mardi 23 octobre 2012

Sauveteurs en montagne

Hier soir, j'ai regardé avec beaucoup d'attention et de fascination les reportages sur les sauveteurs en montagne du PGHM, le peloton de gendarmerie de haute montagne. La première partie était consacrée à l'hiver, la deuxième à l'été. Plus que la dénonciation des imprudences, le reportage avait choisi de mettre en avant les qualités humaines des hommes du PGHM et de la sécurité civile qui ont fait de ce métier une vocation. Tous les gendarmes interrogés justifiaient leur choix de ce métier par les mêmes arguments: la gratuité des secours en France, une situation d'exception, et par conséquent la noblesse de venir en aide aux personnes en difficultés. Evidemment, les sauvetages ne sont pas toujours couronnés de succès, mais le reportage est resté dans les limites de la discrétion, ne plaquant pas les caméras sur les morts des avalanches, insistant surtout sur les sauvetages résussis et sur l'avis des gendarmes. En effet, jamais de condamnation des imprudences, jamais de ras le bol, toujours la volonté d'aller jusqu'au bout des possibilités de recherches, de réussir à ramener les gens rapidement et en bon état. A l'inverse, les sauveteurs du PGHM ne sont pas des trompe la mort. Renoncer, certes jamais, mais être réaliste, toujours, de manière à ne pas se mettre eux-mêmes en trop grand danger. Bien sûr, le danger est omniprésent: les chutes de pierre, les avalanches qui se déclenchent à nouveau, les crevasses du glacier qui avance sans cesse. Mais la nature est plus forte que l'homme et ils le savent bien. La nuit ou les vents trop forts les poussent à rester prudent, à ne pas risquer des vies supplémentaires. Alors, bien sûr, le reportage donne quand même à voir des imprudences notoires, pour bien démontrer que la montagne, comme le dit l'un des médecins, est un élément dangereux, que l'alpinisme, le ski, la randonnée, sont des sports dangereux dans lesquels on ne contrôle pas tout, sinon presque rien. Le randonneur qui s'engage sur les sentiers de moyenne montagne en chaussures de course à pied; le père et son fils adolescent qui se retrouvent en plein vent glacial sur une arrête à plus de 3500 mètres d'altitude alors que l'orage menace depuis le matin. Mais, pour les autres, ceux qui sont tombés dans des crevasses, ceux qui sont restés engloutis dans une avalanche, que dire? Que c'est ainsi, que la montagne prend, sans demander son reste. Le journaliste demande: "Tous ces gens sont morts pour voir quelque chose de beau. Cela en valait-il la peine?" Le gendarme hésite, puis conclut que justement, pour les familles de victimes, il est parfois difficile à comprendre pourquoi certains proches se mettent dans des situations si périlleuses, si risquées. Mais la montagne attire. Et, dit un autre intervenant, vu le nombre de pratiquants des sports de montagne, il n'y a pas tant de morts que cela. Evidemment, cela ne revient absolument pas à dire que les hommes du PGHM sont insensibles à la mort. Mais, comme le décrit très bien l'un des pilotes de l'hélicoptère de la sécurité civile: "la mort, je la vois, mais je ne la regarde pas. Evidemment, on ne s'y habitue pas et ça nous touche, mais il faut savoir garder une distance, sinon, on ne peut plus travailler". A regarder ces hommes travailler, les visages marqués par la joie du travail accompli, la fatigue ou la déception de ne rien avoir pu faire, la tristesse de devoir annoncer le décès aux familles, on se dit qu'ils sont tout ce qu'il y a d'humain, pas des héros, ou alors, des héros du quotidien, et qu'ils portent en eux ce que nous devrions tous avoir à plus ou moins forte dose: la fraternité. Dans les vallées, les sauveteurs d'altitude sont admirés, respectés, font partie du patrimoine et du paysage. Si le secours est encore gratuit en France, ce n'est pas parce que nous sommes un pays d'assistés ou d'autistes face au danger, mais bien parce que nous avons dans nos montagnes des hommes qui portent en eux des valeurs de solidarité et de noblesse plus fortes que l'argent.
 
Pour poursuivre la rencontre avec les sauveteurs du PGHM, allez donc lire Anne Sauvy.
Et pour des conseils pratiques sur l'équipement, voici!
Vieux Emosson- Valais Suisse - avant l'orage. Un quart d'heure plus tôt, il faisait grand bleu.

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