mardi 7 février 2012

Commentaires sur Azteca

J'en avais parlé ici, sur ce fameux blog de lectures que, j'avoue, nous n'avons que trop peu alimenté. Ensuite, j'avais transféré l'article ici, pour que vous puissiez en profiter. Il y a quelques temps, mon amie Michèle m'a informée de la réception de quelques commentaires sur le livre en question, sur l'article du premier blog. Je remets le débat sur la place publique...
Pour mémoire, voici l'article que j'avais écrit sur le bouquin de Gary Jennings:
"1000 pages! Et j'avais 13 ans! Un prof de français me l'avait conseillé lorsque j'étais en classe de cinquième, parce qu'il savait ma passion pour l'Amérique Latine -à l'époque je dévorais tout ce qui concernait le Mexique et rêvait d'être archéologue-, surestimant peut-être ma capacité à ingurgiter tant de révélations sur l'Histoire d'un peuple et sur la vie. N'écoutant que ma passion et fatiguée depuis longtemps de lire des romans pour adolescents, je me suis précipitée à la bibliothèque municipale et me suis illico lancée dans la lecture de Azteca. J'ai mis du temps, certains passages m'ont émerveillée, d'autres m'ont choquée, mais jamais je n'ai pensé à abandonner ma lecture, trop avide de savoir la suite de l'histoire, car en plus du récit des personnages, j'étais spectatrice de l'apogée et du déclin du peuple aztèque, de l'époque précolombienne à la conquête. Je me souviens encore très nettement de certains passages comme d'un dessin ou d'une peinture -sans doute la richesse et le réalisme des descriptions-, par exemple cette scène des marchés flottants de Xochimilco que j'ai eu l'impression d'arpenter avec le héros, et ces mêmes marchés plus tard incendiés par les conquistadors. Et je me souviens aussi très précisément de mon sentiment de colère en lisant entre chaque chapitre l'échange épistolaire entre l'évêque de Mexico et Charles Quint qui avait demandé qu'on lui fît ce récit. La froide indifférence des espagnols face à ce magnifique et noble peuple dont ils exterminaient la culture et qu'ils tuaient tout court m'a sans aucun doute marquée à jamais et a certainement commencé à forger en moi ce que sont aujourd'hui mes convictions les plus profondes.
Je crois pouvoir dresser une liste de ces livres qui m'ont orientée, guidée, fait grandir, ce doit être édifiant! Celui-ci en tout cas en fait partie et est parmi les premiers. Et comme on n'a jamais fini de grandir je vous conseille de vous y plonger!"

Et voici donc le dernier commentaire en date qui a fait suite à cet article sur le blog de lectures:
Anonyme:
Bonjour,
Je suis en train de le lire et je suis très deçu. Je suis à la page 180. Je recherche des livres avec une intrigue et c’est pas du tout le cas. C’est plat et y’a trop de description à mon goût, ça rend très pesant la lecture…. Et je déteste les livres racontés à l’imparfait, je trouve que ça nous empêche de rentrer dans la peau du personnage.
En plus de ça, je trouve que l’auteur est un gros pervers sexuel, qui se complet en détaillant des scènes complètement cochonne et sale. On a l’impression qu’il exprime tout ses fantasmes les plus ténébreux sous couvert des soi-disant moeurs d’une civilisation. Il voit clairement que Gary raconte de façon subtile la vie sexuelle des Aztèques sous l’oeil des colons en les prenants pour des sous-hommes voir animaux en se délectant de scène de sexes qui sortent de sa complète imagination la plus dégoûtante. C’est comme si les gens du futur racontaient dans les livres d’histoires que le peuple français était comparable à dutroux. Nous voyons dans se livre que Gary à un art d’écrire des choses écoeurantes de façon très subtiles pour qu’elles soient politiquement correctes tout en se cachant derrière une civilisation. J’imagine que Gary devait avoir plein de cassettes pornographiques chez lui…
Comme si aux environs de l’âge de 7 ans une fille aurait l’idée de droguer son frère pour coucher avec? Comme si à 7 ans Mixtil a eu une relation incestueuse ignorant la portée de son acte? L’auteur prend les Aztèques pour des débiles et les lecteurs par dessus tout! De toute manière ils savaient très bien qu’ils faisaient mal vu qu’ils se cachaient pour pratiquer. Azteca est sensé retracé la vie général des Aztèques alors je ne vois pas pourquoi l’auteur focalise sur des scènes pornographique avec des enfants surtout qu’il raconte bien que les parents Aztèques étaient très sévères avec de code de conduite très strict.
Ou encore comme si une esclave se complaisait à se faire violer par tous les garçons et qu’elle en redemandait? nan mais faut arrêter de vomir ses fantasmes dans des livres!!! et dire que c’est édité pour tout public! D’après d’autres commentaires sur internet je ne suis pas au bout de mes surprises car on parle de viol homosexuel et de pédophilie.
Faut faire attention de pas se faire manipuler par une époque où l’Espagne avait soif de conquête en faisait passer les habitants d’Amérique pour des « sauvages » et qu’ils faillaient les exterminés en justifiant leurs actes par ce genre d’histoires montées en épingle qui font nos archives! C’est toujours le même refrain! On a fait largement pire en colonisant (avec toutes les atrocités qu’on leur a fait subir) que ce qu’ils faisaient eux-mêmes dans leur coin. C’est l’hôpital qui se fou de la charité. La différence entres les européens et les incas, indiens etc c’est que les européens savent mettre un jolie papier cadeau autour de atrocités, tout est une question de com’. Tout comme Azteca qui est un livre sur les Aztèques avec de la pornographie dissimulée subtilement.
Je suis donc très choqué qu'un enseignant est conseillé à quelqu'un de 13 ans de lire ce livre!
 
Ma réponse: (avec toute la diplomacie dont je suis parfois capable...
Cher Anonyme,
du haut de mes 13 ans, je n'avais pas lu ces scènes telles que vous les décrivez. J'y avais plutôt vu un peuple grand et fier de sa culture, écrasé par des espagnols assoifés de sang et d'or. L'opinion de l'auteur me semble plutôt celle de quelqu'un qui veut raconter la déroute d'un empire, soumis par une poignée d'hommes sans culture, les conquistadors (dont certains savaient à peine lire). Nous le voyons bien à travers les lettres écrites par Charles Quint. Il existe un décalage entre les deux visions, certes, mais aussi une sorte de fatalité d'un destin irrémédiable qui conduit une grande civilisation à sa perte. Visiblement, vous avez transposé des réalités dont on parle dans notre actualité moderne (viols, incestes, tournantes...) à ces fameuses scènes "de sexe" présentes dans le livre, cherchant à comprendre ce que vous lisiez en l'associant à des choses "connues", identifiées. Mais l'acte sexuel n'est pas toujours un crime ou un péché. Si l'on sort de la vision catholique culpabilisante, on peut alors entrevoir la relation sexuelle autrement, avec un autre regard, plus ouvert sur l'homme et sa faculté de s'unir avec le cosmos lorsqu'il s'unit charnellement avec l'autre. Mais je peux parfaitement comprendre que cette lecture soit personnelle, très culturelle et donc difficile à partager pour un oeil européen.
Cher Anonyme, juste une dernière question: n'avez-vous donc pas été encore plus choqué par les scènes de massacres de la population locale par les espagnols?
Comme dirait l'autre, votre avis nous intéresse! Si vous avez lu le livre, ou pas d'ailleurs, vous êtes les bienvenu(e)s pour entrer dans cette discussion (que vous pouvez suivre sur cet article ou bien ici.)

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