dimanche 30 octobre 2011

A bas Halloween dans la llajta!

Le journal Los Tiempos de Cochabamba d'aujourd'hui nous pond un article ayant pour thème: à Cocha, nous ne fêtons pas Halloween, au contraire, les cultes traditionnels sont en pleine réactivation. Explication: traditionnellement, dans les cultures andines, la mort est un événement de la vie, parmi d'autres, et, contrairement à la plupart des religions, de coupe pas le lien entre les vivants et les défunts, ne représente pas une rupture. Régulièrement, on leur rend visite au cimetière, on allume des bougies dans les maisons chaque semaine, chaque mois, pour entrer à nouveau en contact avec eux. Il ne s'agit pas de l'épouvante, du frisson malsain de faire tourner les tables, un coup pour oui, deux coups pour non. Non, la mort, les morts ne font pas peur. Au contraire, leur présence rassure et réconforte. Malgré leur absence physique, ils sont toujours là. Le jour de la Toussaint catholique est aussi un moment de convergence entre christianisme et rituels andins, comme il en existe tant dans le calendrier. Les évangélisateurs ont toujours été très forts pour situer les fêtes catholiques au moment des célébrations ancestrales, la plupart du temps liées aux solstices, calquées sur le calendrier agricole. Tandis que les "croyants" se rendent à l'église et sur les tombes pour pleurer, les "païens", eux, accourent au cimetière les bras chargés de fleurs et des mets préférés de leurs petits morts adorés, afin de les partager avec eux, de réactiver le lien, paradoxalement de semer un peu plus de vie. Ce genre d'explication fait bondir et dresser les cheveux sur les têtes monothéistes, catholiques ou musulmanes avec qui j'ai pu en discuter. Pour eux, le mort est entre les mains de Dieu et c'est un domaine interdit. Impossible d'imaginer une seule seconde que le défunt puisse lui aussi devenir en quelque sorte un dieu, un esprit protecteur. Il est pourtant tellement réconfortant de les laisser revenir et de sentir la chaleur et le réconfort de leur présence, de leur ajayu (j'ai déjà expliqué ce mot ici) autour de nous.
Bref, l'article de Los Tiempos revendique cette conception des choses comme dominante dans la ville de Cochabamba, contrairement à la capitale La Paz (et hop, un coup de pied) dont le trafic est même totalement paralysé dans certaines grandes artères par tous les enfants qui demandent des bonbons habillés en sorcières. De même dans les quartiers riches ou Halloween est très implanté (et hop, deuxième tacle). La conclusion de l'article: cette fête andine est une fête de partage et de vie, de communication avec les morts, de joie de les retrouver, comment laisser entrer dans notre douce ville de Cochabamba les esprits maléfiques de cette fête nordique ancestralement en rapport elle-aussi avec l'agriculture mais pervertie par les Etats-Uniens (tacle les deux pieds en avant, mais à qui met-on le carton rouge?).

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