La dernière fois qu'on s'est vues, ma belle, c'était comme un adieu. Je me revois en haut du Col Ferret, le vent de la vallée italienne dans les yeux, ce n'était pas qu'une brise. Un air de dernière fois. On s'est quittées sur des non dits, trop brusquement. C'est souvent comme ça que je quitte les gens dans la vie! A partir de là, je n'ai plus rien voulu savoir de toi, tu appartenais au passé. J'ai détourné le regard et je l'ai éperdument accroché à d'autres cimes, Tunari, Illimani, Huayna Potosi... De temps en temps je regardais quand même tes photos, je prenais de tes nouvelles, je dépoussiérais tes bouts d'ardoise ou tes scories de mine dans ma bibliothèque. La Tarentaise, Peisey Nancroix, que des souvenirs. Il y avait encore une énergie qui se dégageait de là mais, rien à faire, tu n'avais plus le premier rôle. Ailleurs, c'était mieux.
Alors, après cinq ans d'absence, je reviens te voir en marchant sur des oeufs, comme on fait un premier voyage. Moi qui connais ton climat par coeur, tes mois de juillet à 10 degrés dans le brouillard, tes cagnards à 2500 mètres, je fais et défais ma valise; moi qui connais si bien ta géographie, je me prépare des itinéraires et des visites à faire, comme pour passer incognito. J'ai peur de me sentir étrangère, de ne plus être accueillie, que tu ne me reconnaisses pas. J'ai peur que tu m'en veuilles et de la rudesse que tu sais si bien montrer aux nouveaux venus. J'ai peur parce que je reprends le fil là où tout a basculé. Tu sais, ma vie a pris plus de virages que n'en contient le col des Aravis!
Alors, après cinq ans d'absence, je reviens te voir en marchant sur des oeufs, comme on fait un premier voyage. Moi qui connais ton climat par coeur, tes mois de juillet à 10 degrés dans le brouillard, tes cagnards à 2500 mètres, je fais et défais ma valise; moi qui connais si bien ta géographie, je me prépare des itinéraires et des visites à faire, comme pour passer incognito. J'ai peur de me sentir étrangère, de ne plus être accueillie, que tu ne me reconnaisses pas. J'ai peur que tu m'en veuilles et de la rudesse que tu sais si bien montrer aux nouveaux venus. J'ai peur parce que je reprends le fil là où tout a basculé. Tu sais, ma vie a pris plus de virages que n'en contient le col des Aravis!
Je ne sais pas à quel moment on se reconnectera, toi et moi. Peut-être à la chapelle Sainte Anne, devant les reines du Col de Balme ou en passant le Saint Bernard. Mais j'ai l'espoir de replanter quelques racines dans tes lappiaz. Dans ma bibliothèque, comme une apacheta, tes ardoises et tes scories sont en équilibre sur deux cailloux d'étain de Siglo XX, Norte Potosi, Bolivia. Ce sont les strates géologiques de ma vie.
1 commentaire:
Ouaaiis! Et la Croix Fry, le massif de Beauregard, le Chinaillon j'adore ce coin (ces hauteurs) c'était mon pied à...neige il n'y a pas si longtemps. Je reviendrai aussi...
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