Depuis quelques temps déjà en Bolivie la tension augmente, tout ça à cause d'une Ley de Pensiones, promise par Evo Morales pendant sa campagne électorale, et qui ne convient pas à certains secteurs, mineurs en tête. Manifestations, grèves, bloqueos... Et puis hier la police intervient pour débloquer la route La Paz-Oruro. Soit disant les forces de l'ordre n'étaient pas armées. Mais les choses tournent mal et deux mineurs de Huanuni sont tués par balle à Caihuasi. Le gouvernement les soupçonne aujourd'hui d'avoir eux mêmes été en possession d'armes. Dans la presse ce matin on parle par ailleurs d'une trentaine à une cinquantaine de blessés, selon les journaux, pour la plupart mineurs de Huanuni. Après ces événements, les choses n'en sont pas restées là puisque les femmes de mineurs se sont mobilisées à Oruro et ont empêché le déroulement du défilé des écoles, en cette veille de fête nationale. Une mobilisation "comme au bon vieux temps", environ 4000 mineurs étaient venus bloquer la route à Caihuasi. Et on retrouve aussi une constante: la participation active des femmes.
Le résultat est de toute façon l'arrêt des négociations pour la Ley de Pensiones entre le gouvernement et la COB (Central Obrera Boliviana), tant que les affrontements continuent. D'autre part, PODEMOS (l'opposition) en profite pour accuser le gouvernement de cette violence, en oubliant peut être que du temps où eux et leurs compères étaient au pouvoir les choses tournaient autrement plus mal... Je ne reviendrai pas sur le "febrero negro" de 2003dont tout le monde se souvient.
Aujourd'hui, jour de fête nationale, les choses semblent s'être un peu calmées. La COB a prévu d'organiser un acullicu (cérémonie, réunion où on mâche des feuilles de coca) entre les travailleurs pour se recentrer et redéfinir leurs demandes. Il ne semble pas que la COB et par conséquent les mineurs empêchent le bon déroulement de la fête nationale ni du référendum du 10 août, étant de toute façon plutôt favorable au gouvernement, contrairement aux mineurs des coopératives qui eux sont pilotés par l'opposition. Ici le conflit concerne les mineurs de l'entreprise nationale et le blocage des routes est surtout un moyen de pression pour faire valoir leurs droits et pour pousser Evo a appliquer ses réformes. On sait déjà que les mineurs ne font pas dans la dentelle, d'où les manifestations qui parfois tournent mal, comme hier. De là à craindre pour Evo lors du résultat du référendum et envisager sa révocation, il n'y a qu'un pas que l'opposition franchit allègrement. Mais il ne semble pas que les choses en arrivent là, la COB ne représentant pas tout le pays, et de toute façon n'étant pas favorable à l'opposition. Ces événements et le référendum du 10 août, même s'ils sont proches dans le temps, n'ont pourtant pas beaucoup de rapport sur le fond.
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