dimanche 7 février 2010

Gloria se mêle de politique

Je fais en ce moment avec mes élèves une séquence sur Cuba, à leur demande générale. "Oh oui, de la salsa!". Je leur ai quand même fait découvrir Nicolas Guillen, histoire de leur envoyer un peu de culture. Mais comme la musique n'est jamais loin, je leur ai demandé de lire ce poème, "Canto Negro", en inventant un rythme, comme des percussions. L'exercice a très bien réussi pour certains, c'était tout à fait étonnant (encore une fois je me dis que j'aurais dû enregistrer ça...) Et pour terminer en beauté, comme d'habitude, une chanson!
Sauf que cette année, j'avoue, je fais des bides... Juanes d'abord (on peut chanter l'autre, "la camisa negra"?), parce que j'avais voulu sortir de l'idée de leur faire chanter des tubes; Lila Downs ensuite, parce que sa version de "La Bamba" les avaient laissés perplexes. Et maintenant Gloria Estefan.
J'avais choisi "Hablemos el mismo idioma", de la pure salsa, pour danser. Mais non! "Madame il bouge pas votre morceau! -C'est parce que tu ne sais pas danser!" Et vlan! Je sais, je m'en sors comme je peux. Il est vrai qu'on a l'impression que tout ce long texte déborde parfois de la mélodie... Manque de rigueur, Gloria! Et qu'il est donc assez difficile à chanter (pour mes élèves qui pourtant maitrisent le débit hyper rapide de Shakira, je tiens à le souligner).
Et c'est en étudiant le texte ensemble que la surprise nous a tous gagnés...
Moi qui pensait, d'après le titre, "parlons la même langue", qu'il s'agissait de celle du coeur, la fraternité, la lutte contre les discriminations et le racisme... Que nenni! Il y a de ça, oui, à première vue. A première vue seulement, parce qu'en approfondissant l'analyse, on découvre en fait un simulacre de discours politique. Déjà, Gloria nous parle de "drapeau de la liberté". Ah, il est question de la Nation là-dessous... Puis, en parlant des "Latinos", elle affirme: "Il est important que le monde nous entende parler d'une seule voix". Tiens, mais de quelles divergences parle-t-elle donc? C'est quand elle poursuit en disant quelque chose comme "l'union fait la force" que mes élèves explosent: "c'est pas possible madame, c'est pire qu'un discours politique!" Puis "Il faut travailler pour atteindre les buts qu'on s'est fixés": "Ah non, cette chanson c'est n'importe quoi!". Et le coup de grâce "Donne moi la main mon frère ensemble nous vaincrons": "Madame, elle veut être présidente ou quoi!"
Et là je me rends compte que j'ai fait LE mauvais choix, professionnel... et personnel! Comme je l'ai dit, la chanson est difficile. Ensuite, les paroles ne sont pas vraiment neutres, politiquement j'entends. On en parle avec les élèves: Gloria voudrait-elle, depuis Miami, réconcilier les Cubains, donc virer Fidel Castro? Et bien bravo! Il y aurait de quoi faire un débat sur musique et engagement, art et discours politique, etc, etc.
En tout cas, je ne souscris pas, je me suis plantée, j'avoue, et je crois que pour la prochaine séquence qu'ils me demandent sur l'Argentine, je vais plutôt opter pour les chanteurs à minettes...
Tais-toi Gloria, tu nous gonfle! (et c'est pas moi qui le dis!...)

1 commentaire:

Enrique a dit…

Bonjour! Florent Pagny raconte trés bien la dureté de son exil aussi.