Je déteste Eric-Emmanuel Schmitt parce qu'il a un ENORME défaut, quelque chose d'impardonnable, de consternant, d'extrêmement irritant: ses livres sont trop courts. Trop courts, oui, vous avez bien entendu. Le style inimitable, le sens de la justesse, la richesse des personnages, on lui pardonne. Tout le monde n'a pas le don d'écrire des navets. Mais la faculté de dire tellement de choses en si peu de pages, ça, c'est impardonnable. Parce qu'à la fin de chaque roman ou de chaque recueil de nouvelles, on s'insurge: comment cela? C'est DEJA fini? On nous enlève le pain de la bouche, on nous prive de dessert, on nous rationne en génie! Manifestons! Des nouvelles comme celles qui sont regroupées dans ce recueil, on serait prêt à en lire des dizaines, des centaines, jusqu'à écoeurement. Et bien, non, Môssieur décide de n'en livrer que quelques unes, comme un grand chef étoilé nous livre dans ses assiettes de régime un extrait de son faramineux talent. Sans compter qu'avec Eric Emmanuel Schmitt, on enrage, on peste: comment fait-il pour faire une si bonne mayonnaise avec des produits du marché si "normaux"? Ces histoires-là, on aurait pu les écrire nous-mêmes, puisqu'on les croise tous les jours, puisqu'elles sont dans nos fantasmes d'écrivain foiré en permanence, puisqu'elles sont totalement nous. Alors, quel est donc son secret? Ce type-là a une potion magique, il nous trompe! Il nous cache quelque chose! Il a reçu à la naissance plus de sensibilité que la moyenne, injustice! Imposteur! Je déteste Eric Emmanuel Schmitt et je crois que j'en suis devenue totalement masochiste: demain, je recommence.
2 commentaires:
Je suis d'accord ! manifestons !!!
as-tu lu "lorsque j'étais une oeuvre d'art" ?
pcr
c'est le prochain sur ma liste. juste le temps de me défâcher et je l'emprunte!
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