Dédicace
Je me souviens encore du jour où mon grand-père me raconta pour la première fois la légende du Tio*: "On dit que le diable arriva dans les mines un jour de tempête, dit-il, tandis que dehors les éclairs et l'averse se jetaient du ciel". Depuis ce moment je n'ai cessé de penser à l'image diabolique de ce personnage ni aux histoires des mines que j'écoutais de la bouche de mon grand-père qui, outre le fait qu'il était un narrateur jovial et charismatique, était capable d'envoûter n'importe qui avec ses histoires fantastiques. Il savait gesticuler avec émotion et faire varier les inflexions de sa voix en même temps que ses yeux s'illuminaient comme de petites lampes à acétylène et que les mots jaillissaient avec fluidité, comme s'il racontait en permanence un vieux conte de magie et de mystère. Ainsi était mon grand-père, connaisseur de la mine et de ses secrets.
Je compris par la suite que les histoires relatives aux mines, dont les principaux protagonistes sont le Tio, la Chinasupay, la K'achachola, les palliris et les mineurs, se transmettaient de génération en génération et de bouche à oreille, étant donné qu'elles s'inscrivaient dans la tradition orale et la mémoire collective. C'est sans doute pour cela que, tout au long de mon enfance et de mon adolescence, j'entendis les récits les plus invraisemblables relatés par des amis ou des parents, presque tous mineurs originaires de Siglo XX, Llallagua et Catavi, scénarios constants de mon monde littéraire.
Dans ces contes, on pourra remarquer le réalisme magique et mythique de la mine et des mineurs, avec lesquels j'ai partagé et tissé des liens étroits. Je connais la misère de leurs foyers, le drame de leurs luttes et la tragédie de leurs vies, plus tragiques encore lorsque l'on sait que ces hommes meurent avec les poumons perforés par la silicose.
Les mineurs boliviens qui, durant des décennies, constituèrent la colonne vertébrale de l'économie nationale et le bastion des luttes revendicatives, portent en eux les expériences de leur vécu et de leur souffrance. Ils sont les fantômes qui habitent mes rêves, les héros qui guident mes idéaux et les maîtres qui stimulent ma fantaisie. C'est à eux que je dois mon éternelle reconnaissance et que je dédie ces contes au goût de copagira.
Glossaire:
CHINASUPAY: f. Diablesse. Déesse et épouse du Tio.
COPAGIRA: f. Eau mêlée à des résidus de roche, de couleur jaune ou grisâtre, résultant du processus de lavage du minerai
K’ACHACHOLA: f. Indienne belle et élégante.
PALLIRI: f. Femme qui, à coups de marteau, triture et choisit les morceaux de roche minéralisée dans les desmontes ( Entassement de résidus de la mine)
TÍO: m. Divinité. Diable et dieu tutélaire qui habite à l'intérieur de la mine. Les mineurs le craignent et lui font des offrandes.
Je me souviens encore du jour où mon grand-père me raconta pour la première fois la légende du Tio*: "On dit que le diable arriva dans les mines un jour de tempête, dit-il, tandis que dehors les éclairs et l'averse se jetaient du ciel". Depuis ce moment je n'ai cessé de penser à l'image diabolique de ce personnage ni aux histoires des mines que j'écoutais de la bouche de mon grand-père qui, outre le fait qu'il était un narrateur jovial et charismatique, était capable d'envoûter n'importe qui avec ses histoires fantastiques. Il savait gesticuler avec émotion et faire varier les inflexions de sa voix en même temps que ses yeux s'illuminaient comme de petites lampes à acétylène et que les mots jaillissaient avec fluidité, comme s'il racontait en permanence un vieux conte de magie et de mystère. Ainsi était mon grand-père, connaisseur de la mine et de ses secrets.
Je compris par la suite que les histoires relatives aux mines, dont les principaux protagonistes sont le Tio, la Chinasupay, la K'achachola, les palliris et les mineurs, se transmettaient de génération en génération et de bouche à oreille, étant donné qu'elles s'inscrivaient dans la tradition orale et la mémoire collective. C'est sans doute pour cela que, tout au long de mon enfance et de mon adolescence, j'entendis les récits les plus invraisemblables relatés par des amis ou des parents, presque tous mineurs originaires de Siglo XX, Llallagua et Catavi, scénarios constants de mon monde littéraire.
Dans ces contes, on pourra remarquer le réalisme magique et mythique de la mine et des mineurs, avec lesquels j'ai partagé et tissé des liens étroits. Je connais la misère de leurs foyers, le drame de leurs luttes et la tragédie de leurs vies, plus tragiques encore lorsque l'on sait que ces hommes meurent avec les poumons perforés par la silicose.
Les mineurs boliviens qui, durant des décennies, constituèrent la colonne vertébrale de l'économie nationale et le bastion des luttes revendicatives, portent en eux les expériences de leur vécu et de leur souffrance. Ils sont les fantômes qui habitent mes rêves, les héros qui guident mes idéaux et les maîtres qui stimulent ma fantaisie. C'est à eux que je dois mon éternelle reconnaissance et que je dédie ces contes au goût de copagira.
Glossaire:
CHINASUPAY: f. Diablesse. Déesse et épouse du Tio.
COPAGIRA: f. Eau mêlée à des résidus de roche, de couleur jaune ou grisâtre, résultant du processus de lavage du minerai
K’ACHACHOLA: f. Indienne belle et élégante.
PALLIRI: f. Femme qui, à coups de marteau, triture et choisit les morceaux de roche minéralisée dans les desmontes ( Entassement de résidus de la mine)
TÍO: m. Divinité. Diable et dieu tutélaire qui habite à l'intérieur de la mine. Les mineurs le craignent et lui font des offrandes.
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