samedi 13 octobre 2007

Le poids des mots

Alors que dans le Chapare bolivien la réunion de toutes les nations indigènes du monde prend fin, -réunion au cours de laquelle on a pu voir le président Evo Morales accompagné de Rigoberta Menchu, figure de l'indigénisme guatémaltèque, prix Nobel de la paix en 1992 et candidate à la présidence dans son pays- l'ambiance est quelque peu tendue avec les Etats-Unis. En effet, outre les revendications des indigènes en demande de plus de respect envers leurs cultures, leurs modèles économiques et leur territoires naturels, Evo Morales est allé jusqu'à rescusiter le cri de guerre des cocaleros "Kausachun coca! Wañuchun Yankees!" (vive la coca! A mort les américains!), et cela en signe de provocation envers l'ambassadeur des Etats-Unis qui s'était moqué de notre cher président. Tout commence il y a quelques jours, lorsque pendant les manifestations autour de la Déclaration de l'ONU pour les Droits des peuples Indigènes et la demande de ceux-ci de plus de justice, Evo propose que le siège de la toute puissante ONU déménage hors des Etats-Unis. "Pourquoi pas demander de déménager Disneyland?", réplique par conférence de presse interposée Philip Goldberg, l'ambassadeur yankee en Bolivie. Evo prend la mouche et demande des excuses à Goldberg, qui, c'est vrai, en a un peu trop fait sur le coup. Alors on se ressort les vieilles histoires: que les Etats-Unis gouvernaient la Bolivie de manière indirecte dans les années 90, que les gringos étaient omniprésents sur le territoire national, qu'avant que Evo ne devienne président on l'a traité de Ben Laden bolivien et dit que ses cocaleros étaient des talibans, etc, etc... Ce ne sont que des mots, me direz vous. Et bien pas tant que ça. Derrière cette querelle de clocher façon Peponne-Don Camillo, il y a de vraies revendications et de vrais actes. Tout d'abord, pour en revenir au rassemblement indigène, on y a insisté sur la nécessité d'un processus de "décolonisation de l'ONU". Par ailleurs, on invite chaleureusement les militaires américains à quitter le territoire bolivien dont ils ont fait leur résidence secondaire depuis les belles années des dictatures. Et puis on remet également sur le tapis l'hypothèse plus que vérifiée selon laquelle les gringos protègent les responsables de la répression lors des manifestations de 2003 à La Paz. Résultat des courses, l'ambassadeur Goldberg envoie une gentille missive à Evo en s'excusant platement au nom des relations américano-boliviennes... Querelle de clocher peut-être, jeux de mots peut-être, n'empêche que Evo sait utiliser comme argument contre les gringos un certain nombre de choses qui fâchent. Les Américains auraient-ils des choses à se reprocher?...

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