dimanche 17 juillet 2016

Sur la route

Jack Kerouac, Sur la route, 1957.
Tout voyageur se doit d'avoir lu l'oeuvre majeure de Kerouac, la seule et unique référence en terme de voyage, vagabondage, auto stop, sexe et marijuana. La Bible de la beat generation dont les grands principes se résument en deux idées : merde à l'ordre, oui à la liberté. Avec tout ce que cela comporte de rébellion passive, de clochardise due à un chômage forcé (puisqu'on ne se soumet à personne, donc à aucun patron), d'excès en tous genres et de fibre littéraire exacerbée par les drogues. La biographie de Kerouac est un roman et une mappemonde à elle toute seule. Né de parents québécois d'origine bretonne immigrés aux Etats-Unis, il est très rapidement plongé dans un bain à la fois artistique et alcoolisé. La prostitution et la benzedrine sont déjà les piliers de sa vie, alors qu'il n'est qu'à l'aube de l'âge adulte mais qu'il cherche déjà à sur stimuler son cerveau et à voyager. Enfin, fuir plus qu'il ne voyage. La marine marchande, l'armée puis la désertion après avoir simulé la folie (résultat, un petit séjour en hôpital psychiatrique), et le début de ce qui sera la trame de "Sur la route": ces allers et retours incessants entre l'est et l'ouest, pour finir plein sur vers Mexico. Je me suis évidemment amusée à suivre les trajets du personnages, Sal Paradise, sur Google Map, et j'ai trouvé sur wikipédia (autre Bible dans son genre) une carte qui les représente assez bien :
La froide New York, la folle San Francisco et le centre de tout, Denver, ville matrice où se retrouvent les personnages complétement déjantés du roman et notamment le plus déglingué de tous, Dean Moriarty, archétype du drogué illuminé. A la vitesse de Speedy Gonzalez, il emballe les filles, les marie et les abandonne pour filer vers l'est ou vers l'ouest. En fond sonore de ce road trip littéraire, le jazz des années 40, décrit dans un style qui ressemble à cette musique : déstructuré, entêtant, répétitif, recherché. Dans l'introduction, on dit que le roman de Kerouac se lit comme on écoute du jazz, démesurément, en transe. J'en ai douté. J'ai eu tort. Arrivée au terme de ce voyage à travers l'Amérique et dans l'esprit embrumé mais inspiré des personnages, j'ai eu, comme à la fin d'un concert qui brouille les codes, l'envie de dire "waou", ah oui, quand même ! Un livre à lire d'une traite sans respirer, qui vous colle à la peau. 
Et l'idée de refaire les routes de Kerouac en vrai... Une bonne idée de road trip, n'est-ce pas ?!

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