'un recueil de témoignages d'anciens mineurs de fond, ingénieurs, commerçants de la région de la Matheysine. Page après page, on en apprend énormément sur l'histoire, l'exploitation, les soubresauts de ces mines qui produisaient le charbon le plus pur du monde. Tout s'articule autour des prévisions de fermeture des mines et des luttes de toute une population pour conserver son industrie, son patrimoine, sa culture. A travers les différents récits, on se familiarise avec la vie, le travail, la solidarité, une certaine fierté et autant de nobles valeurs véhiculées par les mineurs et leurs familles.
Bernard Biais, passionné par ce travail autant sociologique qu'historique et culturel, a la grande qualité de s'effacer totalement et de mettre en avant la voix des témoins, co écrivant même des passages du livre avec certains d'entre eux. Il le dit lui même, cette enquête au sein du monde minier n'a pas été simple. Car il s'agit véritablement d'un monde à part, où les dangers, les accidents et les maladies semblent dérisoires ou du moins surmontables, dans le discours des mineurs, grâce à la fierté et à l'amour qu'ils portent à leur profession, à la solidarité et à l'entraide qui en découlent, cette même entraide qui, au travers de mobilisations spectaculaires, a permis de retarder de 30 ans la fermeture des sites d'exploitation du charbon.
Bernard Biais, avide de connaissance sur ce milieu particulier, s'est rendu dans les mines de Potosi, en Bolivie. Là-bas, outre des conditions de travail et de vie largement plus déplorable que dans les mines françaises, il a cependant retrouvé un même esprit de courage, de combativité et de fraternité. Il semble que la culture minière, au-delà des frontières, des langues et des territoires, soit universelle et que les mineurs, d'un pays à l'autre, se reconnaissent.
Bien sûr, les dernières mines de la Matheysine ont fermé dans les années 90. Mais cet ouvrage poignant et édifiant est un témoignage vivant qui a le mérite de faire perdurer la mémoire des mines et des mineurs.
Bien sûr, les dernières mines de la Matheysine ont fermé dans les années 90. Mais cet ouvrage poignant et édifiant est un témoignage vivant qui a le mérite de faire perdurer la mémoire des mines et des mineurs.
Bernard Biais a quitté le métier d'ingénieur pour se consacrer à l'association Au delà des mots, l'image, dont il est responsable, et qui anime des ateliers de communication et de prise de parole ainsi que des ateliers d'écriture.
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