mardi 14 septembre 2010

Les fous du vélo

Sylvain Tesson et Alexandre Poussin, On a roulé sur la terre, 1996.
Voici donc mes impressions sur ce récit de voyage atypique de jeunes chevauchant un vélo autour du vaste monde. Ils sont partis de Paris, sans plan vraiment pré établi, juste le rêve fou de faire, en un an, le tour de la planète à bicyclette. De l'Afrique des déserts à l'Amérique de la pampa, en passant par l'Ile de Pâques et Tahiti, ils finissent par arriver dans la gigantesque Asie, ce continent bardé de frontières et d'interdits. La chaleur tropicale puis la glace de l'Himalaya les font passer sans cesse, dans un mouvement continu, de l'enfer au paradis, les deux s'entremêlant toujours étroitement dans ces paysages grandioses, à la fois hostiles et fascinants. De tous ces milliers de kilomètres à travers le monde, Sylvain et Alexandre en ressortent des rencontres, des visages et des échanges, parfois rendus impossible par une communication à sens unique, parfois si riches d'hospitalité et de générosité qu'ils en sont réellement déroutés. Malgré toutes les embuches du voyage ils gardent le cap, se sortent de chutes, de maladies et de risques d'accidents de la route, pour arriver à bon port, à Paris, avec un trop plein d'émotions tel qu'ils ne pensent jamais parvenir à l'exprimer avec des mots. Pourtant, ce récit de voyage est extrêment bien construit, très proche encore des notes prises au quotidien par chacun, mais déjà retouché par le recul d'un regard apaisé sur une folle expérience vécue. Les voix d'Alexandre et de Sylvain s'alternent pour se fondre l'une dans l'autre sans jamais s'écorcher: la vision de chacun est différente de celle de l'autre mais tellement liée par toutes ces péripéties et les palpitations qui demeurent de cette année sur la planète. Le style est parfois naïf, rappelant l'âge encore tendre de deux jeunes parisiens cependant très cultivés et définitivement enclins à l'aventure sans limites. Impossible de citer un extrait du texte; le tout est tout à fait cohérent, forme un vrai ensemble qui se lit, se dévore comme ils ont dévoré les kilomètres qui les séparaient d'une grandeur acquise sur les routes défoncées de la terre. Vraiment, ces deux cyclistes amateurs de musique classique ne sont pas des baroudeurs comme les autres, à moins qu'ils ne soient des découvreurs d'humanité, et de la leur en premier... Un voyage à ne pas manquer.

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