mardi 31 mai 2016

En coup de vent à Cordoue

Dernier volet de mes souvenirs andalous : Cordoue. 
Pendant que j'étais dans le froid de Grenade et que je chopais des engelures en visitant l'Alhambra un matin de février, il faisait nettement meilleur dans deux autres villes de la région, Séville et Cordoue. J'ai passé à l'époque une journée dans chacune d'entre elles et j'en garde un souvenir très différent de Grenade. Je ne vous refais pas le portrait de Séville qui j'ai parcourue en long, en large et en travers depuis, voir la série d'articles ici. A Cordoue, il faisait beau et chaud, même en hiver, ce qui a le don de réjouir un visiteur qui vient d'affronter une averse de neige quelques heures plus tôt à Grenade. Dès la descente du bus, je me rappelle l'atmosphère méditerranéenne, plus du tout montagnarde mais carrément méridionale, avec ce fleuve, le Guadalquivir, qui s'écoule majestueusement au pied de la cité. Plutôt que de m'asseoir à l'admirer à l'une des terrasses de cafés qui le surplombent, j'ai voulu rentabiliser le temps (un jour, c'est très court !) et aller à la rencontre des différents quartiers de la ville. Il n'y a pas à dire, Cordoue est vraiment LA ville du mélange des cultures : romaine, chrétienne, musulmane et juive, tout cela mélangé sans jamais se marcher sur les pieds. En témoigne la célèbre et monumentale mosquée cathédrale qui réunit plusieurs histoires architecturales et plusieurs traditions religieuses. Cordoue est l'archétype de la ville arabo-andalouse, avec sa Juderia, son ancien quartier juif ; ses couvents ; sa cour des orangers au pied des palais mauresques. J'ai adoré cette ville visitée malheureusement trop rapidement. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot ! Ce qui est sûr; c'est que Séville, Cordoue et Grenade sont des sujets de prédilection, tant dans mon travail auprès des élèves que dans mes divagations mentales. Quand il pleut, quand j'ai besoin de soleil (c'est le cas ce soir...), je me transporte mentalement en Andalousie, sous le ciel bleu et le soleil chaud de la Méditerranée toute proche, et d'un coup, tout va mieux !





lundi 30 mai 2016

Un matin d'hiver à L'Alhambra

On la nomme la rouge, peut-être du rouge que le soleil peint sur les tours de ses fortifications. Février 2005, il fait un froid de canard à Grenade. Les portes de l'Alhambra ne sont pas encore ouvertes. Je suis sur la vaste plateforme qui domine et qui dessert les différentes parties du monument. Il est huit heures du matin. J'ai les doigts qui gèlent (c'est d'ailleurs à cette occasion que j'ai appris la traduction du mots "engelures" en espagnol...). Bref, j'ai l'Alhambra pour moi toute seule et l'expérience est complètement enthousiasmante.
A l'entrée, le palais de Charles Quint est un monument circulaire à colonnade et qui dénote avec le reste de la cité par sa froideur et son austérité. Car, le reste, ce n'est que beauté, décoration et culte du détail. Les autres bâtiments du palais rivalisent d'élégance et de raffinement dans les mosaïques, les plafonds de dentelle sculptés et les jardins. Fontaines et canaux d'irrigation sont bien la preuve que, pour les architectes musulmans, l'eau est l'élément central et précieux, puisque rare. Elle court donc en circuit fermé tout le long du site ; de l'écologie avant l'heure ! Je me souviens m'être donné pour but de photographier chaque salle sans aucune présence humaine sur le cliché, ce qui, malgré l'arrivée des visiteurs au fur et à mesure de la matinée, n'a pas été très difficile en ce mois d'hiver. Dans ce genre de monument, on en devient égoïste et on se voit bien en profiter seul pour le reste de la journée. Une sorte de jeu de rôle inavoué dans lequel on se prend pour le calife. Celui-là même qui, du haut de son mirador, pouvait entendre distinctement et sans être vu ce qui se disait de lui en bas, dans la ville. Celui qui se promenait chaque jour dans les jardins du Generalife, au-milieu des roses et des plantes aromatiques, conservées encore aujourd'hui. Celui qui profitait du hammam et recevait ses visiteurs en grande pompe dans la cour des Lions. Celui qui, à travers les jalousies, regardait le monde sans être vu. Celui qui du sommet de la colline pouvait admirer sa forteresse, son oeuvre architecturale.
Je me souviens avoir quitté l'Alhambra à regrets deux ou trois heures plus tard, alors que les touristes commençaient à affluer et que le charme était rompu. On comprend pourquoi Boabdil, le dernier roi maure de Grenade, a versé toutes les larmes de son corps en 1492 quand il a dû abandonner al hamra, Alhambra, la rouge. 




