Yasmina Khadra, Les agneaux du Seigneur, 1998.
Il en est des livres et des auteurs comme de la musique et des compositeurs-interprètes, quand j'en découvre un qui me plaît, je fouille tout, je scrute, j'étudie le qui, le quoi, le comment. Avec la musique, j'écoute en boucle, apprends par coeur, me fixe sur le moindre détail, me saoule presque, jusqu'à l'overdose. Comme un coup de foudre (un jour je vous parlerai de mes dernières lubies musicales et pourquoi pas des anciennes, pendant que j'y pense).
La littérature me provoque le même type de réactions excessives. Je découvre un livre, un auteur, parfois par hasard (oui, enfin je n'y crois pas du tout, soit dit en passant) et j'adhère, m'émerveille, lis et relis, apprends, m'inspire, m'imprègne. Parce que je suis une amoureuse du mot, de la rime, de la formule, de la musicalité de la langue, des styles extrêmes, originaux, risqués, poétiques et crus à la fois.
J'ai finalement lu L'attentat de Yasmina Khadra. Ce livre me tendait les bras depuis des mois dans une bibliothèque auvergnate sans jamais être assez séduisant pour que je l'emporte... Encore une fois, une panne de lecture, rien sous la dent, plutôt ça que rien, je l'ai finalement pris avec moi. Ou plutôt, c'est le roman qui m'a prise, de suite, alors que je n'en attendais pas grand chose. Une rencontre.
De retour chez moi, je me suis ruée dans ma biliothèque municipale pour aller y piocher d'autres livres de Y. Khadra. Je viens de terminer Les agneaux du Seigneur. J'en suis bouche bée.
De retour chez moi, je me suis ruée dans ma biliothèque municipale pour aller y piocher d'autres livres de Y. Khadra. Je viens de terminer Les agneaux du Seigneur. J'en suis bouche bée.
J'avais trouvé L'attentat risqué, osé, engagé, novateur; ici, nous allons encore plus au fond des choses puisque le roman nous plonge dans l'horreur de l'Algérie des années 90, les années sombres du terrorisme. Nous sommes dans un village, le théâtre d'un huis clos, un microcosme métaphore de tout un peuple, voir même de l'humanité. La vie qui s'écoule, les dominants et les dominés, les gagnants et les perdants, les chanceux et les perdus. Et puis un jour, un jeune imam tout juste sorti de prison revient au village, portant avec lui des idées extrémistes. De suite, une cour se forme autour de lui, d'adeptes, de suiveurs, d'opportunistes, d'apeurés. Les jeunes revêtent peu à peu des barbes de plus en plus fournies et des yeux de plus en plus rageurs. Et peu à peu le village sombre dans la peur, la terreur, l'horreur. Partout dans le pays, le FIS, les intégristes, font des ravages, et l'ancienne petite bourgade paisible n'échappe pas à cette tornade qui massacre tout sur son passage, femmes, vieux et enfants, et répand partout où elle passe un bain de sang.
Ce qui est intéressant, ce n'est pas le récit des événements historiques, tout le monde les connaît malheureusement, mais cette manière des les raconter. Encore une fois, Yasmina Khadra ne se lance pas dans un plaidoyer larmoyant pour la paix ou dans une condamnation argumentée du terrorisme. Non, il garde son rôle d'écrivain (engagé, évidemment, bien sûr, car comment ne pas l'être face à de tels faits) et son regard de sociologue. Il nous dépeint à la perfection, dans le moindre détail, la psychologie de ses personnages (tellement réalistes qu'on se sent souvent visé), de comment on passe de dominé à dominant, de comment on retourne sa veste, on tente de se placer dans le "bon" camp, celui des vainqueurs, toujours. Et comme dans L'attentat, comment on sombre si facilement dans la méfiance, dans la dénonciation, dans la haine de l'autre, du voisin, du semblable, et pour finir, inévitablement, de soi-même. J'admire vraiment ce travail sur la psychologie humaine et sur ce décor étouffant du village, comme une bulle, un carcan. Il y a du Garcia Lorca dans l'évocation de la vie, quasi impossible, dans ces régions désertiques, au climat et aux coeurs arides, dans cette façon de traîter non pas des protagonistes (d'ailleurs il y a tellement de personnages dans Les agneaux du Seigneur qu'on finit par s'emmêler les pinceaux, c'est certainement volontaire d'ailleurs) mais d'un personnage collectif, ici, le village.
Ce qui est intéressant, ce n'est pas le récit des événements historiques, tout le monde les connaît malheureusement, mais cette manière des les raconter. Encore une fois, Yasmina Khadra ne se lance pas dans un plaidoyer larmoyant pour la paix ou dans une condamnation argumentée du terrorisme. Non, il garde son rôle d'écrivain (engagé, évidemment, bien sûr, car comment ne pas l'être face à de tels faits) et son regard de sociologue. Il nous dépeint à la perfection, dans le moindre détail, la psychologie de ses personnages (tellement réalistes qu'on se sent souvent visé), de comment on passe de dominé à dominant, de comment on retourne sa veste, on tente de se placer dans le "bon" camp, celui des vainqueurs, toujours. Et comme dans L'attentat, comment on sombre si facilement dans la méfiance, dans la dénonciation, dans la haine de l'autre, du voisin, du semblable, et pour finir, inévitablement, de soi-même. J'admire vraiment ce travail sur la psychologie humaine et sur ce décor étouffant du village, comme une bulle, un carcan. Il y a du Garcia Lorca dans l'évocation de la vie, quasi impossible, dans ces régions désertiques, au climat et aux coeurs arides, dans cette façon de traîter non pas des protagonistes (d'ailleurs il y a tellement de personnages dans Les agneaux du Seigneur qu'on finit par s'emmêler les pinceaux, c'est certainement volontaire d'ailleurs) mais d'un personnage collectif, ici, le village.
Et comme je suis vraiment de nature compulsive, j'enchaîne de suite sur un autre roman du même auteur. A suivre...
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