lundi 18 juin 2012

Manifestations de fin d'année

Autant dire la vérité: la fin de l'année scolaire (solaire aussi apparemment) approche, les élèves et les profs se lâchent, c'est une ambiance sympa qui peut vite tourner au cauchemar. En effet, comment faire de la garderie à des élèves qui ont commencé leurs vacances pour certain le 10 septembre?... Je plaisante mais sous ce masque de râleuse "à la française" se cache un coeur tout triste (j'en rajoute). Non, plus sérieusement, c'est toujours un petit pincement de voir s'en aller les élèves de 3ème, de les voir s'envoler vers d'autres horizons, de se demander, vu que malgré leurs promesses ils ne reviendront pas nous saluer, ce qu'ils vont devenir. Une collègue me disait l'autre jour: "même ceux que tu ne pouvais plus voir en peinture? ah non, qu'ils dégagent, vraiment!". Eh bien oui, même ceux-là. Je suis comme ça, moi, messieurs dames. Alors bien sûr, il y a ceux pour qui on avait une véritable affection, un autre lien, plus étroit, que la simple relation de prof-élève. Le genre de personnes avec qui on aurait aimé passer plus de temps, ceux qui, même si je ne les avais plus en cours cette année, venaient plusieurs fois par semaine retarder le début de mes autres cours pour papoter et qui ne manquaient jamais de faire un signe chaque fois qu'ils passaient devant ma salle de classe (vous me dites, hein, si ça devient trop mièvre). Voilà, ceux-là, on aimerait vraiment être une petite souris, se fourrer dans leur trousse et voir s'ils réussissent à être avocat, restaurateur, graphiste ou reporter. Illustration de cette sympathie mutuelle, voici ce manga qui me représente dessiné par une élève de mon option 3ème européenne:
C'est très drôle, parce que même si le visage n'est pas tout à fait ressemblant, la posture, le vêtement, le dessin du corps, tout est authentique! Même la phrase que cette élève me fait dire...
Non que j'organise des manifs au collège, pas du tout... Quoique... Je m'explique.
J'ai étudié en classe de 3ème européenne le film También la lluvia dont j'avais parlé ici. En résumé (pour les feignasses qui auraient la flemme d'aller cliquer et de relire mon article précédent), le film traite d'un réalisateur et d'un producteur qui vont tourner en Bolivie un film sur l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique et sur les défenseurs des indigènes comme Las Casas ou Montesinos. Le choix de la Bolivie se fait pour une question d'argent, passons. En plein tournage du film à Cochabamba en 2000 (c'est un film dans le film, vous suivez?), se déclenche une révolte populaire demandant la restitution de l'eau, jusqu'alors détenue par des compagnies américaines et vendue aux Boliviens à des prix astronomiques, au peuple. C'est qu'on a appelé la "guerre de l'eau", des événements marquants pour tout le pays, notamment dû au fait que le gouvernement de l'époque ne s'était pas embarrassé de négociations et que la répression avait été sanglante.
Suite à ce film, les élèves, par groupes, devaient "organiser" une manifestation: journaliste de plateau, journaliste envoyé spécial sur le terrain, porte parole de la révolte, mères de famille en colère et fond sonore de slogans scandés. Le résultat, enregistré par mes soins (pour ceux qui voudraient écouter je peux l'envoyer par mail), est saisissant de vérité. Ils y ont mis tout leur coeur les petits, vraiment, on s'est bien amusés.
Alors voilà, ceux-là s'en vont. Tous les ans, on se dit que c'était les derniers "bien" et puis tout recommence, la rentrée, septembre, de nouveaux groupes, de nouvelles galères et d'autres bons moments. Même si on se souvient des très bons, ça, jamais on ne les oublie, on a encore assez d'illusions pour continuer à chercher en provoquer d'autres.

4 commentaires:

enjoy a dit…

Oui, ces sales gosses vont me manquer... Je leur souhaite de la réussite et du bonheur. Snif...

Anonyme a dit…

Au moins, tu sais pourquoi tu fais ce métier, c'est rassurant !
PCR

Emi a dit…

Oui enfin ne versons pas trop non plus dans les bons sentiments, il y a aussi d'autres raisons beaucoup moins poétiques.

Enrique a dit…

Bonjour! C'est étrange, mais tous les jours je me souviens de mes profs. Et cela depuis que j'ai quitté l'école, il y a déjà plus de 40 ans.
Je n'ai les ai plus revus, de même que mes camarades de classe. Mais, ils sont toujours avec moi, très présents.