samedi 28 septembre 2013

La couleur des sentiments

Kathryn Stockett, La couleur des sentiments, 2009.
Cela fait plusieurs mois que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi bon, et pas lu tout court, d'ailleurs. Mais cette fois j'ai pris le temps. J'en ai même raté des programmes télé pourtant intéressants, je me suis précipitée chaque soir dans ce roman captivant, tendre et dur à la fois, qui nous met face à une réalité historique gênante, tabou : celle du quotidien des bonnes noires employées dans des familles blanches, dans l'Amérique du début des années 60. Ce qui est remarquable, c'est que les narratrices sont justement ces bonnes, et par leur voix on apprend beaucoup de choses sur leurs vies, leurs états d'âmes, les difficultés et les souffrances, physique et morales, liées au racisme, à la discrimination, au mépris et à la douleur de devoir poser des limites affectives avec les enfants blancs qu'elles élèvent et aiment pourtant. L'autre narratrice, c'est miss Sketter, une jeune fille blanche qui fait ses armes d'écrivain en donnant la parole aux bonnes qui ont accepté, malgré le danger et la violence qui les entoure, de lui confier leur témoignage. Une sorte de mise en abîme extrêmement fine et bien réussie puisque cette jeune femme n'est pas un double de l'auteur ni une projection de ses propres élans, sentiments ou opinions. Elle est un personnage à part entière, précisément dessiné, attachant, un rôle au complet. 

La couleur des sentiments est un roman passionnant, qui colle à la peau et à la conscience, qui nous interroge sur nos propres actions, sur notre capacité à ignorer ou à accueillir l'autre, et qui pose aussi, de manière plus globale, la question de la responsabilité d'Etat, de l'Histoire, de notre passé à tous, de l'homme dans son universalité.
Un sujet encore brûlant, tant en Amérique qu'en France, nous le voyons bien dans notre actualité, mais un sujet pas aussi tranché que l'on veut bien nous le faire dire. Pas noir, ni blanc, mais une réalité mitigée, mixte, métisse, complexe.Première leçon, réfléchir longuement avant d'émettre une opinion...
Reste maintenant à regarder dans sa totalité le film adapté du roman et qui est lui aussi un chef-d'oeuvre !

vendredi 20 septembre 2013

Le glacier du Mont Miné

Argh ! C'est la dernière image de notre périple estival dans les Alpes ! Je voyais bien que mon fichier fondait comme neige au soleil au fur et à mesure que j'en éliminais les balades que je vous avais racontées, mais on nie toujours l'évidence, surtout quand celle-ci remplace la joie de raconter par la nostalgie du déjà fini. Reste maintenant à attendre le prochain rendez-vous d'amoureux avec la montagne, le cœur moite et les mains battantes, à moins que ce ne soit l'inverse, je m'égare, fébrile que je suis de retrouver mes chers sommets. Le plus tôt sera le mieux, forcément. Mais on ne commande pas toujours tout dans la vie, voire rien, c'est un autre débat, alors en attendant de vous donner d'autres images à vous mettre sous la dent (blanche), voici cette dernière escapade ensemble dans le Valais. J'ai déjà expliqué longuement, et souvent, mon addiction à cette région de Suisse, ma passion pour ses vertes vallées et ses cimes incomparables, c'est pourquoi je choisis de clore ces reportages saisonniers non loin d'Evolène.

