mardi 11 octobre 2016

La parole est aux expats ! Sophie : deux pays et trois enfants dans une valise

"Dans une valise, j’aimerais bien ! c’est plutôt 5 !"

1. Pourquoi partir ?

Tout d’abord pour le boulot de mon mari. On lui a proposé un poste au Brésil, à Rio, difficile de refuser. Pour la carrière mais aussi pour la destination. Ma mère est péruvienne mais je suis née et j’ai toujours vécu en France -mises à part deux années en Espagne lorsque j’étais étudiante. Je ressentais le besoin de me rapprocher de mes autres racines, d’aller explorer cette partie de moi qui en France vivait en pointillés. Et puis à ce moment-là, nous venions d’acheter un appart là où j’avais grandi et le hasard m’avait nommée comme remplaçante à l’année dans le lycée où j’avais été élève toute ma vie. Tout juste fêtés mes 30 ans, j’ai eu l’impression que ma vie n’avait plus de perspective, j’ai manqué d’air tout à coup !

2. Brésil, Chili. Quelles différences, quels points communs ?

Beaucoup ! La liste est longue ! Les différences qui me touchent le plus: les paysages et la chaleur humaine. Au Brésil, tout est bien plus vert, plus chaleureux en tous les points de vue. Les points communs : le désordre je dirais. Je pensais qu’au Chili tout serait plus simple, mais non, finalement, c’est tout aussi intense que le Brésil.
La baie de Rio de Janeiro

Le passage des Andes, quelque part entre Rio et Santiago

Un nouvel horizon près de Santiago de Chile

3. Expat, les doigts de pieds en éventail ou le nez dans le guidon ?

Je dirai que les 6 premiers mois, voire un an, c’est le nez dans le guidon. On n’a pas vraiment le choix. Et c’est surtout le conjoint d’expat qui dirige le guidon. Après, ça se détend ! Même si on n’a jamais les doigts de pieds en éventail puisque les enfants ne vont à l’école que le matin !

4. Et la France dans tout ça ?

La France est devenue une chose étrange, lointaine, idéalisée et en même temps critiquée. La critique est indispensable à mon avis, pour accepter là où on vit. Il faut se rappeler que l’on n’a pas souvent le choix de la destination, donc pour bien vivre l’expat, il faut trouver des plus qui permettent de garder la balance du bon côté. Sinon, ça peut vite devenir difficile. Si l’un des membres de la tribu ne se sent pas bien, tout l’équilibre se brise. La famille souffre, le boulot du conjoint qui nous a amené ici en est affecté. Bref, ça peut vire tourner au cauchemar.

On essaie de rentrer une fois par an : pour voir la famille (une vraie expédition !) et faire les courses (autre grosse expédition !). C’est toujours épuisant comme retour. Il faut voir tout le monde et on n’arrive pas toujours à satisfaire les envies de chacun. Pour nous, ce ne sont pas du tout des vacances et ça devient même parfois une obligation. Il y a tellement de choses à découvrir près de chez nous que nous n’aurons plus jamais l’occasion de voir ! Mais les enfants en ont besoin et nous aussi, mine de rien.

5. Un retour prévu ?

Pas vraiment non. Tout dépendra du boulot de mon mari et de la balance ! Si elle continue de pencher du côté de l’expat, on reste. Si ça devient trop pesant, on tâchera de rentrer. Je me pose surtout la question pour mon fils aîné en fait. Je pense que vers 13 / 14 ans, un enfant crée son identité et que pour cela, il a besoin de planter ses racines quelques part. Et l’endroit importe beaucoup. J’aime beaucoup l’Amérique Latine, mais mes valeurs sont profondément françaises. Ce sont ces valeurs que je souhaite transmettre à mes petits. Bien sûr, nous y veillons au quotidien, mais le contexte dans lequel ils vivent influence beaucoup leur perception de voir le monde et influe sur les êtres qu’ils sont en train de devenir. Alors oui, un retour est prévu sûrement quand mon ainé atteindra l’adolescence. En France, peut-être. En Europe, sûrement. Quoi qu’on en dise, cela reste la terre de la liberté et de l’égalité.

6. Alors, heureuse ?

Très. Mais après deux déménagements de grande ampleur, je réalise que le bonheur réside surtout dans le fait d’accepter notre présent. Ne pas ramer à contre-courant, ne pas projeter trop d’expectative sur le futur. Et comme disait ma grand-mère : Soy feliz porque me da la gana !*

Et puis mon grand bonheur est d’être avec les miens, ce petit monde que nous avons créé mon mari et moi. Bien évidemment, le confort de la vie d’expat y contribue amplement, n’allons pas nous mentir. Mais il n’y a rien qui me rende plus heureuse que de voir mes trois enfants grandir en pleine forme. A ce moment-là, je me dis qu’ici ou ailleurs, peu importe, du moment que nous y soyons toujours tous les 5 !

* "Je suis heureuse parce que j'en ai envie"

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