mercredi 19 décembre 2012

Retour en terre inconnue

Pourquoi ça marche ? C'est la question que posait hier l'animateur du célèbre programme suivi par des millions de spectateurs à un philosophe et à un responsable du programme pour les peuples autochtones à l'ONU. La réponse est toute simple et c'est la même que celle qu'on donnée les populations filmées en voyant les images : parce que c'est authentique. Dans tous les documentaires, pas de trucage, on montre réellement ce que vivent les peuples mis en images, leur quotidien, leur caractère, leurs coutumes, leurs problématiques face aux changements du monde. Et ce ne sont pas les journalistes qui s'en vantent, ce sont les protagonistes eux-mêmes qui s'en étonnent agréablement. Ensuite, le philosophe en plateau disait très justement que nous sommes à une époque où nous commençons à comprendre que le matérialisme, le posséder beaucoup, le superficiel, ne sont pas des valeurs qui engendrent le bonheur. Au contraire, nous réalisons peu à peu, il n'est jamais trop tard pour bien faire, que des sociétés comme celles présentées dans les différents documentaires nous donnent la leçon essentielle pour l'avenir : le groupe, le lien social, l'être et non le paraître, la joie d'être ensemble, la simplicité. Point. Facile à prôner, pas évident à mettre en pratique. Que dire des artistes ? Viennent-ils se faire un peu de publicité en jouant les héros modernes ? Leurs larmes sonnent-elles faux au moment des adieux ? Il suffit de regarder les videos pour être convaincu du contraire. Ensuite, quels sont les liens que nous, hommes et femmes "modernes", de la vitesse et de l'objet, pouvons garder avec des gens de cultures si éloignées des nôtres ? Le simple souvenir d'une rencontre du troisième type, parfois. Souvent, une partie de soi que l'on a laissé ailleurs ou, au contraire, qui y est née et qui, tel un membre amputé, se fait parfois sentir dans notre quotidien pour nous rappeler à l'ordre, nous rafraichir la mémoire sur les vraies valeurs, sur le fait que nous nous compliquons la vie plus souvent que nous ne la vivons. Dans d'autres cas, et c'est cela qui m'a intéressée hier soir, les liens qui se tissent sont aussi solides que des liens familiaux. Et l'argent ne fait pas tout. Par exemple, Gilbert Montagné qui finance la scolarité de son petit protégé de l'Himalaya : on pourrait croire qu'il s'agit d'un simple acte de déculpabilisation, jusqu'à ce qu'on apprenne qu'il a des contacts téléphoniques réguliers avec la famille, comme une amitié par delà les frontières et les barrières sociales et linguistiques. Le cas le plus fort est sans doute celui d'Adriana Karembeu : apprenant que l'équipe de l'émission repart en Ethiopie pour montrer le film aux habitants du village dans lequel elle s'était rendue, elle ne conçoit pas l'idée de ne pas être du voyage et harcèle la production pour se joindre à l'expédition. Et à la vue des images de fraternité, presque dignes de retrouvailles familiales, on reste persuadé qu'elle y retournera. Alors, pourquoi ? Puisque ces gens et elles n'auront jamais rien de commun ? Puisque leur vie ne se croisera jamais ailleurs que dans ce village ? Comme le disaient les autres intervenants, certainement pour aller se réfugier dans ces valeurs-là, auprès de ces gens-là, et connaître la joie intense de pouvoir se mettre à nu sans être jugé et ainsi aller puiser des ressources inestimables pour la vie et le bonheur. Certes, les cadeaux envoyés par Gérard Jugnot en Bolivie - tours Eiffel et autres bibelots sans intérêt - et les réflexions de certains trouvant encore que cette émission est faite pour les ménagères en mal d'exotisme, pourront toujours faire pencher la balance. Mais, personne n'est parfait. Il suffit juste d'y croire pour faire un peu changer les mentalités...

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