lundi 16 mai 2011

La voix des océans

Olivier de Kersauson, Ocean's song, 2008.

De l'air, du large, des embruns et des grands vents. C'est ce qui se dégage de ce livre rien qu'à l'ouverture de ses premières pages. C'est bien ce qu'il me fallait pour alléger un peu ma quarantaine (oui, la rougeole, rien de grave, mais à mon âge, ça calme). Bref, un appel du large. Olivier de Kersauson prend bien le temps au début de son bouquin, peut-être trop d'ailleurs, pour nous expliquer le traumatisme que la guerre avait laissé sur sa famille et son environnement. Né en 1944, il a ressenti comme un énorme poids tous ces non dits, ces silences, ces interdits et la peur que ça recommence. Si bien que depuis toujours, le germe de la fuite s'est ancré au plus profond de lui. Un seul souhait, une seule perspective, fuir ce monde figé des terriens pour celui de la mer, repousser les règles et les horizons, surtout ne jamais être attaché ni contraint à rien. Pendant des années il navigue avec Tabarly, dont il apprend beaucoup, puis ce sont des decennies de courses, de records, de tours du monde dans tous les sens. Pourtant, ce livre n'est pas le récit d'une série de victoires contre la mer, contre les éléments. C'est plutôt le témoignage de vie d'un homme qui a choisi son élément, choisi de n'avoir qu'une patrie, les océans. Kersauson nous raconte ses souvenirs, en vrac, ses impressions sur les choses, les gens, les pays et leur évolution à travers le temps, ses petits boulots, ses coups durs. Le tout avec un langage taillé au fil du rasoir, entre poésie pure à l'unisson de la beauté du monde et familiarités bourrues. Le marin nous entraine et on finit par l'admirer, par s'incliner devant la trace qu'il laisse. Sa vie, son oeuvre en un seul mot: la solitude, la grande solitude de l'aventurier qui rend lucide, vrai et sage.

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