lundi 12 septembre 2011

CONTES DE LA MINE

Le pari

Le Tio et le mineur firent un pari entre deux verres.

-Je parie que cette nuit tu n’es pas capable de t’envoyer ma femme, défia le mineur.

-Je te parie que si, renchérit le Tio et il sourit comme un maître invaincu dans ce type de jeux et de ruses.

Si le Tio gagnait, le mineur se dévouerait corps et âme au souverain des ténèbres ; mais si le mineur gagnait, le Tio le protègerait des maladies et des dangers, et lui donnerait une partie de ses richesses.

Pari tenu.

Ce même soir, le Tio se présenta chez le mineur, il se glissa dans le lit de sa femme et passa des heures à la retourner d’un côté et d’un autre, sans pouvoir accéder à son intérieur, jusqu’à ce que la lumière de l’aube pointe à la fenêtre, lui annonçant l’heure de son départ.

Le matin, avant que ceux du troisième groupe de travail ne terminent, le Tio et le mineur se retrouvèrent dans la galerie.

-Tu te l’es faite?, lui demanda-t-il sur un ton ironique.

-Comment j’aurais pu me la faire, merde? Ta femme n’avait de trou ni en haut ni en bas.

Le mineur, conscient que dans le lit ce n’était pas sa femme mais un sac de farine habillé en indienne, se tordit de rire dans une attitude de triomphe, jusqu’à ce que le Tio, désireux de se venger du piège tendu par son rival, l’arrête net et lui dise :

-Tu as gagné ton pari, mais tu as perdu ta femme.

-Comment?, s’exclama le mineur, stupéfait et tremblant de peur.

-Oui, affirma le Tio. Cette fois tu t’es grillé, parce que tu as eu la bêtise de la cacher sous le lit, où elle a été réduite en poussière pour t’avoir obéi là où elle n’aurait pas dû.

Le mineur se mit à pleurer et crier, plein du remord de s’être moqué de celui qui récompense avec la même facilité qu’il impose un châtiment.

Traduction:Emilie Beaudet / Illustration: http://levantate.over-blog.com/article-bolivie-quelques-caracteristiques-du-carnaval-de-oruro-44365713.html

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