Nous voici donc sur la route de Ferpècle, après les Haudères. Nous avançons dans des paysages incroyables, sur des routes à couper le souffle. Une fois la voiture garée, nous nous rendons très vite compte que nous ne sommes pas seuls. C'est un dimanche après-midi comme il y en a tant d'autres en Suisse, où les familles, après déjeuner, se retrouvent chaussures aux pieds pour arpenter tranquillement les sentiers de randonnées (rimes en "é"). Le chemin commence par grimper un tantinet puis devient plus doux, large, quasiment plat par moments. Les sonnailles des vaches Hérens se font entendre dans le lointain, mais pas l'ombre d'une noiraude aujourd'hui. Elles cherchent l'ombre, sans doute. Et nous, nous cherchons la beauté. Nous la trouvons sans aucun problème dans ce coin de paradis fréquenté par des marcheurs hédonistes, ennemis de la performance, bouquets de fleurs dans les sacs-à-dos et sourires aux lèvres, simplement venus se rassasier de perfection avant de reprendre une semaine de travail que l'on imagine beaucoup plus facile après ça. Car quelle chance ils ont, ces valaisans, de faire cette balade-du-dimanche-là plutôt qu'une sortie dans une morne plaine ou au coin d'une rue polluée ! Quelle chance de pouvoir se ressourcer ici, quel luxe ! La richesse de la Suisse n'est pas forcément là où on l'attend...
Plus ou moins une heure de marche plus tard, mais qu'importe le temps si on a l'espace (proverbe d'altitude), nous voici face à un panorama d'exception. Que dis-je ! Non pas face, mais DANS le panorama ! Qui n'a pas rêvé un jour de se voir au beau milieu des images d'un superbe documentaire vu à la télé, au centre des paysages du film Himalaya ou projeté dans la photo d'un dépliant touristique sur la Patagonie ? Eh bien là, nous y sommes, vraiment, en chair et en os, en pulsations et en frissons. A droite, au fond de la combe, le glacier du Mont Miné envoie vers le bas ses cascades d'eau glacée qui se jettent du haut des quartiers de glace bleutée prêts à se décrocher dans un craquement sec (écoutez le son du "crac" dans les mots). Devant nos yeux éblouis, une rivière, un torrent, une plage, un lagon, une steppe, tout cela réuni dans un même espace. 

Et, au-dessus de nos têtes, la montagne totem, la Dent Blanche, énorme baleine prête à engloutir de sa gigantesque bouche la minuscule cabane Bricola perchée tout là-haut et qui lui fait face courageusement. Où sont les yaks ? Où sont les sherpas ? Où sont les lamas marchant sur les plaines de sel ? Où sommes-nous donc ici, si près et si loin, sur ces terres exotiques et familières à la fois, accueillantes pour un temps mais dont on sent bien qu'elles restes sauvages ? Des terres vivantes, qui respirent, se contractent, s'allongent langoureusement et se cabrent. Et la vénérable montagne aux neiges éternelles qui règne en déesse des lieux. 

Au revoir le Valais, au revoir les Alpes. La caméra fait un zoom arrière fulgurant : lac, montagnes, chaîne, territoire, pays, continent, planète, puis, plus rien, le néant. S'il ne devait en rester qu'une poussière, elle se glisserait non pas dans l'oeil mais viendrait se nicher au creux de la peau et recouvrirait notre coeur d'une feuille d'or. 

mardi 17 septembre 2013

Penser en construisant - Taller Ciudad Abierta - Lausanne

Il y a quelques temps, alors que j'étais en plein déménagement, sans internet, le nez dans mes cartons et l'esprit omnibulé par mes changements d'adresse et autres formalités d'usage qui vous pourrissent bien le cerveau, alors que je n'avais vraiment pas du tout que ça à faire...
...m'est tombé du ciel, enfin, pas tout à fait, de Lausanne un gros travail de traduction. Panique à bord : comment faire ? Concrètement : pas de bureau, pas de réseau... J'hésite, je zyeute un peu sur le net à la recherche d'infos complémentaires et...
...j'accepte. Je me lance dans l'aventure. Quelques jours plus tard, alors que j'ai rendu ce que je crois être le texte entier, mais qui n'est en fait qu'une première partie, m'arrive une deuxième partie. Le délai est court, mais je suis maintenant installée, j'ai LE bureau et le réseau, je peux donc poursuivre le job...
...ce matin, c'est le jour J, le vernissage de l'expo sur laquelle j'ai travaillé.


Cette exposition a lieu à Lausanne du 18 septembre au 2 décembre et  le vernissage est aujourd'hui même. Elle réunit des œuvres architecturales innovatrices et étonnantes, en ce qu'elles s'élèvent, non pas sur un espace, non pas en réaction à celui-ci mais au contraire en tentant de prendre en compte toutes les particularités du lieu et de s'y fondre sans l'altérer. Les œuvres font suite à ce que l'on appelle des "Traversées" du continent américain. Il s'agit à la fois d'une redécouverte des territoires américains, d'un défi architectural et d'une expérience poétique. Car chaque oeuvre, en plus d'être fonctionnelle et habitable, puise son originalité dans sa légèreté et dans l'intégration de la parole poétique. 
Un bien beau travail, tout en finesse, que les visiteurs vont avoir un immense plaisir à découvrir. 
... et j'ai donc l'honneur d'être la traductrice des textes de l'exposition !!
Très fière de faire un petit peu partie de toute cette aventure américaine, enthousiaste par toutes les belles expériences que j'ai découvertes. 
Si vous passez par Lausanne, courez-y !!

dimanche 15 septembre 2013

Bourbon l'Archambault

Je sors de ma tanière (je vous parlerai incessamment sous peu et peut-être même avant d'un beau projet pour lequel je travaille) pour vous emmener en balade...
Cachée derrière la forêt de Tronçais, au bord du département de l'Allier et pas encore soumise aux climats montagnards du Massif Central se trouve la belle ville de Bourbon l'Archambault. Comme le dit le "teasing" de l'office du Tourisme, la cité est un livre d'histoire à elle toute seule, et notamment son imposante forteresse qui domine tout le paysage. Frappés du sceau de la Guerre de Cent Ans, les monuments qui sont réunis sur un petit périmètre en disent long sur la densité de l'histoire à cet endroit de France. Il faut vraiment se laisser guider par un connaisseur pour apprécier la richesse de tous les événements qui s'y sont succédés. 
Le désagréable et froid vent d'ouest n'incitant pas à la flânerie, nous choisissons aujourd'hui de ne visiter qu'une partie de ce patrimoine, sans doute attirés par l'étrange nom de la Tour Qui Qu'en Grogne. Drôle d'histoire en effet que celle de cette tour, monument défensif érigé à la demande de Louis II et dont la forme arrondie déplut aux habitants. Qu'à cela ne tienne, le souverain ne tint pas compte de la clameur populaire (rien de nouveau sous le soleil) et bâtit quand même l'édifice, qu'on baptisa du coup la Tour "Qui Qu'en Grogne ?!". Le guide, en costume d'époque, qui nous mène aux différents étages de la tour nous raconte l'époque, la guerre, les armes, les soins médicaux apportés aux soldats. C'est avec un enthousiasme et un humour communicatifs qu'il remet les choses à leur place et redonne au Moyen Age souvent méconnu sa juste valeur. Un récit qui me replonge dans cette superbe fresque historique qu'est le roman "La religion". Comme une envie de le relire...


Échaudés par le vent froid en haut de la tour, nous redescendons vers le centre-ville, qui se caractérise par un subtil mélange de vieilles pierres moyenâgeuses, d'alignements typiques des maisons de l'Allier et de bâtiments au style thermal caractéristique. Une bien belle ville en tout cas, qu'un soleil plus généreux nous poussera à revisiter plus en détails, car elle ne manque ni de caractère, ni de recoins insolites. Du pain béni pour mon oeil curieux de belles choses !

Ne serait-ce que pour rentrer dans cette si jolie petite boutique qui vend de très très très beaux carnets...

jeudi 12 septembre 2013

Evolène

Comment ne pas aller à Evolène ? Comment, hein, je vous le demande ? Eh bien c'est tout simplement impossible. Oui, oui, oui, c'est bien vrai : im-po-ssi-ble. Tout comme il me semble infaisable de ne pas y retourner une fois qu'on y a goûté. Evolène, ce n'est pas compliqué, c'est même très simple, c'est l'un de ces petits paradis sur Terre où la beauté n'est pas un luxe, pas réservé à une élite, mais omniprésente, gratuite, à portée de main et d'oeil. C'est le Valais dans toute sa splendeur, un petit bijou dans son écrin. Et quel écrin ! imaginez-vous un peu : pleins feux sur la vedette, vue imprenable sur la Dent Blanche, que demande le peuple ! C'est tout aussi beau et exotique qu'un village népalais ou tibétain niché au coeur de l'Himalaya, au pied des grands sommets enneigés ; ça se situe au même niveau de perfection qu'un hameau andin veillé par sa montagne, ancêtre aux cheveux blancs éternels.


Tout comme à Zermatt, le village est quasiment essentiellement piétonnier, ce qui accentue cette impression de calme et de vie qui se déroule au ralenti. Un rythme chaloupé, définitivement plus adapté au corps humain. Celui de la campagne du monde entier, de la ruralité ; le tempo qui ignore les folies citadines, les courses incessantes contre la montre à la ville. C'est seulement quand on a goûté à ce rythme-là qu'on se rend compte de la raison pour laquelle nos pauvres corps souffrent autant, à force d'être malmenés et bousculés à une vitesse démesurée. 
Mais revenons à Evolène, charmant village qui, malgré la rudesse du climat hivernal qui caractérise cette région et les difficultés inhérentes à la déclivité de la pente, qui rend plus ardus les déplacements et les travaux, est un village qui respire la fraîcheur et la joie de vivre. Tant et si bien qu'on en a même parlé à la télé ! Si, si ! Sur Arte, évidemment. Vous savez, cette chaîne que méprisent les antis-intellos ? Eh bien Arte, pour moi, c'est LA chaîne des superbes reportages, au contraire : ceux qui ne nous saoulent pas de commentaires inutiles, qui ne nous abreuvent pas de musiques lancinantes mais laissent au contraire la parole aux gens, et parfois aux silences qui en disent bien plus longs que des dizaines de phrases. Car c'est dans ces silences que nous pouvons vraiment voir les régions qui nous sont présentées à travers le regard de ceux qui les habitent. 


