Soit j'écoute trop mes amis, soit mes amis m'en veulent, soit je suis moi-même un peu masochiste. Toujours est-il que j'ai fini par suivre les conseils d'un grand sportif et que me voici en train de choisir une paire de chaussures de sport pour la course. Le vendeur me pose des questions incompréhensibles sur la manière dont je pose le pied avec des mots barbares. Ben... c'est-à-dire?... c'est-à-dire que je pose le pied... par terre!... ah, mauvaise réponse, il fallait répondre extérieur ou intérieur. Puis il me demande à quelle fréquence je vais aller courir. Je gonfle un peu le chiffre, disons, deux à trois fois par semaine, tout étant tout à fait consciente que si j'y vais une fois, ça sera un exploit. Ensuite je dois m'acheter un pantalon de survêtement, large, de préférence, et même comme ça la scène me rappelle les veilles de rentrées des classes où il fallait racheter ce fameux survêt, celui qui serait notre compagnon de torture lors des cours d'Education Physique. J'arrive à la caisse, je paie. Y'a plus qu'à.
Le jour même, pour ne pas aller rendre les chaussures et demander un avoir en prétextant un problème de taille, de manière à éviter la confrontation avec l'instant T où il faudrait se lancer, le jour même, donc, je me dirige vers la forêt. Elle est juste au bout de ma rue, cette charmante forêt, mais malgré le nombre maintenant répété de mes sorties course, je ressens toujours un énorme sentiment de honte en parcourant les cent mètres qui me séparent de l'entrée du bois. Je les fais en marchant, d'ailleurs, pour qu'on ne me regarde pas, surtout pas. Dès la première fois, pourtant, j'aurais dû être rassurée: des gens qui courent, il y en a de toutes les tailles et corpulences, de tous les âges, de tous les styles, du malade du chronomètre à caleçon moulant aux ménagères de cinquante ans essoufflées et au visage oscillant entre le pourpre et le violacé. Eh bien non, j'ai toujours aussi honte. J'ai beau me dire qu'on est tous égaux, j'ai l'impression d'être aussi crédible qu'une danseuse classique au milieu de rugbymen, voir même qu'une nageuse en palmes sur une patinoire. Et je ne sais pas nager, c'est dire...
Alors, évidemment, la première fois, je suis partie trop vite... j'ai fait 100 mètres et j'ai failli cracher le petit pois. Inutile de vous décrire les courbatures qui m'ont assaillie pendant plusieurs jours. Et c'est là que je me suis dit: la course, c'est parfait, ça fait travailler tous les muscles. Oui, parce qu'après la première fois, TOUS les muscles me faisaient mal, sans exception. Ensuite, j'ai réglé mon rythme, c'est-à-dire le minimum possible, un ralenti maximum. Je pense que je me fais largement doubler par tout le monde. Qu'importe, j'insiste.
Je plaisante, mais la course, ça peut vite devenir une drogue. J'oubliais aussi de dire que vu le prix dissuasif des activités sportives en région parisienne, on a de suite envie de faire du sport tout seul, n'importe lequel, mais tout seul dans son coin et en ayant bien pris soin de cacher bien profond son porte-monnaie. Une drogue, je disais. La course remplace le cri de rage, l'insulte à l'automobiliste ou à son voisin, ou la paire de claques, quand le stress est trop présent, vide les pensées et les concentre sur rien, on a l'impression de les semer en courant et de ne plus s'y fixer, c'est magique. La course remplit la cage thoracique d'air, d'oxygène, et les yeux de belles choses. Oui, évidemment, je ne suis pas assez inconsciente pour aller courir sur le bitume. Le sport et la nature sont pour moi indissociables. C'est pour ça que je vais en forêt. Là, tout en courant à mon pas de sénateur, j'observe les feuilles qui changent de couleur, je m'imprègne de la pluie de l'averse que j'ai un immense plaisir à ne pas éviter, je laisse la chaleur de la terre après la pluie m'envahir, j'écoute -je ne suis pas assez idiote pour aller courir en forêt avec la musique à fond dans les écouteurs comme le font certains, comportement aussi débile que ceux qui se grillent une clope en arrivant en haut de l'Aiguillette des Houches- les oiseaux siffleurs, merles ou rouges-gorges, je croise parfois des petits écureuils. Oui, naïvement, moi je pensais que le pas de course les surprendrait plus que la marche, mais non, les animaux me regardent passer, et reprennent leurs petites activités. Et poutant, j'ai vraiment l'impression d'avoir deux éléphants accrochés à mes jambes façons skaters qui se font tirer par un bus...
Je plaisante, mais la course, ça peut vite devenir une drogue. J'oubliais aussi de dire que vu le prix dissuasif des activités sportives en région parisienne, on a de suite envie de faire du sport tout seul, n'importe lequel, mais tout seul dans son coin et en ayant bien pris soin de cacher bien profond son porte-monnaie. Une drogue, je disais. La course remplace le cri de rage, l'insulte à l'automobiliste ou à son voisin, ou la paire de claques, quand le stress est trop présent, vide les pensées et les concentre sur rien, on a l'impression de les semer en courant et de ne plus s'y fixer, c'est magique. La course remplit la cage thoracique d'air, d'oxygène, et les yeux de belles choses. Oui, évidemment, je ne suis pas assez inconsciente pour aller courir sur le bitume. Le sport et la nature sont pour moi indissociables. C'est pour ça que je vais en forêt. Là, tout en courant à mon pas de sénateur, j'observe les feuilles qui changent de couleur, je m'imprègne de la pluie de l'averse que j'ai un immense plaisir à ne pas éviter, je laisse la chaleur de la terre après la pluie m'envahir, j'écoute -je ne suis pas assez idiote pour aller courir en forêt avec la musique à fond dans les écouteurs comme le font certains, comportement aussi débile que ceux qui se grillent une clope en arrivant en haut de l'Aiguillette des Houches- les oiseaux siffleurs, merles ou rouges-gorges, je croise parfois des petits écureuils. Oui, naïvement, moi je pensais que le pas de course les surprendrait plus que la marche, mais non, les animaux me regardent passer, et reprennent leurs petites activités. Et poutant, j'ai vraiment l'impression d'avoir deux éléphants accrochés à mes jambes façons skaters qui se font tirer par un bus...
Et puis, parfois, je l'avoue, j'ai du mal à m'encourager, à me motiver, surtout quand des fraises des bois ou des fleurs de chèvrefeuille me tendent les bras. Alors, je souris, et je me dis que la course, finalement, est une torture assez agréable.
2 commentaires:
bonsoir emi
j'ai pris bcp de plaisir à lire ton billet
Je ne cours pas, mais j'aime marcher une demi heure chaque jour...
Bonjour Coumarine, j'espère que tu vas bien. C'est vrai que la marche est une superbe recharge de batteries. J'espère que les tiennes se remplissent un peu tous les jours...
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