Midi. L'église du village vient juste de se taire. Silence. Rien ne bouge. Le chien dort dans sa niche. Les vaches sont loin dans les alpages. Les habitants se sont réfugiés chez eux, dans la fraîcheur, derrière les murs de pierre et les portes de bois. Le soleil est au zénith. Même le vent retient son souffle. On marche dans un village endormi, à l'heure de la sieste. La chaleur tombe. Nous cherchons l'ombre. Il y a comme une envie de marcher pieds nus pour faire le moins de bruit possible, de demander à l'herbe sèche d'être discrète sous nos pas. Des souvenirs d'enfance dans les champs, l'odeur des foins, la moisson. Le blond des blés, le vert tendre d'un sentier en sous bois. Les morts du cimetière ont bien de la chance de reposer ici, entourés de tant de beauté et de paix. Calme. Tranquillité. Paix, envahis-moi. Parfois, par quelques détails, on se rappelle que la vie ici est rude, en hiver, quand la neige recouvre tout, uniformise tout, adoucit les pics et atténue les voix; quand le froid pique; quand il fait cru dans les chambres, le matin, et que le pied souffre d'être le premier à toucher le sol gelé, au bas du lit. Comme si les saisons s'étendaient sur des années, comme si l'été était si loin de l'hiver, et vice versa. Deux espaces temps bien distincts. Treize heures. L'église sonne un coup. Puis elle s'efface devant le silence. Le soleil cogne. Au village, il ne se passe rien. Le bonheur absolu.
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