Arte nous avait donc présenté Evolène au cours de sa série sur les aventures culinaires de Sarah Wiener (vous savez, cette fantastique chef qui se promène en Europe pour découvrir les cuisines des pays qu'elle traverse ? Mais si, vous savez bien, cette fameuse émission plagiée par Julie Andrieu, qui nous en fait une version parisienne, façon je mets le bout des doigts dans la farine et je pince mon bec trop maquillé ? ça y est, vous situez ? )
A Evolène, Sarah Wiener avait rencontré l'adorable Raymonde Pralong. Toujours disponible pour discuter avec ses hôtes, Raymonde est devenue la mascotte de son village, l'emblème de ses gens simples et discrets mais qui font tant pour leur belle culture. Alors, si vous allez dans le Valais, vous l'aurez compris : tous au Vieux Mazot !!!



dimanche 8 septembre 2013

Evolène - Les pyramides d'Euseigne

Allez, pour cette dernière destination de l'été dans les Alpes, je vous emmène à Evolène et sa région. 
Nous sommes au cœur du Valais, dans le Val d'Hérens, connu pour ces vaches de combat, ses vertes vallées, ses sommets imposants... C'est mon petit paradis, le Valais... C'est l'une de mes régions fétiches dans les Alpes, là où je me sens bien, accueillie, entourée de nature et d'un silence réconfortant, en phase avec moi-même et avec le reste du monde, ce bout de monde qui représente si fort les choses auxquelles je crois. Le reste de la planète, à cet endroit de la grosse balle, je m'en soucie guère. Non pas que je devienne oublieuse, inconsciente ou égoïste ; plutôt, chaque détail ici est à sa place et forme un tout qui se suffit à lui-même, qui me suffit et me remplit amplement. En ouvrant ce passage sur Evolène, je ne pensais pas aller jusqu'à vous pondre une déclaration d'amour pour le Valais, mais voilà, le naturel revient au galop, comme on dit, les tripes parlent souvent plus fort que la voix. Et puis, peut-être parce que je viens de faire un bond géographique de 300 km, je ne ressens plus avec autant d'amertume et de nostalgie la distance et le fait de ne pas y être. Dans 300 autres km, qui sait si un jour...
Petit clin d’œil à cette région étonnante, voici les pyramides d'Euseigne, belles demoiselles de pierres qui offrent au voyageur une haie d'honneur sur la route d'Evolène, une arche de bienvenue et d'au-revoir, à bientôt. Nous sommes dans un palais, un royaume où la nature est reine, un paysage si beau qu'on y marcherait pieds nus, comme au début du monde. 

mardi 3 septembre 2013

Les Lindarets : y'a de quoi devenir chèvre !

Avant de vous parler de ce sympathique hameau habité par plus d'animaux à barbichette que d'hommes, un petit aparté sur... les cyclistes. Et c'est là que je vais encore me faire des amis. Qu'importe, j'aime la provocation, je l'assume et je me lance sur la piste. Alors, pas sur la piste de VTT, trop dangereux, very dangerous, molto pericoloso ! Ah non parce que c'est un peu la bourse ou la vie sur cette voie là ! Non, le chemin n'était pas réservé aux vélos, et pourtant...
Et pourtant, nous n'avons pas profité longtemps de ces beaux paysages qui dominent le village des Lindarets, juste au-dessous du col de la Joux Verte. Et dire que nous étions à mi-chemin, à tout juste 1 heure du Lac Vert, de l'autre côté de la frontière suisse... Mais que voulez-vous, pour certains, la montagne ne se partage pas. Pour ces gens-là, on la descend à toute vitesse, sans se garer à l'approche des randonneurs, en faisant beaucoup de poussière et en se croyant surtout toujours tout seul. Qui sait si les secousses ont bougé le peu de cerveau qu'il leur reste, qui sait si le casque trop serré a écrabouillé les deux neurones qui se battaient en duel sous leur boîte crânienne, les vélocipédeurs trop pédants se la pètent. Et puis, soudain, un vainqueur, un casqué et botté plus illuminé que les autres sans doute, un gentleman touché par la grâce, et c'est l'agression. N'allez pas par là, je vous le déconseille, c'est réservé aux vélos, non, vous n'avez rien à faire ici, vous devriez plutôt me remercier, puisque je vous dis que c'est pas un chemin de randonnée, y'a des mecs qui vont descendre à fond la caisse, vous devriez vous écarter, dégage, grosse salope, sale pute, pétasse"... etc, etc, et je ne vous passe pas les détails, pour que vous compreniez bien la grande délicatesse de ce superbe sportif.
Oui, j'en fais une généralité et tant pis si je me fais taper sur les doigts, les vélocipédeux merdeux sont dangereux et odieux. Et que dire de ceux qui se lancent dans les courbes dans grands cols des Alpes, cyclistes du dimanche, sans formation, et viennent atterrir sur le pare-brise des pauvres touristes belges ou bretons qui croisent leur route ? Que dire aussi des groupes de deux-roues harnachés et déguisés comme au Tour de France, sans le rasage des poils, ouïe, ça fait mal, et qui pédalent comme des vandales en sandales en prenant toute la largeur des départementales ? Que dire des bicyclettes qui prennent allègrement les sens interdits, qui grillent les priorités et se permettent de râler ? Le petit doigt en l'air, mais pas n'importe lequel... Délicatesse.
Avec ces gens-là, y'a de quoi devenir chèvre. Surtout aux Lindarets (habile transition, voyez), où le cabri est roi. Plus de chèvres que de pékins, puisque je vous le dis ! Elles sont partout, dans les restaurants, dans les magasins... On doit même construire des portes pour éviter qu'elles s'incrustent. Mignonnes, mais envahissantes. Heureusement qu'elles sont là, soit dit en passant, pour égayer un peu l'ambiance et nous faire oublier les vélocipédeurs emmerdeurs.
Et, au moins, elles, les chèvres, elles ne font pas de vélo !

dimanche 1 septembre 2013

L'Aulp de Fier d'en Bas (Manigod)

Allez, en cette veille de rentrée, pour vous divertir et vous déstresser (comprendre : remplacer tous les "vous" par des "me"...), je vous emmène à la montagne ! "Aaaah" de la foule en délire des lecteurs lassés de trop de récits de plaine. Fermez les yeux, prenons la route. Quelques virages, col des Aravis, route à droite, descente qui serpente, Manigod, petite route, face au Charvin, remontée...
Ouvrez les yeux. Sous l'aiguille, 1180 m d'altitude. Pas trop haut, ni trop bas, entre plaine et montagne, nous y sommes. En contrebas, la rivière qui coule, tout autour, les arbres qui abritent du soleil. Ombre et lumière. En avant. Une bonne montée, de l'eau en cascade pour nous rafraîchir tout le long. Un virage. Changement de paysage. Cirque. 360 degrés de beauté, d'herbe rase, de rochers, de vertige. 
Presque 500 m de dénivelée plus haut et quelques litres de sueur en moins, l'Aulp de Fier d'en bas. Des chèvres, plus loin, un troupeau de vaches qui paissent tranquillement, le silence, rien d'autre, vraiment rien, que nous et la montagne. Que demande le peuple ? ça et rien d'autre, surtout rien d'autre, surtout... 
Qu'elle est belle, ta montagne, berger, toi qui répares les clôtures, une à une ; toi qui vas chercher tes chèvres, par tous les temps, tôt le matin, tard le soir ; toi qui gardes les vaches, en vacances, chaque été, douce colonie peu turbulente ; toi sans qui la montagne serait broussaille. Tu nous dis que ce n'est pas tous les jours facile, on veut bien te croire. Tu nous dit que tu ne gagnes pas gras, c'est sûr. Mais tu nous dis aussitôt que c'est ta passion, que tu l'aimes, ce travail et que tu l'aimes, cette montagne. Et là-dessus, on ne discute pas, on adhère, on te suit. 
Est-ce que toi aussi berger, parfois, quand tu redescends, tu ressens la nostalgie de là-haut ? 
Surtout ne bougez plus les paupières d'un cil, n'ouvrez plus les yeux, restons là un moment. Après tout, vous n'avez rien d'important à faire ?...