lundi 22 octobre 2012

Lorsque j'étais une oeuvre d'art

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j'étais une oeuvre d'art, 2002.
Il se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Et on le devine très rapidement. Pour la première fois, je suis déçue par un roman d'Eric Emmanuel Schmitt. Bien sûr, le style est toujours là, drôle, poétique, plein de trouvailles et de clins d'oeil. Mais je reste sur ma faim avec ce livre qui, pourtant, commençait par une phrase géniale qui mettait l'eau à la bouche et promettait de bousculer les convenances:
"J'ai toujours raté mes suicides."
Un jeune homme, au bord d'une falaise, est interrompu dans sa démarche par un artiste fou qui lui promet de lui redonner le goût de vivre en le transformant en oeuvre d'art. L'idée est très originale, et la première partie du livre assez fluide. Mais le suspense laisse place à la suggestion trop floue, puis au prévisible et enfin à une suite d'actions qui ne captivent pas le lecteur. En somme, c'est un peu plat, un peu trop gentillet, trop convenu. Pour une fois, et pour traiter un tel sujet, j'aurais attendu plus de trash, de noirceur, et ce n'est jamais venu. L'apothéose du mignon explosant même à la fin avec ce fameux recours des contes de fées selon lequel le héros se marie avec la princesse. Evidemment, Schmitt pose des questions éthiques intéressantes et qui devraient chatouiller les consciences: la place de l'art dans la société, la déshumanisation, la chosification des êtres humains au nom de la beauté, la subjectivité artistique et la perte de liberté due à l'utilisation de l'image de l'homme ou de la femme. Mais le ton du roman est tellement léger que l'on passe à côté des grands débats. Je m'attendais à du Frankenstein et j'ai relu du Pinocchio mêlé à La Belle et la Bête. Ce qui est d'ailleurs très drôle, c'est que le personnage féminin qui tombe amoureux du héros défiguré s'appelle Fiona, tout comme la princesse du film d'animation "Shrek". Franchement, si l'on ne parlait pas toutes les trois pages de l'appendice monumental du héros transformé en statue vivante, je dirais que le roman de Schmitt mériterait d'être classé dans la littérature pour enfants.
De l'audace, que diable, de l'audace!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu vois, je n'ai gardé en souvenir que l'idéede départ que j'avais trouvé surprenante et intéressante... et du coup j'ai complètement zappé la chute. Il faudrait que je le relise.
PCR