mercredi 19 juin 2013

Des vies d'oiseaux

Véronique Ovaldé, Des vies d'oiseaux, 2011.
Il est toujours difficile d'écrire plusieurs très bons romans. Souvent, on est déçu par le second, ou le troisième, en tout cas par le suivant qui nous tombe entre les mains, voire qui nous tombe des mains. Celui-ci ne m'a quand même pas menée jusqu'à cette extrémité mais, c'est vrai, je le trouve moins bon que le précédent que j'avais lu de Véronique Ovaldé, Ce que je sais de Vera Candida, qui était vraiment un petit chef-d'oeuvre. 
Dans ce roman-ci, l'auteure situe encore son action dans une Amérique Latine faire d'un patchwork de pays, de géographies et de cultures. On semble y reconnaître certains lieux, mais le tout reste flou et assez déroutant, un espace onirique et aux climats étranges. Pourtant, cette fois, les lieux sont un peu "pollués" par trop de références à la culture européenne, par des tournures de phrases, des allusions prononcées par les personnages et qui résonnent trop de l'évidence de quelque chose de connu. Apparaissent alors des décalages, presque des absurdités qui dénaturent un peu la poésie créative de cet espace imaginaire. 
Deuxième déception : la trame. Il s'agit là-aussi encore de l'histoire de deux femmes, une mère et sa fille. La première, originaire d'un village, se meurt doucement et en silence dans la prison dorée construite par son mari dans une ville aseptisée et bourgeoise. La seconde, Paloma, est plus "creusée" dans les contradictions qui lui sont attribuées, mais pas suffisamment au regard de ce que à quoi Véronique Ovaldé nous a habitués. L'histoire tourne autour de ces deux femmes-là ainsi que de trois hommes, et le récit opère des va-et-vient entre chacun d'entre eux, sans jamais s'arrêter précisément sur un fait ou sur un caractère. Comme pour le lieu, ces errances narratives aboutissent à quelque chose de trop flou, et dont la fin reste décevante.

Et puis, pour terminer d'assommer ce roman, parlons du style. Une fois qu'on en a capté les principaux traits, il étouffe le propos et devient lancinant et répétitif, trop couru d'avance, ayant trop régulièrement recours à des phrases longues et à un amas de digressions entre parenthèses, ce qui provoque très vite une lassitude et détourne l'attention du lecteur, tant et si bien que celui-ci, au bout d'un certains nombres de détails en aparté, ne sait plus très bien où il en est.
Vous penserez certainement que je ne donne pas cher de la valeur de ce roman. Et pourtant, si, il m'a plu. Malgré tout ces défauts, malgré la déception, le sujet, les personnages, l'ambiance réussissent à homogénéiser le récit et à donner une cohérence à tout ce fourbi qu'a mis l'auteur entre ses pages. 
De l'importance du recadrage...

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