mardi 18 juin 2013

Viva Cuba

Viva Cuba, Juan Carlos Cermata Malberti, 2006.
"Viva Cuba, viva Fidel !", c'est le premier commentaire qui apparaît sur You Tube quand on regarde la BO de ce film. Et en effet, contrairement à d'autres films ou docus fictions cubains, comme Suite Habana par exemple qui, sans être une critique du régime ni un portrait exagéré du délabrement du pays, met bien en scène les paradoxes de l'île, Viva Cuba en présente plutôt une vision idéalisée. Assez caricaturale même, mais, évidemment, pour les besoins de la comédie. Du mois croit-on au début qu'il s'agit d'une comédie...
Deux enfants en sont les protagonistes : Malu et Jorgito, âgés d'une dizaine d'années, les meilleurs amis du monde. La première vit avec sa mère, une bourgeoise bigote dont le souhait le plus pressant est de quitter Cuba ; le second vit avec ses parents, fidèles à Castro et dont le père, quand il boit trop, a tendance à avoir la main leste. Nous nous situons donc pleinement dans ce qui fonde les films comiques : l'opposition criante, le décalage. Et cela fonctionne assez bien. Jusqu'à ce que Malu découvre que, pour quitter son pays, ce qu'elle refuse catégoriquement de faire, son père, qui vit à l'autre bout de Cuba, doit signer une autorisation de sortie du territoire à sa mère. Les deux enfants décident alors de se sauver et de partir à la recherche de ce père qui pourrait influer sur le destin de Malu. C'est à ce moment que la comédie, toujours omniprésente malgré tout, commence à se teinter de la tristesse d'une aventure désespérée, celle de deux gamins prêts à tout pour ne jamais se quitter. La route est semée d'embûches et de rencontres, toutes plus initiatiques les unes que les autres, avec, c'est vrai, une morale sous-jacente  un peu voyante, quoique assez habilement dissimulée pour un public encore jeune : le vol, la peur, le mensonge, la fraternité, des valeurs universelles à mettre cependant en parallèle avec des références constantes, par les images ou la bande-son, à Fidel, au Che, à José Marti et à la Révolution, aux coupeurs de canne à sucre et autres héros de la patrie. 
La fin n'est pas racontable, comme dans beaucoup de films. Elle est surprenante, abrupte, c'est le cas de le dire, un peu romantique. Et comment ne pas lui trouver de dimension politique ?
Malgré tout, ce film reste très joli à voir, notamment grâce aux deux personnages de Malu et Jorgito, si attachants et spontanés, à de bons moments de rire et à d'autres belles scènes. Les paysages sont très bien filmés et Cuba est dépeinte sous toutes ses coutures, de la côte battue par les vents aux forêts tropicales, en passant par les plages paradisiaques de Varadero. Il est aussi agréable de regarder ce film en compagnie de jeunes adolescents et d'en parler ensuite avec eux, d'entendre leurs points de vue et de les voir se reconnaître dans cet hymne à l'enfance, à l'amitié et, bien sûr, à un pays. 

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