http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=1707048,scheduleId=1704456.html
(C'est en fait la troisième partie de l'émission Arte Reportage de cette semaine)
La présentatrice commence par évoquer les révolutions sociales que l'Amérique Latine connaît en ce moment et qui "jusque là avaient le soutien du peuple, comme celle de Evo Morales en Bolivie", mais qui dans ce pays en particulier commence à perdre du crédit puisque Evo a "envoyé l'armée contre son propre peuple", "des mineurs désespérés". On nous dit que l'armée est en fait présente pour empêcher les mineurs de descendre dans les mines d'étain. Il ne s'agit évidemment pas de tous les mineurs mais seulement de ceux travaillant pour les coopératives et qui seraient les plus défavorisés, notamment par l'opinion publique qui les accuserait de voler du minerai à l'Etat. C'est que dans les faits l'argent des coopératives ne va pas du tout à l'Etat mais à ceux qui les possèdent, et les capitaux fuient le plus souvent vers les Etats-Unis. Contrairement à ce que dit le reportage, ce n'est pas que Evo Morales ait choisi délibérément l'affrontement avec les coopérativistes, mais c'est plutôt une tentative de créer une égalité entre les droits des coopératives et ceux des mineurs des entreprises publiques. Par ailleurs, et puisque le reportage se réfère aux événements de Huanuni de l'année dernière, au cours desquels coopérativistes et mineurs du syndicat s'étaient affrontés, précisons que dans ce cas, certes l'armée est intervenue pour militariser les zones minières, mais ce n'était pas pour brimer les pauvres coopérativistes. En réalité, ces derniers avaient pris violemment possession des mines de l'Etat, envoyant des pneus en flammes sur le campement des autres mineurs. Précisons qu'ils étaient parfaitement armés par les partis de droite dont certains dirigeants ont des intérêts financiers personnels considérables dans les coopératives minières. On apprend aussi dans le reportage de Arte que les mineurs des coopératives gagnent entre 5000 et 10 000 bolivianos (l'équivalent de 500 à 1 000 euros), alors que le salaire minimum en Bolivie est de 500 bolivianos, soit 50 euros. Leur situation n'est donc pas si dramatique à la base, et surtout leurs salaires correspondent à plus du double de celui des mineurs de l'Etat. Le problème est que les coopérativistes se plaignent de leurs mauvaises conditions de travail -ce qui est justifié puisque les coopératives se soucient plus de leurs bénéfices que de la sécurité de leurs employés (voir mon article sur le Cerro Rico à ce sujet); mais par ailleurs le reportage précise que les mines de l'Etat sont beaucoup moins rentables puisque les ouvriers sont perpétuellement en grève. Selon eux donc les mineurs coopérativistes auraient le beau rôle, travailleurs émérites et dévoués... Il semble cependant que le fait que des employés ne puissent accéder à de meilleures conditions de travail de peur que l'entreprise ne les licencient si ils en font la demande ne correspond pas vraiment à l'idée que l'on peut se faire d'une entreprise juste et moderne.
En résumé, le reportage de Arte reproduit mot à mot le discours de la droite bolivienne et il aurait fallu équilibrer le reportage en recueillant aussi l'avis des mineurs de l'entreprise publique afin de présenter une vision juste de la situation. Carton jaune à Arte qui cette fois-ci n'est pas allé voir plus loin que le bout de son nez!
1 commentaire:
Et oui,nous sommes encore loin de tout connaître. Le problème est quand cela porte préjudice à l'information. Ce n'est jamais sans conséquences!
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