lundi 6 mai 2019

Hossegor et Capbreton

Il fait bon de se rappeler, au cœur d'un printemps trop intimidé et qui craint de montrer le bout de son nez, que le beau temps a existé. Qu'un jour, le soleil nous a inondé, enveloppé. 
Comment s'est-on retrouvé là ? En prenant la route, en allant au nord chercher la chaleur quand, la plupart du temps, on vise le sud. Or, lorsque le sud est montagneux, nuageux, frileux, il existe des nord réconfortants. Le Pays Basque faisait la gueule, on s'est permis l'infidélité de filer à l'anglaise vers les Landes. Hossegor et Capbreton nous tendaient les bras, comment pouvions-nous résister à leurs avances ? L'opération séduction a fonctionné à fond. Les plages immenses de sable fin, clair, éblouissant sous l'éclairage cru du soleil nu ; le ciel d'un bleu du même nom, inégalable ; l'océan furieux, sensuel de rouleaux et d'ondulations, entier, fier et fauve, indomptable ; et le vent, que dire du vent ? joueur, riant de nos chevelures échevelées, de nos yeux larmoyants de grains de sable immiscés et de cet inqualifiable bonheur que l'on ne connaît qu'en se fiançant aux éléments. 
On aurait bien marché des heures sans s'arrêter, envoyé péter les pendules, fait des allers et retours sans fin d'un bout à l'autre de la plage interminable. Éternité. Pourtant, il nous restait une chose essentielle à faire : espionner les villas. Évaluer leur degré de beauté, mettre des notes aux palmiers et aux autres grands arbres dans les jardins, poser devant les grilles fermées en prenant des airs de propriétaires comblés, traquer les terrasses et les piscines, compter les aiguilles de pins et le nombre de volets ouverts en cette période pré estivale. Rues désertes. Calme plat. Les déferlantes de vacanciers : même pas en rêve ! On était seul au monde et on aimait ça. Disposer du paysage. Être les seuls à le regarder. Avoir la ville entière rien que pour nous. Égoïstes et insolents d'une indétrônable et invincible joie enfantine. 
Lorsque nous sommes retournés au sud, la météo avait cédé à nos caprices : il faisait beau. On a ri. On avait gagné.  







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