dimanche 29 mai 2016

Souvenirs de Grenade

Il y a onze ans de ça, j'avais encore Grenade plein les yeux. Je revenais de presque deux mois en Andalousie. C'était mon premier voyage, mon premier séjour à l'étranger toute seule, comme une grande, dans une ville inconnue, pleine de promesses. J'y étais pour travailler dans un collège, mais j'ai surtout profité de la situation pour faire ce que je ferais ensuite dans toutes les autres villes : marcher, arpenter, me perdre dans les rues, refaire les mêmes itinéraires dans tous les sens, m'imprégner de belles choses et dénicher des détails. Onze ans après, si je vous en parle, c'est : 
1. parce que j'ai regardé mes anciennes photos dans les albums (prises avec un appareil jetable tout pourri et développées chez Carrrréfourrr Granada !)
2. parce que je pense sans cesse à cette ville qui m'a beaucoup marquée, si si, sans rire (pour vous dire, dans ma vie d'avant, je passais tous les jours devant une belle maison blanche aux volets verts qui se trouvait sur ma route et cette demeure me rappelait Grenade. Va savoir pourquoi, les couleurs ? Le style ? C'était mon extrait quotidien d'Andalousie.)
Grenade paraît grande mais, contrairement à Séville dont il est difficile de faire le tour, elle a plus l'allure d'une bourgade et je la trouve plus rustique, moins rutilante, montagnarde, sans doute. Il faut dire qu'en février, il ne faisait pas très chaud et la neige de la Sierra Nevada était même descendue jusqu'en ville. J'avais été obligée de m'acheter des gants au Corte Inglés, un comble pour l'Andalousie! Bref, à force de la parcourir en long, en large et en travers, j'avais fait le tour de la plupart des quartiers et monuments de Grenade. 
Le centre
Bon, comme dans toutes les villes, la grande place où je prenais mon petit déjeuner (churros y chocolate), la cathédrale et ses gitanes diseuses de bonne aventure qui vous offraient du romarin (rrromerooo ! rrromeroo !) de manière assez insistante, j'avoue, les ruelles, les galeries marchandes, etc... Beaucoup de commerçants marocains et donc beaucoup de maroquinerie (très drôle !), ce qu'un professeur de l'université et chercheur en musicologie avait qualifié de "seconde invasion". Comme quoi, l'ouverture d'esprit ne dépend du nombre d'années d'études...
L'Albaycin
Le quartier gitan. Autant, à Séville, les gitans sont rassemblés dans ce qui ressemble à nos cités de banlieue parisienne, c'est-à-dire des tours et des barres de bétons qui forment des quartiers excentrés de la ville et où la police n'entre plus, autant à Grenade, le quartier gitan est plus "typique". En fait, il s'agit de ruelles (dont certaines sont tellement courtes et / ou étroites qu'elles ne portent même pas de nom) à travers lesquelles il est très facile de perdre son chemin, et d'un méli-mélo de maisons toutes blanches, parfois troglodytiques. Je me souviens y avoir mangé des beignets d'aubergines dans un restaurant où j'étais la seule étrangère + la seule fille... C'était délicieux, mais assez refroidissant ! J'y ai aussi vu défiler une procession religieuse gitane, depuis le bas du quartier jusqu'en haut de Sacromonte où là, pour le coup, on se trouve au cœur du quartier gitan. Impressionnée, intimidée, je n'avais pas osé les suivre. Je sentais de trop.
De là haut, en tout cas, on peut voir les anciennes murailles arabes qui cernent la ville et se dressent encore sur le flanc des collines.



