mardi 1 février 2011

Le Carnaval de La Paz

Trêve de plaisanterie, comme tous les ans, voici le Carnaval qui approche et je ne peux faire autrement que d'en parler, d'en parler et d'en parler encore. En Bolivie, le plus connu est évidemment celui de Oruro, mais en faisant mes recherches sur la culture minière, dans l'optique de cerner les particularismes des Carnavals miniers, j'ai beaucoup appris sur ceux des autres villes. Un ami paceño m'a gentiment renseignée sur le Carnaval de La Paz.
En ville surtout c'est une fête haute en couleurs avec des personnages particuliers qu'on ne retrouve que dans la capitale. C'est le cas du "Pepino", le personnage principal, dont l'apparition et la disparition ponctuent la durée des festivités. Le Pepino est à mi chemin entre l'Arlequin européen et le "k'usillo", le bouffon autochtone. Il porte évidemment un masque derrière lequel il se cache pour embêter les cholitas et distribuer à tous vents des confettis, des pétales de fleurs, des bonbons et de la farine. La mort du Pepino, qui tombe d'épuisement à force de danser, marque la fin du Carnaval.
Un autre personnage, le "ch'uta", qui a justement donné son nom à une danse, est typique de La Paz. Malgré son masque, on dit que ce bouffon à l'origine totalement autochtone, l'alcool aidant, finit toujours par être reconnu. Il exprime toutes les libertés que permet la fête: pitreries, moqueries, grossièretés. Il est aussi expert dans l'art de voler l'amour des cholitas...
Il est intéressant de dire que les homosexuels ont un rôle et une place importants dans le Carnaval de La Paz. C'est la marque d'une intégration ancienne dans la société et dans le folklore, comme on peut le voir par exemple dans la danse de la Kullawada.
Dans le milieu rural, le Carnaval correspond à la période des pluies et de la fête de la Anata. Dans la tradition autochtone, le calendrier festif et musical est calqué sur le calendrier agricole. C'est ainsi qu'au mois de février on joue principalement des "tarkas", ces flûtes carrées au son perçant. C'est le moment de l'année où la relation avec la Pachamama, la terre mère, se fait plus étroite.
Petite anecdote. Traditionnellement, on pratique à La Paz la divination par l'étain. Le métal est fondu puis plongé dans de l'eau froide et les formes ainsi solidifiées sont interprétables. Ces prédictions ne sont pas du tout prises à la légère. Souvenons nous. Carlos Palenque, candidat à la présidence de la République dans les années 2000, se prête à l'exercice de la divination par l'étain. La personne qui interprète alors son avenir affirme publiquement la certitude d'une accession au pouvoir pour le candidat. Peu après, interrogé par un journaliste, la prédiction change: la personne revient sur ses propos et confirme que la forme prise par l'étain était en fait celle d'un... cercueil. Quelques temps plus tard, Palenque meurt brutalement.
Voici une video trouvée sur le net de la danse des ch'utas. Ambiance altiplano, banda, cholitas, chicha...

2 commentaires:

Gilles a dit…

Bonjour Emi
toujours sur la brèche à ce que je vois ;dis-moi j'ai lu quelque part que tu étais musicienne; dans quel groupe sévis-tu et de quel instrument joues-tu ?
bonne journée
Gilles

Emi a dit…

J'ai joué pendant quelques temps dans le Grupo Sagarnaga (celui de Paris). j'avais un peu alimenté le blog qui est en lien. J'y jouais un peu de guitare pour dépanner, du bombo parce que j'adooooore (je suis imbattable en morenada, caporales et autre carnavalitos...), mais en vrai je suis plutôt chanteuse. Une dizaine de chansons dans mon tiroir, décidément, ces tiroirs!!