jeudi 25 février 2010

Rencontre avec Filemon Escobar

Un 4x4 s'arrête sous la pluie. Nous sommes près de Tiquipaya, au nord de Cochabamba.
"Don Filemon?"
Je monte. Un homme d'un certain âge, avec une casquette, m'accueille de manière sympathique. Sur la route qui mène à sa maison, don Filemon me raconte que son fils est en Inde. Nous arrivons devant une demeure immense, un palais en comparaison des autres habitations de la ville. Quartier riche.
Nous sommes chez Filemon Escobar, célèbre leader syndical des mines, ancien dirigeant de la COB (Central Obrera Boliviana), ancien sénateur. Il me fait entrer dans sa bibliothèque, dont le sol est jonché de journaux qu'il est en train de trier.
Première question, deuxième. Puis Filemon se lance dans un monologue de plus d'1h30 sur l'histoire du syndicalisme, de la COB, des alliances politiques. Monologue seulement ponctué de quelques interruptions pour prendre le café, ou encore pour me faire admirer sa collection complète du magazine Life.
L'homme est un acteur, sait captiver son auditoire, en politique qu'il est. Il me regarde droit dans les yeux, m'interpelle, hausse le ton, se lève, se fâche, puis se rassoit pour continuer son histoire.
Finalement, après m'avoir fait lire à voix haute des articles sur lui ou écrit de sa main, Filemon consent, non sans reproches, à laisser partir celle qu'il a pris pour son élève d'un jour. Je venais pour en savoir plus sur son expérience syndicale dans les mines. Je repars sans réponses précises à mes questions, mais surtout impressionnée et ahurie par ce moment hors normes.

Aucun commentaire: