dimanche 1 juillet 2012

Chico y Rita

Entamons donc une petite série sur les films de l'été.
Le premier donc s'intitule Chico et Rita, de 2010 et du réalisateur Fernando Trueba.
Le film m'intéressait pour plusieurs raisons: d'abord parce qu'il situe son action entre la Cuba pré-révolutionnaire et la Cuba d'aujourd'hui, ensuite parce qu'il s'agit d'un film d'animation, enfin parce que la musique est au centre de l'oeuvre. Trois bonnes raisons pour enfin me poser et voir cette petite perle. Les dessins de Javier Mariscal sont magnifiques, très réalistes et même temps très artistiques. Je ne m'y connais pas beaucoup en film d'animation, ni en illustration, mais ces dessins-là m'ont de suite fait penser à un carnet de voyage, aux visages entre ombre et lumière de Titouan Lamazou, un mélange de souvenirs d'enfant et d'art pur. Ensuite, la mise en mouvement des corps suit une technique très poussée qui rend le film hyper vivant et réaliste, si bien qu'on finit par en oublier le côté pictural pour pénétrer vraiment dans l'histoire et dans les personnalités. La musique y est pour beaucoup, en ce qu'elle est bien plus qu'une illustration sonore, pratiquement la protagoniste de Chico et Rita. Chico et Rita, justement, sont deux musiciens. Lui est un jeune pianiste au talent prometteur, elle, une chanteuse à la voix suave et sensuelle. Ils se rencontrent et de suite leur relation oscille entre collaboration professionnelle qui vise à gagner un concours et jeu de séduction-passion-déchirure. Dans La Havane de la fin des années 40, le jazz commence à prendre sa place de musique à la mode, et la mode est aux rythmes américains. Le concours est remporté par Chico et Rita mais les deux artistes-amants se séparent et partent chacun de leur côté pour New York. Nous sommes en plein coeur de l'évolution musicale de l'époque, du début des années 50, avec Chano Pozo, Charly Parker, Dizzie Gillespie, Mario Bauza... c'est-à-dire à l'origine d'une musique métissée, entre le jazz et la musique cubaine, ce qui donnera naissance, une décennie plus tard, à la salsa. Les personnages, entre fiction et réalité, retracent donc cette histoire musicale dans ce qui est à n'en pas douter un hommage à la musique cubaine. Mais, à la différence d'un documentaire comme a pu l'être Buena Vista Social Club, Chico et Rita n'est pas qu'une bande son. C'est avant tout un film, une histoire qui s'incruste, se tisse dans le canevas de la grande Histoire de l'époque: celle de l'après guerre aux Etats-Unis qui voit déjà poindre avec horreur les prémices de la ségrégation raciale, celle de Cuba dominée par les américains puis révolutionnaire, qui interdit du même coup la musique américaine et fait de Chico, l'ancien pianiste prometteur, un cireur de chaussures dans les rues dévastées de La Havane. Je pourrais en parler pendant des heures tant le film est beau et m'a plu, mais allez plutôt le voir par vous-même et donnez-moi en des nouvelles!
"La musique les a unis... le succès les a séparés..."

1 commentaire:

brunolug a dit…

Un petit chef d'oeuvre!