Patrick Breuzé, La grande avalanche, 2005.
Nous sommes toujours à Samoëns, la ville du grand tilleul qui trône sur la place centrale, mais cette fois-ci à l'automne 1917. Adelin, jeune homme en pleine santé, passionné d'ascension dans ses montagnes chéries, revient du front des Ardennes pour cinq semaines de convalescence. Les combats, les horreurs vues là-haut, dans les tranchées, l'ont changé, psychologiquement et physiquement. Il est pâle, maigre, traumatisé, sans aucune sensation ni aucun sentiment, et une méchante blessure le torture dans le dos. Durant ces semaines de repos, les langues ont bien de la peine à se délier entre Adelin et ses parents. En silence, chacun rumine sa peur et sa souffrance: celle du soldat frôlant la mort au quotidien, celle du père se rongeant les sangs en sachant son fils en danger permanent. Peu à peu, pourtant, la communication reprend son fil interrompu depuis des mois, à travers les souvenirs, les gestes communs et maintes fois répétés, les regards, les non-dits qui en disent long. Mais Adelin doit repartir au front. Juste avant son départ, il décide de faire une dernière ascension, seul, pour retrouver ses sensations, se gorger de montagne, peut-être se prouver qu'il en est encore capable malgré son corps qui ne répond plus comme avant. Et puis, comme annoncé depuis des semaines, un énorme éboulement de pierre dévale de la montagne et ravage les champs. C'est la montagne qui s'écroule et Adelin se trouve au-milieu de l'avalanche de rochers. En bas, son père refuse de croire à sa mort et entraîne ses compagnons dans des recherches harrassantes. En haut, Adelin est sonné, blessé, se réfugie dans une grotte. Il sait qu'on le cherche, que la gendarmerie va bientôt venir frapper à la porte de ses parents, que, malgré l'accident, son retard au front sera considéré comme une désertion. Il sait le prix à payer pour les déserteurs. Va-t-il redescendre? Doit-il se cacher? Ce roman est encore un très bon livre, toujours très proche de la montagne et des montagnards, avec cette fois un contexte historique et surtout des schémas universels: l'homme face à la nature, l'homme face à la guerre et ses horreurs, les hommes face à face, ici, le père et le fils.
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