Suite de notre série "les films de l'été", qui a été un peu délaissée pour causes d'autres chat-mois à fouetter. C'est bientôt la rentrée mais j'ai décidé de poursuivre cette petite chronique cinématographique, ayant une tonne de films dans mon ordinateur. Ne sachant lequel choisir, j'ai ouvert le fichier "Kamchatka". Le nom m'intriguait et m'évoquait le bout du monde, l'aventure, le désert, l'exil.
Le cinéma argentin est très bon, ça se confirme. Ce film de Marcelo Pineyro réunit en plus deux immenses acteurs: Ricardo Darin, qui tenait l'un des rôles principaux de l'excellent Nueve Reinas et la grande Cecilia Roth, déjà vue dans Tout sur ma mère. Dans Kamchatka, elle est professeur à l'université et lui est avocat. Nous sommes en 1976, l'année où éclate le coup d'état militaire. Le couple et leurs deux enfants doivent fuir. C'est le jeune garçon, Harry, qui narre cette partie de sa vie avec sa vision mi-enfantine, mi-adulte déjà des événements. Les faits politiques sont seulement évoqués. Pas de lourde référence au contexte ni de dénonciation ouverte. Juste la vie d'une famille, un couple et leurs deux enfants pris dans la tourmente. Dans la grande maison de campagne qui leur sert de refuge clandestin, la vie tente de se réorganiser. L'amour dissimule sous son costume les doutes quotidiens; le sourire de façade masque la peur et l'angoisse du lendemain. Personne n'est dupe, ni les enfants, ni les parents. Chacun sait plus ou moins ce qui se déroule en dehors de ce huis clos familial. Tout est dans l'évocation, comme une peinture par touches. Les personnages sont ciselés, les dialogues dans l'économie et la justesse. Un vrai poème tragique, presque du Gelman. L'image du bonheur cisaillé. L'indicible métaphorisé.
"Kamchatka" m'évoquait le bout du monde, l'aventure, le désert, l'exil. Il m'évoque maintenant le cocon, la rage, l'horreur et le courage maternel d'aimer malgré tout.
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