Le Realejo
Un quartier pas très éloigné du centre-ville (à Grenade, rien n'est très éloigné du centre) où les villas rivalisent d'élégance. Des maisons totalement mégalo et une belle vue sur le reste de la ville. Un quartier très calme, un peu à l'écart du circuit touristique et où j'aimais bien me balader.

Carmen de los Martires
Un sublime petit jardin non loin de l'Alhambra, avec des palmiers, des paons, des oiseaux qui chantent, aucun autre bruit et une vue sublime sur les maisons blanches de Sacromonte et les montagnes de la Sierra Nevada. J'adore cet endroit !

Dans un autre article je vous parle évidemment de ma visite de l'Alhambra !

lundi 23 mai 2016

Le tour des parcs et jardins à Paris : mes préférés

Les Tuileries, le Jardin des plantes, le Jardin du Luxembourg... Paris regorge de grands parcs et de petits jardins, ce qui fait d'elle une capitale verte. Où que l'on vive, on a obligatoirement un espace vert pas loin de chez soi et ça, pour qui habite tout serré dans un appartement de la grande ville, c'est une nécessité. L'hiver, on vient s'y refroidir les joues avant de rentrer au chaud dans son 2 pièces sur cour aveugle de paysage ; au printemps, on vient y respirer un peu de pollen ; l'été, c'est l'occasion de s'allonger sur l'herbe, bronzer, lire un peu ; et en toutes saisons c'est l'idéal pour faire son footing ou promener son chien (je n'ai testé aucun des deux). Je vous propose ici une liste non exhaustive des parcs et jardins que j'aime et que j'ai souvent fréquentés pendant mes années de grisaille parisienne. Ils ont été autant de bulles d'oxygène et de parenthèses nature entre deux moments de béton. 
Les Buttes Chaumont (XIXème)
J'en parle en premier, tout premier, parce que j'ai arpenté ses allées un certain nombre de fois, seule, entres amis, au volant d'une poussette et par toutes les températures. Le plus des Buttes, c'est son côté colline au-milieu du quartier (ne niez pas le dénivelé, je connais des randonneuses andines et himalayennes qui s'y sont essoufflées !). J'adore ce vaste parc, ses cascades, ses plans d'eau et ses grandes pelouses en pente. C'était mon extrait de montagne quand je me sentais trop loin des cimes. 

Le parc de Belleville (XXème)
Dans le même coin, pas très loin, quoique dans un quartier plus populaire, peuplé de plus d'immeubles, le parc de Belleville me plaisait bien aussi. Plus petit, j'y allais moins souvent, mais il y avait des jeux, des enfants, une superbe vue plongeante sur la capitale : la Tour Montparnasse, la Tour Eiffel et compagnie. 
Le jardin des plantes (Vème)
Plus central, c'est une escale incontournable. En amoureux ou avec des enfants, pour visiter l'étonnante Grande Galerie de l'Evolution, pour dire bonjour aux animaux de la Ménagerie (attention, longue file d'attente aux beaux jours...), ou simplement pour admirer les parterres de fleurs, le Jardin des Plantes est l'un des poumons de Paris. Les touristes s'y précipitent (il faut dire qu'il est à deux pas de la gare d'Austerlitz) et il fait le bonheur des écoliers qui y viennent souvent en sortie scolaire. 

La grande mosquée (Vème)
Ce n'est ni un parc, ni un jardin, mais je tenais à l'inclure dans ma liste, parce que le monument est magnifique et que ses bassins et sa verdure représentent un oasis qui m'avait totalement envoûtée lors de ma visite. On y entend le roucoulement des fontaines, le pépiement des oiseaux et plus rien du tout du tumulte de la ville. Niveau calme, c'est le top du top. Et pour qui serait en mal d'Andalousie, je suis convaincue que c'est le remède idéal !


Le parc Monceau (VIIIème)
On continue notre tour de Paris. Moi, j'avais traversé la capitale en métro (pensez-vous, c'est à l'opposé du XXème !) avec ma poussette sous le bras pour voir ce qu'avait de spécial ce parc chanté par Yves Duteil. Verdict : c'est beau, pas très grand mais raffiné, élégant, dans un très beau quartier. Les colonnades, c'est antique, c'est chic !
Le jardin Albert Kahn (92)
Alors là, c'est l'un de mes coups de cœur ! La grande serre, la roseraie et, le must, le jardin japonais avec son petit pont rouge en bois et ses massifs taillés au cordeau. Je rêve de me laisser enfermer dans le parc et d'installer mon sac de couchage dans l'une des maisons traditionnelles, de me réveiller au matin avec le chant des oiseaux et de parcourir le jardin à l'aube. Ce que j'aime, c'est également le musée avec sa collection impressionnantes de photos et de films qui sont autant de témoignages sur les cultures du monde. Kahn était sans aucun doute une figure de l'ethnologie et un chantre du respect entre les peuples. Pour la passionnée d'anthropologie que je suis, c'est une caverne d'Ali Baba !


dimanche 22 mai 2016

Beignets de tomates vertes

Fannie Flag, Beignets de tomates vertes, 1987.
Parfois, les livres que tout le monde lit ne sont pas des valeurs sûres ; d'autres fois, ils le sont. J'ai enfin lu Beignets de tomates vertes, non pas parce que je me suis finalement rangée du côté de ceux qui lisent tous la même chose, mais parce que le personnage d'un bouquin que j'ai adoré dernièrement, La bibliothèque des coeurs cabossés, le classait dans les incontournables. Non, je ne suis pas devenue folle et je  ne prête pas plus de crédit au discours d'êtres de fiction plutôt qu'aux conseils des personnes réelles. Quoique, c'est à voir... !
J'ai évidemment aimé Beignets de tomates vertes, et pas exclusivement à cause des recettes incluses à la fin du roman. Je plaisante là-dessus, mais la cuisine est omniprésente dans l'histoire et les plats évoqués fonctionnent comme autant de madeleines qui ravivent les souvenirs de Ninny, vieille dame isolée dans sa maison de retraite et qui entreprend de raconter le passé à Evelyn, une femme complexée et blasée qui y trouve un certain réconfort. Au fur et à mesure que les personnages prennent vie, ce sont autant d'âmes familières qui viennent peupler le quotidien sans relief d'Evelyn. Le roman est donc un incessant va et vient entre le passé et le présent. Les bons, de distance inégale puisqu'ils nous mènent dans le désordre chronologique de l'aube des années 20 à la fin des années 60, dynamisent le récit et offrent un panorama social et historique de l'Alabama. Mieux que ce qu'aurait pu nous proposer un banal livre d'histoire ! On y côtoie des "hobos", ces vagabonds du rail jetés sur les routes par la crise de 29 ; des communautés noires écrasées par le racisme et la misère dans les 40 et 50 qui cohabitent avec la peur du Ku Klux Klan ; et la manière que deux familles, l'une blanche et l'autre noire, ont de vivre ensemble avec tant d'harmonie que, si l'on n'y prend pas garde, on se prend à confondre la couleur des personnages. Reste à savoir si l'adaptation cinématographique est aussi bonne que le roman. Promis, quand j'ai 2h10 devant moi, je vois ça !

samedi 21 mai 2016

Le classement des cathédrales : Chartres, Paris et Bourges

Dernièrement, j'avais repéré sur internet un article de l'Express qui classait les plus belles cathédrales de France et le classement ne correspondait pas forcément à ce qu'on pense. Par exemple, Notre Dame de Paris n'apparaissait qu'en troisième position, derrière celle d'Albi et celle de Chartres. 
Je suis récemment passée à Chartres, sur la route de la Normandie, et je me suis arrêtée pour visiter son monument phare. Il faisait un temps splendide et les vitraux rayonnaient dans le soleil. L'extérieur ne m'a pas transportée, mais les jardins suspendus à l'arrière de la cathédrale m'ont séduite. 




En troisième position vient donc Notre Dame, dont le gros bon point réside dans la vue qu'on a de son sommet, imprenable, sur tout Paris. Et c'est là qu'on se dit que Paris, c'est beau ! Les flèches qui s'élancent dans le ciel chargé de nuages gris, les gargouilles grimaçantes et la Seine qui serpente au-milieu de la ville musée, franchement, que demander de mieux ?
(merci aux deux talentueux photographes !)



Ma préférée, bien qu'elle ne soit que quatrième du classement, c'est celle de Bourges. Je ne suis pas objective, je passe devant, derrière, dedans régulièrement et je ne me lasse pas de voir sa silhouette massive posée au-milieu de ma petite ville, cette beauté architecturale qui reflète le talent et le courage de ses bâtisseurs juste là, tout près de chez moi. Je la trouve belle, ses vitraux splendides, ses portes chargées de sculptures et sa dentelle de pierre majestueuses. C'était quand même la "petite chapelle privée" de Charles VII !



Et puis, hors classement mais aussi jolie à visiter, la cathédrale de Tours, qui possède aussi son charme.

mercredi 18 mai 2016

Orphelin des mots

Gérard Louviot, Orphelin des mots, 2014.
Il faut que je vous parle de ce bouquin ! J'avoue avoir regardé l'émission de Michel Drucker avec Renaud... Oui, je sais, ce n'est pas très Arte et tout et tout, mais ça a du bon, puisque Gérard Louviot était invité. Pourquoi ? Parce que c'est son idole (en l'occurrence Renaud, pas Michel Drucker) qui lui a permis d'aller de l'avant, qui lui a donné, par les mots qu'il n'avait pas, la force de se battre. Car Gérard a appris à lire à 35 ans. Avant, son enfance, son adolescence, n'ont été que de longues années de galère pour se cacher, dissimuler à tout prix ce handicap. Le livre raconte tout ça dans les moindres détails et l'école de la République (égalité des chances, etc, etc...) en prend pour son grade : bonnet d'âne, coups de règles, humiliations et refus de prise en compte des enfants en difficulté scolaire. 
On se dit que c'était il y a un certain temps, que les choses ont changé. Méfions-nous, le spectre du cancre, de l'idiot qui refuse d'apprendre n'est pas très loin ! Quand on sait combien d'années l'institution met parfois à se soucier du cas d'un élève à la traîne alors qu'on lui envoie des SOS depuis des lustres, il y a de quoi s'inquiéter. On a voulu une école unique, on l'a. Seulement, si du coup on ne rentre pas dans le moule, il y a de quoi se faire des cheveux blancs dès la maternelle. Enfin, c'est un autre sujet. Toujours est-il que Gérard se retrouve dans un IEM, une structure spécialisée pour les enfants atteints de différents handicaps (le sien, la dysphasie, ne sera diagnostiqué qu'à l'aube de la quarantaine, quand l'un de ses enfants lui-même en difficulté scolaire et atteint de ce trouble fera naître la lumière dans l'esprit d'un orthophoniste attentif) et où des professeurs bienveillants tentent de lui redonner confiance en lui. Et puis, c'est le grand saut dans la vie active et tout s'écroule. Gérard a peur, oublie le peu de choses qu'il a apprises. Alors, il développe toutes sortes de stratégies pour se planquer et que personne, ô grand jamais, ne découvre qu'il ne sait ni lire, ni écrire. Il va lui en falloir, du chemin, pour rencontrer enfin des oreilles attentives qui vont l'encourager et le guider, jusqu'à ce qu'il franchisse le cap de raconter son histoire en public. Entre temps, ce sont des heures et des heures de lecture minutieuse du dictionnaire, d'affichage des conjugaisons dans ses toilettes et de doutes à réprimer. Mais il a du courage, Gérard, plus rien ne l'arrête. Comme bande son de sa route semée d'embûches, il y a Renaud, celui qui lui prête ses mots, qui dit à sa place ce que Gérard ne parvient pas à exprimer. 

Autant vous dire que j'ai été passionnée par cette lecture et que cela a déclenché chez moi une réflexion déjà bien entamée sur le rôle de l'école, notre rôle à nous, professeurs, notre beau métier si souvent critiqué mais parfois si dur à exercer, et sur les stratégies à mettre en place pour mener tous les élèves, non pas vers un même niveau ou objectif, mais vers ce qui correspond à chacun dans ce qu'il a de plus personnel. Stratégies aujourd'hui trop souvent ignorées par une institution qui songe plus à faire du chiffre, à mener tout le monde au Bac dans le même wagon, quitte à en piétiner un certain nombre. Que voulez-vous, on a droit à un pourcentage de perte... Ah et puis allez, je me lance ! Moi ce que je voudrais, c'est qu'on cesse d'être hypocrite et qu'on pousse les élèves qui sont doués, qui ont faim et soif d'apprendre, sans les obliger à rester dans la moyenne. Ce dont je rêverais, c'est qu'on cesse de bannir l'élitisme. Et mon souhait le plus fou, ce serait de pratiquer une autre forme d'enseignement pour les gamins qui sont en galère. Le système n'est pas fait pour eux ? Et alors ? Inventons-en un autre ! Je suis convaincue que si je faisais avec eux de la cuisine, du bricolage, de la musique, des balades en forêt, tout ça en espagnol, ils se débrouilleraient comme des chefs à l'arrivée. Ok, je redescends de mon nuage et vais préparer des cours "comme il se doit"... 
Et puis tiens, "c'est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse, qui vous assigne une place plus près des anges que des angoisses..."

mardi 17 mai 2016

Trains de rêve

Depuis que j'ai lu "Patagonie express" de Paul Théroux, dans lequel l'auteur raconte son départ de Boston en métro, pour rallier la gare et filer vers le grand sud par le rail, le train me passionne. L'avion, c'est rapide, efficace, mais on ne voit évidemment pas les paysages. La voiture, c'est moderne, autonome, mais ça n'a pas beaucoup de charme. Quant à la marche, même si elle permet de sillonner des montagnes et des vallées, elle a ce côté épuisant qui peut dissuader. La route de la soie à pied, ça ne me tente pas plus que cela. Je laisse la performance à Bernard Ollivier qui le raconte très bien. Par contre, faire cette même route dans un train, j'adhère ! Les trains, au fond, ce sont des machines de légende, qui souvent suivent des routes elles-mêmes mythiques : celle des chercheurs d'or au Canada, l'Orient Express, le train des cimes en Argentine, le Moscou Pékin et j'en passe. Ils nous font aller au coeur d'endroits magnifiques, mystérieux, inquiétants ou fascinants. Le pont de la rivière Kwai, les chutes Victoria, pensez-vous ! Je me suis délectée en lisant le magazine Géo spécial consacré à ses trains de légende. Je suis montée dans le Al Andalus qui nous promène à travers l'Espagne musulmane ; j'ai sauté dans le Che-Pe qui traverse les montagnes mexicaines des indigènes Tarahumaras ; j'ai tremblé de peur, tapie sur le toit d'un train du Bangladesh. J'ai vécu plein d'aventures en lisant ces lignes magiques, en plongeant dans les photos au pouvoir envoûtant. Je suis ressortie de là en ayant noté plein de référence de romans et autres ouvrages à lire pour prolonger le voyage. J'ai du pain sur la planche !

lundi 16 mai 2016

Deux adresses à Soulac sur mer

Je sais, je sais, tout tombe à l'eau. Jusque là, je vous ai emmenés dans le département 33 (par le bac, souvenez-vous),  je vous ai choisi 3 coins à visiter, 3 plages où vous ressourcer ou vous baigner, vous ai raconté 3 jours aux VVF, et au moment où nous arrivons à l'article des bonnes adresses, je n'en ai que 2 à vous proposer !
Oui, mais en fait non. Parce que la première adresse est une sorte de deux en un. 
Livres et cornets
18 rue de la plage
Soulac sur mer
Voilà le genre d'endroit que j'affectionne, que j'aime, où j'adore passer un temps infini sans jamais avoir envie d'en sortir. Les touristes hésitent parfois à franchir la porte. Trop intello, trop bobo, que sais-je... ils ont tort ! Dès qu'on entre, on se trouve dans un décor chaleureux, élégant mais simple, tout bleu et crème, décoré de lampes originales et... peuplé de livres !!! On s'installe à l'une des tables en bois, où sur l'un des fauteuils confortables et on se prépare à rester là pour quelques minutes, quelques heures pourquoi pas, le temps de trouver son bonheur littéraire : du journal du jour aux romans policiers, en passant par les best sellers ou les grands classiques, il y en a pour tous les goûts. Et si vous êtes plus gustatifs que littéraires, les desserts maison auront aussi de quoi vous séduire. Ici, on croise des habitués : retraités revenant de leur promenade matinale, amies en grande conversation artistique, mais aussi des gens de passage qui se sentent attirés par l'ambiance bienveillante et accueillante qui vous enveloppe dès la porte franchie. Même les toilettes sont agrémentées de quelques lectures. Tout est fait pour le confort du corps et de l'esprit !

Le Balizié
1 rue de la plage
Soulac sur mer
Le restaurant avait l'air un peu bien, un peu chic, quoi, pas la base du restaurant de la ville touristique où on mange bien mais ça s'arrête là. On a eu du nez lorsqu'on s'est assis dans la grande salle avec vue sur la mer : c'était très bon ! Du décor tropical, chaleureux, au service efficace et souriant ; du cocktail (sans alcool), au dessert... ah ben non, on n'en a pas pris ! On n'avait plus faim, figurez-vous ! Parce que mon trio de poissons à la plancha m'avait calé l'estomac pour la soirée. Moi qui n'avais jamais mangé de thon, j'ai trouvé ça délicieux. Il faut dire qu'il était bien préparé. La garniture, la petite sauce, j'ai trouvé le tout parfumé, épicé, à mon goût. Du bon restaurant, un bon rapport qualité prix et une salle pleine qui veut bien dire ce qu'elle veut dire. Je recommande !
Voilà pour notre périple en Gironde ! Bientôt d'autres balades ! 



vendredi 13 mai 2016

Trois plages de Gironde: L'Amélie, Soulac, la Pointe de Grave

L'Amélie :
Entre le Verdon sur mer et Soulac sur mer, la plage de l'Amélie est répertoriée sur tous les guides et sur tous les plans. Hors saison, tout y est fermé. Pas de bar, pas de restaurant, juste la petite supérette qui accueille les visiteurs relativement nombreux par rapport à la taille de la plage. On se demande pourquoi tant de monde s'entasse sur cette virgule de sable jonchée de branches alors qu'il existe non loin de là de vastes étendues où personne n'a l'idée de venir s'installer. On en parle tout de suite après. 
Malgré tout, l'Amélie est un endroit magnifique avec sa barrière de rochers sur laquelle viennent s'écraser les vagues. C'est un lieu privilégié pour observer les éléments qui se déchainent, pour écouter les roulements de tambour et les explosions que provoquent les charges de l'océan sur la côte. 
Mise en garde non dénuée d'intérêt : attention à l'afflux en masse de moustiques très très assoiffés de chair fraiche !


Soulac sur mer :
Première de nos vastes étendues de plage, celle de Soulac. Sable fin et presque blanc, océan à perte de vue, étendue large et longue qui laisse une place incalculable pour installer sa petite serviette de bain. Deux bémols : la température de mai qui ne doit pas dépasser les 14 ou 15 degrés et, selon les courageux qui s'y sont aventurés, les cailloux au fond de l'eau qui agacent les pieds. Après, les vagues sont conséquentes, il faut maîtriser la situation ! Autour de nous, des familles venues faire bronzette, des enfants qui pataugent allègrement dans les piscines formées par les irrégularités du sol. Un superbe endroit. Et alors, le coucher de soleil... je vous en reparle plus tard !


La Pointe de la Grave :
Alors là, c'est le paradis sur terre ! A l'ouest de la Pointe, on se lance à l'assaut des dunes, vite au début, plus lentement après quelques mètres, avec ou sans tongs suivant la résistance de vos plantes de pieds aux piqûres des petites épines dissimulées dans le sable. Une fois en haut, c'est une vision paradisiaque qui vous attend : l'océan, le vrai, le seul et l'unique, et des kilomètres de plage sur lesquels il n'y a pour ainsi dire... personne ! Descendez en courant vers l'eau, la plage est à vous ! A marée basse, c'est juste énorme ! De quoi passer des heures de farniente, se perdre dans l'horizon, se vider la tête de toutes les choses inutiles, et pourquoi pas faire du yoga, de la danse... vous êtes seuls, puisque je vous le dis ! 
Ensuite, la marée monte et il faut déguerpir. Mais, en souvenir de ces heures de plein soleil, de paix intérieure et de chorégraphie dans le sable (pas mal, ma salle de danse, non ?) je déclare la plage de la Pointe de la Grave gagnante de cet article !