Très bon reportage hier soir sur Arte -que vous pouvez encore consulter et regarder en cliquant sur le lien suivant:
Bon reportage donc sur le président Evo Morales, et toute la période qui précède son arrivée au pouvoir, alors qu'il était encore dirigeant du syndicat des cocaleros du Chapare. On suit surtout le parcours de Jiovanna, militante du MAS (Movimiento Al Socialismo, le parti de Evo) qui débute en politique avec son organisation qui donne du travail aux femmes les plus désamparées de La Paz. Jiovanna accède par la suite, avec le triomphe de Morales, au rang de député et ses relations avec les femmes qu'elle a toujours soutenues et avec le syndicat deviennent plus tendues. En effet, la jeune femme est moins disponible, et toutes attendent beaucoup d'elle, de par son rôle de député qui d'après les femmes doit lui conférer un certain pouvoir d'agir sur leur situation. Jiovanna DOIT leur donner du travail puisqu'elle leur a toujours promis. La dirigeante du syndicat s'éloigne aussi d'elle et s'arrange pour diviser tout le monde.
Sur fond de politique générale -réformes de Evo Morales, nationalisations...- on nous illustre grâce au parcours de Jiovanna toutes les contradictions et les difficultés que doivent affronter les nouveaux dirigeants de la Bolivie, ainsi que l'obstacle que représente pour le progrès et le changement une structure sociale encore basée sur des relations de dominant-dominé qui sont en vigueur depuis la conquête espagnole.
Seul bémol à l'analyse peut-être: le fait que le journaliste cherche à tout prix à comparer la Révolution de Evo s'il en est à celle du Che, oubliant au passage que la Bolivie est un cas bien à part en Amérique Latine de par sa popualtion à majorité indigène, mais surtout que les temps ont changé. Par ailleurs, Evo lui n'est pas seul, il connaît son pays et ses structures par coeur, rien à voir donc avec l'aventure solitaire du Che en Bolivie.
Bref, concluons que Paris ne s'est pas fait en un jour, et donc qu'il est encore trop tôt pour juger du succès ou de l'échec éventuel de la politique de Evo Morales en Bolivie. Il faudra en effet des décennies pour changer des mentalités héritées de cinq siècles de colonisation culturelle, économique et politique. Plus qu'une révolution, nous devrions parler d'une lente évolution...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire