dimanche 30 mars 2014

Ainay le Vieil (18)

La visite des hauts lieux du Berry dans le froid, ça va devenir un concept dont nous allons déposer le brevet. Après la brume glaciale de Noirlac, nous poursuivons notre périple le long de la route Jacques Coeur. Aujourd'hui, la visite d'Ainay le Vieil dans la tempête. Pour changer...
Nous commençons par nous diriger vers les jardins. On entend le vent qui souffle dans les arbres, ça fait frémir. Dans les chartreuses, les bourgeons pointent le bout de leur nez et promettent une magnifique floraison dans quelques semaines. Nous reviendrons donc pour admirer la roseraie, de préférence, un jour de grand soleil, et chercher comme une aiguille dans une botte de foin la fameuse rose verte au milieu des feuillages. 
Le guide nous attend sur ce qui était le monumental pont-levis. Ainay-le Vieil, qu'on surnomme le petit Carcassonne, dresse ses murailles défensives, dans lesquelles nous avons la chance de pénétrer. Il y fait un froid polaire. Nous voici au-dessus de l’assommoir, là où les gardes passaient des heures oisives en attendant de pouvoir contrer l'assaillant à grands renforts de pierres, de braises... et d'excréments. D'où l'expression "être emmerdé"... Les gardes n'étaient pas souvent sollicités, Ainay le Vieil n'ayant été attaqué que quatre fois au cours de toute son histoire. Le chemin de ronde est aujourd'hui fréquenté par les touristes, qui peuvent profiter de la vue panoramique sur les jardins... et refaire leur brushing au passage.
A l'autre extrémité des remparts, nous visitons maintenant la partie XVIIème du château, bâtie avec les pierres de l'ancien donjon qui trônait au centre de la cour, et dont il ne reste aucune trace, sinon celle du précieux puits. Dans la pièce où nous sommes, c'est la petite histoire de cette famille, qui possède le château depuis 1467, qui entre en résonance avec la grande Histoire. Dans les vitrines de la chambre du roi, où ont séjourné Louis XII et Anne de Bretagne, on peut voir les derniers souvenirs personnels de Marie Antoinette, ainsi qu'une armure napoléonienne et des pistolets donnés par l'empereur lui-même à Colbert. De grands noms qui ont marqué la France, une famille dont l'arbre généalogique (sur le blason duquel on devine que ses hommes ont participé à cinq Croisades) et l'épaisseur du cadastre de l'époque démontrent la puissance. Une loggia à l'italienne qui marque les prémices de la Renaissance, une tour  (malheureusement en travaux en ce moment)qui rappelle celle de Blois ou de Meillant, voici le lieu de vie que la famille d'Aligny partage avec les visiteurs d'un jour.



Rendez-vous aux beaux jours pour une incursion dans la roseraie !

samedi 29 mars 2014

Michel et Augustin : les barrés du sablé



J'avais demandé au Père Noël des livres de cuisine, pour rénover mon stock. Je m'attendais à tout (cuisine italienne, méditerranéenne, desserts, épices...) sauf à ça, à cette chose qui n'est plus vraiment un livre, à cet objet insolite. 

Comment lire ces pages ? Dans quel sens ? Quel est donc cette histoire de vache ? Quel rapport avec mes recettes ?... Mystère... 
Je me suis aventurée dans la lecture, redoutant quand même le torticolis au vu de ces lignes complètement tordues, lancées dans tous les sens sur le papier. Et j'ai compris qu'il s'agissait de l'histoire d'une vie, de l'association de deux amis qui ont fini par fédérer toute une bande de joyeux lurons autour d'un truc fou : le goût. Mais leur assemblée n'est pas que gastronomique, elle est aussi ludique, humanitaire, éducative, solidaire, évidemment gourmande, profondément humaine. Des gens qui, de toute évidence, ne s'en laissent pas compter par les affres de ce système paralysant et destructeur d'initiatives dans lequel nous vivons. Des optimistes de la vie, des toqués qui n'ont pas les deux pieds dans le même sabot. Des modèles à suivre, tel qu'on vous le cause !

Allez donc voir un peu leur site et vous comprendrez que le monde de Michel et Augustin est un guide du vivre différemment :
Pour me mettre dans le bain, pour faire un premier pas dans la réalisation de ces recettes, j'ai essayé de me lancer dans la confection de sablés salés :
- raisins secs / cantal
- thym / parmesan
- carottes / romarin
Et j'avoue que la cuisine décomplexée, ça a du bon. Une sorte de philosophie qui pourrait se résumer par :
tu as une folle idée ? réalise-la !
tu en as envie ? fais-le !

jeudi 27 mars 2014

Le "couchsurfing", un plan drague international ?

Devant me rendre en Bolivie en juillet - août, je me suis mise à la recherche d'un logement là-bas. L'hôtel ne me tentait pas des masses, étant donné le "léger" trou que cela ferait dans mon budget (imaginez-vous, un mois, c'est long, même dans le "Tiers-Monde", là où vous pensez peut-être que tout est bon marché...). Les auberges de jeunesse ? Bof, sans plus. En parcourant l'excellent blog Voyages et Vagabondages de Lucie, à la recherche d'un bon plan pas cher, je suis tombée sur son article qui parle du "couchsurfing" et dans lequel elle explique très bien le principe. Un réseau international, des profils de membres dans le monde entier et un concept simple : je suis hébergée gratuitement ; en échange, je propose (ou pas) un accueil chez moi. Tout cela m'a semblé fort intéressant et, après avoir bien étudié le site, j'ai créé mon propre profil. Parler de moi, dire où j'habite et décrire l'hébergement que je propose, énumérer mes goûts, mes lectures, mes voyages effectués ou prévus, jusque là, tout était o.k. L'idée de partager des rencontres, de passer quelques jours avec des gens "du cru" pour en voir un peu plus sur le quotidien du pays où je me rends, c'était tentant. 
Entre temps, j'avais acheté un billet d'avion pour Athènes. Ne pouvant pas non plus être logée, j'ai envoyé une ou deux demandes de "canapé", chez deux jeunes femmes, pour tester. L'une d'entre elles, très gentille, m'a répondu. Evidemment, il était bien trop tôt, j'en étais consciente, mais je voulais juste savoir si la communication fonctionnait, si derrière ces profils internet il n'y avait pas que du vent. Ce que je n'avais pas prévu - j'avoue être parfois naïve malgré mon âge déjà avancé... -, c'est que mon petit texte d'introduction qui indiquait mes dates de voyage et la raison de celui-ci allait être visible par tous les utilisateurs du site. Suite à ça, j'ai commencé à recevoir deux, trois, puis quatre mails de garçons qui me proposaient leur canapé. Si je n'étais pas aussi méfiante, si j'avais l'insouciance de mes vingt ans, j'aurais trouvé ça très sympa, encourageant, accueillant. Dans l'absolu, pas de danger imminent, rien à craindre. Tout de même, mon petit doigt, qui a déjà vécu, m'a soufflé à l'oreille quelques recommandations : attention, le verre de l'amitié, la drogue du violeur ; attention, un appart près de l'aéroport, une cave ?... Et toutes sortes de psychoses qui pourront paraître sans fondement à beaucoup d'entre vous. Que voulez-vous, je suis méfiante. 
Les choses se sont envenimées lorsque l'un de ces hommes, tout juste trente ans (un jeunot, évidemment bien sûr. On est encore jeune, à trente ans, n'est-ce pas ?) a récidivé. Un mail, deux, trois, quatre et hier un cinquième. Je me suis dit, cette fois, c'en est trop. J'avais pris la précaution, en voyant les messages insistants de Roméo, d'aller fureter sur la toile d'autres témoignages qui invalideraient cette vision bisounours du couchsurfing. Cela ne va pas vous étonner, j'en ai trouvé. Pas mal. Des désistements de dernière minute, des gens peu fiables. Sur le site même du réseau de surf sur canapé, apparaissent même clairement des avis sur les différents hôtes, dont certains sont peu engageants. D'autres m'ont étonnée par leur texte farci de directives du genre "on fait le déjeuner, tu prépares le dîner. Mais attention, pas de viande, on est végétariens" et comportant même, accrochez-vous bien... un prix ! 8 euros la nuit pour un réseau soit-disant collaboratif. Ou comment trouver le discrédit directement à la source. Ce qui m'a le plus frappée, indignée, ce sont les réponses aux questions suivantes : "avez-vous des enfants ?" et "pouvez-vous héberger des enfants ?". A la première interrogation, 99 % des hôtes répondent non, ce qui n'est pas aberrant étant donné qu'ils se situent surtout dans la tranche 18-30 ans. Mais, à la deuxième question, 80% des membres répondent également non. Demandons-nous donc à notre tour : pourquoi refuser d'héberger un enfant, en particulier quand l'appartement qu'on décrit sur le site comporte suffisamment d'espace et de lits pour une maman et son petit ? 
C'est alors que j'ai compris. Tilt. Je suis une grande optimiste, et l'optimisme, parfois, ça rend con. J'ai créé mon profil en me réjouissant à l'avance de pouvoir héberger des gens chez moi, les rencontrer, leur faire visiter ma région, avec ou sans enfant, peu importe, mais la porte grande ouverte. Hier soir, j'ai ouvert les yeux sur ma trop grande naïveté, sur mon trop grand espoir en ce qui concerne l'être humain. Ce que cherchent la plupart de ces jeunes gens, en s'inscrivant sur le site de couchsurfing, ce n'est pas à vous prêter leur canapé, c'est à vous offrir leur lit. 
J'en ai conclu que le couchsurfing est en fait un gigantesque plan drague international, une aubaine pour les amours sans lendemains, pour les aventuriers du plumard. Vu que ce qui m'intéresse, dans les voyages, ce n'est pas de petit-déjeuner au lit après une nuit de bringue, mais au contraire de boire un café à l'aube sur un marché, entre les salades et les mamies qui ont tellement d'histoires à raconter, je pense me désinscrire de ce site et orienter mes recherches d'hébergement de manière légèrement différente...
Février 2006 - Llallagua, Bolivie - Des visages, une conversation, une histoire...

mardi 25 mars 2014

Certaines n'avaient jamais vu la mer

Julie Otsuka, Certaines n'avaient jamais vu la mer, 2012.
Ce qu'il y a de bien, quand on n'est pas au travail, c'est qu'on peut dévorer du livre. Celui-ci est assez mince dans son apparence, mais extrêmement dense dans son contenu. Au choix, son style peut énerver ou subjuguer. On peut le trouver nullissime ou génial. Décryptage. 
Nous sommes au début du XXème siècle, sur un bateau qui traverse l'océan pour se rendre du Japon aux Etats-Unis. A son bord, des dizaines, peut-être des centaines de jeunes filles japonaises qui quittent leur pays d'origine pour aller retrouver de l'autre côté de la grande flaque les maris qu'on leur a attribué. D'après ce qu'elles en savent, ces hommes ont tous de bonnes situations. En réalité, ils sont ouvriers, paysans, journaliers, exploités. Les femmes vont se retrouver prises au piège de leurs illusions, engluées dans une vie décevante, rude, violente. Jusqu'à ce qu'arrive la seconde Guerre Mondiale et que le frêle équilibre qu'elles croient avoir établi s'écroule. Commencent alors la peur, la traque, les disparitions, puis le silence. 
Le livre est écrit comme une partition de chœur antique, sans protagoniste, avec un héros collectif : les femmes. Il peut sembler répétitif, mais il contient en fait un condensé d'informations, une compilation de situations qui démontrent une recherche aboutie de la part de l'auteur. On est entraîné dans ce tourbillon qui se déclenche comme une symphonie, va crescendo, prend des accents graves pour ensuite se faire lugubre. Alors vient la dernière note, et c'est le silence. On n'entendra plus jamais parler des Japonais. 
Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais lu un livre aussi musical, qui se suffit à lui-même et dont la mélodie et les accords restent en tête longtemps après la lecture. Ce qui est frappant, c'est qu'en plus d'être une oeuvre magnifique, c'est un vrai témoignage historique, la parole redonnée à une population dominée puis exclue de la société, reléguée au rang de traîtres à la Patrie, d'indésirables parqués dans des camps après l'attaque de Pearl Harbor.
"Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs  jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements, mais la plupart d'entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté - hérité de nos soeurs, passé, rapiécé et bien des fois reteint. Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaient filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à notre tour."
Pour achever de vous convaincre de vous ruer sur le livre de Julie Ostuka, une vidéo dans laquelle l'auteur elle-même nous parle de son livre et qui montre parfaitement dans quel état d'esprit elle l'a écrit : hommage, récit-vérité, humilité. Et pourtant, maestria. 

lundi 24 mars 2014

Skin

Par hasard, mais il n'y a pas de hasard, je suis tombée en cours de route, en zappant, sur des images qui m'ont interpellée. Inutile de vous dire que c'était sur Arte, seule chaîne qui tente encore d'éveiller les esprits.
Afrique du Sud. Apartheid. Deux parents blancs donnent naissance à une enfant métisse, Sandra. Ils se battent pour qu'elle bénéficie d'une éducation "normale", c'est-à-dire pour qu'elle soit reconnue comme blanche. Considérée comme une bête curieuse par les journalistes qui assaillent le couple, objet d'étude pour la science, la fillette ne se sent pourtant pas comme ses parents ou son grand-frère. Elle sait qu'elle est leur enfant, elle sait aussi, profondément, qu'elle n'est pas comme eux. Elle porte dans son corps, souffre dans ses tripes les contradictions auxquelles elle doit faire face au quotidien, non seulement dès qu'elle sort de chez elle, mais avant tout face à son reflet dans le miroir.
Sandra grandit, devient adolescente, puis femme. Elle rencontre plusieurs prétendants blancs mais aucun ne lui convient : l'un lui rappelle maladroitement sa différence physique, la plaçant ainsi dans une situation d'infériorité ; un autre ne voit en elle que l'occasion d'assouvir une pulsion malsaine. Et ce qui doit arriver arrive : rejetée par ceux qu'un tribunal lui a finalement désignés comme "semblables", Sandra tombe amoureuse de Pétrus, ouvrier noir travaillant pour son père, en qui elle trouve le réconfort qui lui manque. Tout bascule alors. On comprend que le père, qu'on avait pris pour un humaniste, n'est en réalité rien de plus qu'un blanc qui a cherché à protéger sa fille. L'apartheid est là et bien là, et Sandra doit choisir entre son amour et sa famille. La violence se déchaîne, le fossé se creuse. Le film exprime parfaitement le tiraillement intérieur et tout ce qui se joue pour la protagoniste, qui vit écartelée entre deux mondes impossibles à réunir mais qui cohabitent pourtant en elle. Comment ne pas être touché par le jeu bouleversant de l'actrice, Sophie Okonedo, et par le récit de cette histoire vraie qui va bien au-delà de l'apartheid. On ne peut que se reconnaître en Sandra, on ne peut que trembler d'effroi face à ce qu'elle a vécu et d'admiration pour cette fille, cette femme qui n'a pas eu d'autre choix que de survivre entre deux extrêmes.
Et si l'on va un tout petit peu plus loin, en fait, juste sous notre nez, on se rend compte qu'on a tous un apartheid dans la tête, qu'on vit tous des situations d'apartheid qui nous entraînent de force vers des chemins qui longent le précipice. 

Château Guillaume (36)

Je poursuis mes repérages pour les visites de la saison estivale, malgré le temps plus qu'incertain ce week-end, malgré ce printemps en expansion surpris par le froid. Nous voici donc aux abords de Château Guillaume, aux confins du Berry, à la frontière du Limousin. La forteresse du XIème siècle est encore endormie, plongée dans sa léthargie hivernale. Son inquiétante et sombre silhouette se dresse au-milieu d'une nature sauvage. Isolé, comme sur une île, Château Guillaume frémit encore du souvenir d'Aliénor d'Aquitaine et de son grand-père, Guillaume IX. Nous effectuons à l'envers et sous la grisaille le parcours qui décrit un circuit autour du château, lisant ça et là les panneaux sur lesquels c'est la voix d'Aliénor qui nous raconte l'histoire des lieux. Nous sommes seuls, transis de froid, les pieds mouillés après le passage de la petite rivière, dont les eaux débordent suite à une longue période de pluies. De retour au parking, il est temps : la pluie commence à tomber, puis c'est un mélange de grêle et de neige fondue qui nous oblige à battre en retraite. Qu'importe, nous reviendrons à la belle saison et nous partirons à l'assaut des mystères de ces vénérables pierres. 



vendredi 21 mars 2014

Le trésor grec



Irving Stone, Le trésor grec, 1975.
Avant de passer mes journées à trébucher sur des estrades de salles de classe poussiéreuses et odorantes, je rêvais d'être archéologue. Je lisais les récits des découvertes et me voyais bien avec un pinceau, grattant la terre inca, découvrant des temples mayas encore inexplorés ou déambulant dans les rues de Pompéi. Je m'imaginais répertoriant les fresques du palais de Cnossos, faisant des conférences à travers le monde, écrivant des livres. Je me rêvais en Hiram Bingham, en Henry Schliemann. 
C'est avec une jouissance sans bornes que je me suis plongée dans cet énorme livre, que je l'ai repris chaque soir comme un doudou. Une madeleine de Proust. Ou plutôt un baklava d'Athènes. 
Nous sommes dans la deuxième partie du XIXème siècle, au moment où le millionnaire Henry Schliemann se prend d'amour pour la Grèce Antique et pour une jeune femme de 16 ans, Sophie Engastromenos. Plus que son épouse, il décide de faire d'elle son associée. Ensemble, ils se lancent avec passion dans la recherche de la Troie d'Homère. Les conditions de travail sont dantesques dans ce milieu inhospitalier. Mais, de manière inattendue, Sophie apprend à aimer cette ambiance, jusqu'à devenir elle-aussi une acharnée des fouilles archéologiques, et même, d'après ce qu'en dit le célèbre biographe, jusqu'à aimer son mari, cet homme de trente ans son aîné qui fera toujours passer sa passion pour l'Antiquité avant sa famille. L'histoire prend une telle tournure qu'il apparaît très vite que Schliemann se fait voler la vedette : la véritable héroïne, c'est Sophie. Cette jeune fille qui devient une femme au-milieu des tranchées, dans la poussière de Troie, qui s'instruit, prend le commandement d'équipes de fouilles bien sûr totalement masculines, qui impose son point de vue. Sophie devient un élément essentiel du travail : elle recopie les articles de son mari, découvre elle-même des parties entières des sites archéologiques, tant à Troie qu'à Mycènes, se voue toute entière à cette tâche, jusqu'à laisser à Athènes ses deux enfants durant des mois pour mieux mener à bien sa mission. Schliemann est l'enthousiasme, elle est la raison. Il est la tempête, elle est le pilier du couple, notamment lorsqu'ils sont accusés d'avoir inventé de toutes pièces leurs découvertes. Les critiques sont terribles et s'abattent sur eux comme une marée de fiel, mais, ensemble, ils font face. Bien sûr, ils auront des divergences, la plus importantes d'entre elles reposant sur la vente par Henry du trésor de Priam à un musée allemand. Mais leur couple reste mythique. Des pionniers de l'archéologie moderne. 
L'aventure est tellement passionnante que j'en ai rêvé la nuit, que le sommeil m'a parfois transportée, après avoir refermé le livre, à Troie et à Mycènes. Dans les bras de Morphée, à genoux, les mains dans la terre, je me suis vue heureuse. 

jeudi 20 mars 2014

La forteresse de Montrond. Première approche...

Ayant un peu de temps ce matin après un rendez-vous, j'ai dévié ma route pour emprunter les petites rues de Saint Amand qui mènent à la forteresse de Montrond. J'ai dépassé la maison qui abrite les locaux du cercle d'archéologie (décidément, ça me poursuit, je vous expliquerai pourquoi très prochainement) et me suis engagée sur le chemin en pente douce qui monte vers les ruines.  Je me suis assise sur un banc. Les petits oiseaux gazouillaient, le soleil me chauffait le dos. Je me suis relevée au bout de quelques minutes de méditation et me suis retournée. En redescendant les marches, j'ai embrassé d'un regard nouveau le panorama. De la colline, on domine toute la ville. On la sent proche sans y être vraiment. Je suis repartie. 


Dernièrement, je vous avais conseillé d'aller visiter Saint Amand, puis de vous enfuir. Je revois mes positions. Le quartier de la forteresse n'a rien à voir avec le centre-ville un peu morose et figé. Ici, le temps s'est arrêté au début du XXème siècle, voire à la fin du XIXème. Ou alors nous sommes plein sud et nous ne nous en étions pas rendu compte. Je m'installerais bien pour boire un lapsang souchong dans l'un des jardins de la rue Mazagran...
Bientôt, donc, une visite digne de ce nom de la forteresse de Montrond !

samedi 15 mars 2014

Noirlac en hiver

14h35. Arrivée sur les hauts de Noirlac par un froid noir. La plaine est enveloppée dans un épais brouillard qui couvre tout et donne aux forêts alentours un air mystérieux. 
14h40. Noirlac face à nous, abbaye cistercienne massive nappée de silence. On entre. Le cellier est glacial mais on devine déjà que la hauteur sous plafond sera de mise tout au long de la visite. Pierre blanche, isolement, solitude et prière. Le cloître n'est guère plus jouissif. Il fallait être sacrément accroché pour vivre ici l'enfermement au quotidien, suivre le rythme des 8 prières par jour, se rendre aux mâtines à 2h30 chaque matin et se taire le reste du temps. Manger en silence, méditer, prier et recopier des mètres et des mètres de parchemin. Le nom de la Rose. Ambiance. Rien ne distrait les moines : ni icônes, ni fresques, ni statues. Le pur dénuement. L'église aux dimensions XXL en témoigne. Le vide. Dans l'espace et dans les esprits. Ces lieux n'invitent pourtant pas vraiment à la joie dans le Christ. Ils glacent plutôt le sang. En entrant dans le réfectoire, en imaginant l'alignement précaire des lits dans le dortoir, on se sent en milieu carcéral. 
15h30. Sur la terrasse, en plein air, on respire. Un rayon de soleil transperce le brouillard et traverse le quadrilatère divin de part en part. On se sent soulagé de constater que l'astre solaire ne nous a pas abandonnés dans cette prison religieuse. Les termes ne sont pas choisis au hasard : il existait un cachot pour que les moines qui ne se montraient pas suffisamment concentrés pendant les lectures ou les offices y purgent leur punition, non sans avoir auparavant reçu quelques coups de fouet. Le bourrage de crâne ne cessait jamais, impossible de s'écarter du chemin, maigre fil de foi entre le paradis auquel ils aspiraient et l'enfer qui les menaçait. 
15h45. On ignore si les tilleuls tricentenaires du jardin savaient alléger la peine capitale de ces moines prisonniers volontaires. On ne sait dire si ce parc leur procurait du plaisir, de la paix, du contentement, ou bien s'il n'était qu'une obscène invitation à la liberté. Aujourd'hui, l'endroit est tranquille, mais on y devine la même ombre inquiétante qu'au sein des austères bâtiments. 
16h09. Nous sommes enfin dehors. Deux oies sont passées au-dessus de nos têtes. On les a suivies. La brume s'est de nouveau épaissie. On ne verra plus le soleil. Nous laissons Noirlac derrière nous, partagés entre l'émerveillement et la sidération. 





vendredi 14 mars 2014

St Amand Montrond (18)

Qualifiée de "joli port de pêche" par un ami du cru, maintenant exilé sous des cieux plus ensoleillés (quoique pas forcément plus cléments, on ne peut pas tout avoir !), St Amand Montrond mérite le détour. Située sur la route de St Jacques de Compostelle (celle qui part de Vézelay), elle est un condensé d'histoire. Toutes les époques se côtoient, des vestiges gallo-romains à la deuxième Guerre Mondiale, en passant par le Moyen Age et l'époque de la Révolution Industrielle. St Amand a des choses à dire au mètre carré. Il faut délaisser assez vite les grandes artères, sur lesquelles s'alignent néanmoins quelques belles et imposantes maisons bourgeoises, pour pénétrer dans la vieille ville. C'est là qu'on peut dénicher de petites surprises : anciennes boutiques, encadrements de fenêtres, statues, anciens hôtels particuliers, ruelles moyenâgeuses... Le tout avec un air de ne pas y toucher. Car St Amand reste une petite ville de province, endormie, aux rues peu animées et nonchalantes, presque éteintes. Il est doux de s'y promener, mais il ne faudrait pas s'aventurer à y prendre une chambre d'hôtel pour y passer quelques jours. On y voit des marins sans bateau, tanguant dangereusement tant qu'ils n'ont pas pris appui sur leur comptoir favori, ça en dit long sur le désœuvrement qui règne ici... Le parcours est très bien fléché (on peut télécharger des documents ici et trouver des parcours à faire avec les enfants) et des panneaux résument un peu partout dans la ville ce qu'il faut savoir sur les différentes époques historiques de la cité et les différents bâtiments dignes d'intérêt. Franchement, je m'attendais à beaucoup moins bien et, le soleil aidant, St Amand m'est apparue sous un jour plutôt favorable. Une agréable heure de balade à faire en passant dans le coin, entre la visite de l'abbaye de Noirlac (où je me rendrai prochainement) et une randonnée au bord du Canal du Berry. Et puis... sauvez-vous vite !







jeudi 13 mars 2014

M.U.L et M.U.L.E.T

La mule et le mulet. Ce n'est pas une fable de La Fontaine qu'on aurait miraculeusement exhumée d'un recueil oublié. C'est la différence entre les adeptes de la Marche Ultra Légère et les Marcheurs Ultra Lourds et Têtus. 
Deux choses m'ont amenée à fricoter avec la première catégorie : d'abord, je repars cet été faire un long voyage (que ce soit dit, je repars en Bolivie, après 4 ans d'absence, je vous en reparlerai souvent et abondamment je pense) et, ne sachant pas exactement où je vais crécher, je me suis retrouvée face à des questions existentielles du type "valise ou sac à dos ?" ; ensuite, j'ai lu Jean-Christophe Rufin.
Me voici donc face un dilemme : valise ou sac à dos ? Définitivement, la valise, pour aller d'une ville à l'autre en Bolivie, ce n'est pas pratique. Je m'imagine déjà traînant 23 kilos derrière moi en remontant les rues au dénivelé assez raide de la capitale bolivienne. Quant au voyage en bus, n'en parlons même pas : devoir monter et descendre avec une valise serait un pur cauchemar ! Pourtant, la valise, j'en aurais bien besoin : pour la remplir de vêtements, de cadeaux, de tissus, de médicaments, etc... Alors, je me repose la question : valise ou sac à dos ? Si j'opte pour la deuxième solution, je vais devoir investir dans un 80 litres au moins, afin de pouvoir y loger mes 10 paires de chaussettes de rechange, mes 4 tubes de crème solaire et de Biafine (caresse du soleil de 4000 mètres oblige), mes 8 t-shirts et mes 5 pantalons. Ben quoi, je pars un mois, tout de même ! Je ne vais pas y aller à poil ! Quant au matériel de travail, n'en parlons pas : carnet, stylos, appareil photo. Je suis même allée jusqu'à me demander si je prenais ou pas mon ordinateur avec moi. C'est là que je me suis dit que, moi qui pensais voyager léger dans la vie, ne pas être attachée aux biens matériels et avoir la capacité de ne m'entourer que de l'essentiel, je me mettais le doigt dans l’œil jusqu'à l'omoplate. 
Et c'est à la lecture du récit de la marche vers Compostelle qu'a relatée Jean-Christophe Rufin que je suis allée fureter vers ce qu'il appelait le mouvement MUL... pour immédiatement m'identifier comme MULET, c'est-à-dire une personne qui porte sur son dos la moitié de sa maison, façon petit-gris affublé d'une conque marine. Rufin lui-aussi a dû revoir ses ambitions matérielles à la baisse au bout de quelques jours, en sentant la morsure des bretelles du sac à dos trop lourd sur ses épaules meurtries. Il parle même avec humour de l'arrivée de sa femme en Galice, décidée à faire les derniers kilomètres avec lui, et chargée d'une trousse de maquillage disproportionnée par rapport à la besace amaigrie de son mari. 
Je me suis donc empressée d'aller mener mon enquête sur internet. Qu'est-ce que la MUL, ou marche ultra légère ? On peut lire cet article qui est très explicatif et détaillé ou aller faire un tour sur le site www.randonner-leger.org où tout est abordé : de la cape imperméable qui fait tente à la popote en titane, en passant par la longue veste qui fait aussi sac de couchage. Le poids du sac en lui-même est également évoqué (qui pèse souvent, vide, quelques 3 kilos) ainsi que le fait de préférer des chaussures basses plutôt que celles à tige haute, beaucoup plus lourdes. Et alors, comme le dit à très juste titre Jean-Christophe Rufin, vient le thème de la peur. Se défaire du matériel renvoie à la peur ancestrale de manquer, de ne pas avoir à disposition tous ces éléments qui nous entourent au quotidien, qui nous rassurent. Alléger son sac, c'est se sentir démuni, appauvri, sans repères. Il en va de même pour les objets de la maison. Pourquoi est-on si attaché à cette bougie que l'on n'allume jamais parce que lorsqu'on l'allume la cire chaude s'écoule un peu partout ? Pourquoi tient-on autant à garder cette collection de tortues en céramique qui ne nous servent strictement à rien, si ce n'est à nous gêner quand on fait la poussière dans la bibliothèque ? Je vous dis cela, mais je n'ai pour ainsi dire aucun bibelot superflu, mes nombreux déménagements, parfois express, m'ayant enseigné depuis longtemps que toute notre vie peut tenir dans un sac de sport. La question à se poser, si l'on ne parvient pas à jeter, est la suivante : si ta maison brûlait, cher lecteur, que rachèterais-tu ? A lire à ce sujet, les excellents livres de Dominique Loreau, prêtresse de la simplicité et de l'essentiel. 
Je poursuis donc mes réflexions existentielles sur le contenu des sacs, valises et autres ersatz de malles de mes futurs voyages... 
Et vous ? Etes vous une MUL ou un MULET ?
Cochabamba - février 2010

mardi 11 mars 2014

Immortelle randonnée


Jean-Christophe Rufin, Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, 2013.
Je reviens du pèlerinage de Compostelle sur les épaules de Jean-Christophe Rufin. Ce fut très confortable, ma foi. Son récit est aux livres que j'avais qualifiés de "bien écrits" ce que l'enluminure est au gribouillage. Un type capable de décrire "le murmure tout proche du ressac qui ourdissait sans relâche son complot millénaire contre les terres", ça force le respect. Il aurait pu aller à la Mecque ou à Chartres, je l'aurais suivi aussi. S'il était un chanteur, on dirait de lui qu'il pourrait "chanter le bottin". Rufin n'écrit pas bien, il excelle. Prends-en de la graine, écrivain en herbe, apprend, enregistre. C'est un chef d'orchestre des mots, un Karajan de la langue française qui pioche avec génie les termes les plus précis dans la forêt des mots pour les ordonner avec brio et produire des descriptions non dénuées d'humour. Qu'il soit allé à Compostelle revêt alors une autre importance, de l'ordre du secondaire. Quoique, ce n'est pas si secondaire que cela. 

Compostelle, c'est LE pèlerinage par définition, le Chemin qu'il faut avoir parcouru une fois dans sa vie, si l'on est adepte de cette mode qui veut nous remettre nos croquenots de bobos sur les routes. Il y en a même qui marchent en jeûnant, mais c'est une autre histoire. Rufin nous explique qu'il ne le fait ni pour la foi, ni pour les paysages, ni pour le tourisme. Juste pour lui, en égoïste. Il part d'Hendaye, longe la côte basque puis la Cantabrie et les Asturies, pour terminer sa route sur le Camino Francés à travers la Galice jusqu'au Graal. Bon marcheur, alpiniste, il ne se doute pas une seconde qu'au bout de quelques jours ses pieds vont pouvoir éclairer toute la Péninsule tant ils sont bardés d'ampoules, autant de diplômes acquis à la dure. Rufin nous présente son voyage en trois étapes : d'abord, une première semaine de doutes, de cogitations et de difficulté à cesser de ressasser ; ensuite, une deuxième semaine où la marche devient mécanique et où la machine avance en pilotage automatique, permettant à l'esprit de visiter avec plus de foi les sanctuaires qui se présentent à lui ; et puis, à l'abord de la troisième semaine, l'auteur nous confie sa victoire sur l'esprit, celle qui consiste à ne plus rien vouloir, ne plus rien espérer, et à avancer avec paix et confiance. Etat qu'il qualifie, faute de mieux, de "bouddhiste". Et de s'empresser de nous dire qu'il ne fait pas de prosélytisme, de nous rappeler qu'il a fait ce voyage uniquement pour lui, et pour lui seul. 
Outre ces trois états du voyageur, le fil rouge demeure les rencontres, toutes plus piquantes et étonnantes les unes que les autres : de l'Autrichienne gloutonnement dragueuse au savoyard tout simplement parti de chez lui, un matin, comme s'il allait acheter des cigarettes, en passant par un duo de retraités allemands accros à la bière et à d'autres subterfuges. C'est du portrait haut en couleurs, ça madame ! De l'instantané, de l'eau forte de Goya. Et de pouvoir avoir ce livre en ses mains, c'est du luxe, que dis-je, un cadeau ! Ecrit par quelqu'un d'autres, ça aurait pu tourner au récit de voyage chiantissime où tous les jours se suivent et se ressemblent mais il n'en est rien. On arrive à Compostelle sans même s'en être rendu compte, avec en prime l'impression d'avoir fait le voyage avec lui, en profondeur. 
Allez, en guise de conclusion, je ne résiste pas à vous reproduire ici un passage qui m'a amusée, tant par le fond que par la forme. Rufin ose allier la langue châtiée à des références toutes prosaïques. Espèce de génie !
(nous sommes à l'arrivée à Compostelle, lorsque l'auteur fait la queue dans les locaux du bureau qui lui délivrera sa fameuse compostela, papier attestant qu'il a bien effectué un minimum de 100 km à pied) :
"L'ambiance est assez froide, malgré tout, peut-être parce que les pèlerins appartiennent à deux catégories qui ne communiquent guère : les marcheurs et les cyclistes. On reconnaît ces derniers à leur maillot. Ils portent parfois jusque dans les bureaux leurs bizarres chaussures à cale-pieds. Ils sont bronzés, épilés et arborent sur le front des lunettes de soleil profilées. En les voyant aux côtés du marcheur au long cours, souvent hirsute et déguenillé, on a l'impression d'assister à la rencontre de Jean Valjean avec Alberto Contador."

lundi 10 mars 2014

Les femmes du 6ème étage

Voilà un bon film ! Tandis qu'on nous pourrit les neurones avec des navets à quelques millions d'euros et qui sont censés être des "comédies", certains films demeurent à mon avis beaucoup trop dans l'ombre. En toute modestie, nous sommes ici pour rétablir la vérité et leur donner leur place au soleil.
Hier soir, j'ai vu "Les femmes du 6ème étage". Rien à voir avec les gags lourdingues qu'on nous propose la plupart du temps, avec ces comédies dont le scénario, avec ses gros sabots, va de gags en gags, tous plus balourds les uns que les autres, jusqu'à provoquer un malaise chez le spectateur qui finit par se demander "quand est-ce que ça s'arrête ?". Ici, le réalisateur agit par touches légères, tel un habile artiste peintre. Sa manière intelligente de filmer les scènes démontre qu'il a compris l'urgence de taire certaines choses, la nécessité des silences. La giusta misura de la Renaissance Italienne. Tout est dans le clair-obscur, dans les ombres que les personnages projettent les uns sur les autres.
Nous sommes dans les années 60, des femmes espagnoles arrivent en masse à Paris pour travailler comme femmes de ménage, bonnes à tout faire. Une poignée d'entre elles, les héroïnes du film, vivent au 6ème étage d'un immeuble bourgeois, avec très peu de commodités, pour ainsi dire pas du tout. Monsieur Joubert, agent de change, et sa femme emploient chez eux l'une de ces Espagnoles. En principe, ces deux mondes se croisent sans se rencontrer, sans se toucher, dans ce qui ressemble fort à une ségrégation, mépris racial et relation de dominant-dominé à l'appui. Mais au fur et à mesure du film, Jean-Louis Joubert et son employée, Maria, chacun de leur côté, traversent les barrières invisibles, rompent les codes. Cela est très habilement représenté par le jeu avec le langage, les regards, les attitudes, les réactions contrastées face à des événements de vie similaires. Tout en finesse. Et, contrairement à ce qu'on peut lire dans certaines "critiques" ou certains résumés, je ne vois dans ce 6ème étage rien de folklorique. Evidemment, elles chantent du flamenco et il leur arrive de faire la fête, mais le sujet n'est pas là et le réalisateur sait ne pas appesantir sur des clichés. Cette oeuvre, qui aurait pu ressembler à ces comédies overdosées de quiproquos et dans lesquelles il nous semble même entendre des rires enregistrés tellement tout est couru d'avance, est un bijou de poésie.
A voir comme on regarde une fresque de Masaccio.

dimanche 9 mars 2014

Mareuil sur Arnon (18)

Pas très loin d'Issoudun, dans le Cher, au milieu de nulle part. 
Mareuil sur Arnon est une petite perle cachée entre des champs à perte de vue et des bois touffus. La route n'est pas très large et ressemble à des centaines d'autres routes de campagne, insignifiantes. On scrute quand même l'orée des forêts, au cas où, une biche, un chevreuil... Et puis, on arrive à Mareuil. Les rues sont étroites, mais déjà, dès les premières maisons, on sent que quelque chose ici n'est pas comme ailleurs. Beaucoup de vieilles bâtisses sont rénovées ou en travaux, offrant au regard un défilé de pierres blanches typiques de la région. Demeures de charme avec vue sur l'étang. En ce dimanche matin, les habitants s'activent en sifflotant, le sourire aux lèvres. Les visages ouverts n'ont rien à voir avec les traits fermés que l'on peut croiser dans d'autres villages du Berry. Ici, c'est une station balnéaire, un sud au centre de nulle part, un écrin de verdure. Le paradis des promeneurs, des flâneurs et autres pêcheurs. Au choix, on peut se faire une balade de 4,5 km à 10 km autour de l'étang et apercevoir le vol silencieux d'un héron, s'asseoir en terrasse le nez au soleil, ou encore laisser ses enfants gambader et s'amuser tout en lézardant, allongé sur l'herbe, au bord de l'eau. Cette escapade confirme bien ce que je pense depuis des lustres : l'ailleurs est souvent à notre porte. Aller à Mareuil sur Arnon et s'imaginer dans son camping car au départ d'un tour du monde...




jeudi 6 mars 2014

La route Richard Coeur de Lion : Rochechouart

Nous avions, il y a un certain temps, parcouru ensemble la célèbre route Richard Coeur de Lion : Nexon, Lastours, Châlucet. Cette fois, nous allons aux confins de la Haute Vienne, à la limite de la Charente, pour aller voir le célèbre château de Rochechouart. Ce magnifique monument a été bâti sur le site d'atterrissage d'une météorite, mais ses fondations reposent également sur des vestiges de l'époque gallo-romaine. Ensuite, l'endroit devient un château fort et est le théâtre, comme tous les sites de la route, de la Guerre de Cent Ans. Aujourd'hui, le château de Rochechouart abrite un musée d'art contemporain. Une manière de confronter les époques tout en redonnant vie aux immenses salles du bâtiment. Si l'on reste à l'extérieur, l'immense cour principale en met déjà plein la vue, avec ses arcades et ses colonnes. La pierre est claire, typique de la région et l'ensemble, vu depuis l'énorme pont-levis, est majestueux et imposant. 



On peut aussi admirer le château sous toutes ses coutures en faisant la balade qui part de la place, contourne l'édifice par le bas et descend jusqu'au pont romain. En contrebas, on saisit toute la dimension de cette forteresse et le retour par les remparts ensoleillés est un véritable enchantement. 
Quant au reste du village, même s'il reste un peu écrasé par le poids de cette construction massive, il réserve quand même quelques perles : ruelles moyenâgeuses, maisons anciennes et autres petits détails qui méritent le détour. Il faut aussi aller voir l'église avec son célèbre clocher tors :
Une autre escale sur la route Richard Coeur de Lion nous emmènera certainement, très bientôt, dans la belle cité de Saint Junien qui, elle aussi, nous offrira de belles surprises...
www.routerichardcoeurdelion.com