lundi 27 février 2012

L'élégance du hérisson

Muriel Barbery, L'élégance du hérisson, 2006.
Encore un bon bouquin que m'avait conseillé quelqu'un qui me veut du bien, et ça a fonctionné, ça a fait son petit effet. J'avais beaucoup entendu parler de ce roman mais je n'étais à l'époque pas du tout inspirée par ce que tout le monde lisait. Envie de me démarquer, surtout plongée dans la littérature latino-américaine ou espagnole (ou comment des profs de français peuvent vous fâcher pendant de longues années avec la littérature française).
Le concept est assez original, puisque deux récits, deux "journaux", s'entrecroisent tout au long du roman: celui de Renée, la concierge et celui de Paloma, une jeune fille de 12 ans. L'une, employée dans un immeuble bourgeois de la rue de Grenelle, se cache derrière le masque et le costume de la parfaite concierge bourrue et ignorante pour assouvir à l'abri des regards sa passion pour la littérature, le cinéma, la philosophie et sa soif de connaissances. L'autre est en plein malaise adolescent, entre un père homme politique, une mère dépressive et une soeur insupportable et, lasse de chercher en vain le sens de cette vie, projette de se suicider le jour de ses 13 ans. La vie s'écoule de la sorte, entre mascarades, mensonges et ignorance de l'autre, jusqu'à ce qu'un respectable monsieur japonais vienne s'installer dans l'immeuble. Alors, les masques commencent à vaciller et à tomber peu à peu pour découvrir la réalité, l'essence de chacun, et en particulier de nos deux protagonistes féminines. C'est le sens de la vie et la beauté du monde qui se révèlent, la poésie du quotidien, l'éternité dans l'instant présent.
Je reconnais que, contrairement à d'autres romans (comme par exemple La délicatesse de David Foenkinos que j'ai lu récemment et dont je ne vous dirais rien parce qu'il est parfois des livres qui nous touchent trop pour qu'on puisse les commenter), celui-ci m'a un peu gênée par son style. Par moments, ces deux journaux croisés pèchent par un style trop pompeux, pas suffisamment réaliste parce que trop littéraire justement, notamment par rapport aux 12 ans de la jeune Paloma. Par ailleurs, certaines réflexions de Renée, la concierge, se perdent tellement dans des explications philosophiques précises que la pauvre finit parfois par ressembler à un prétexte pour aborder des questions existentielles, pour que l'auteur exprime sa science sur le sujet. Il faut dire que je ne suis pas du tout spécialiste et que j'avoue avoir perdu le fil de certaines idées.
L'élégance du hérisson reste cependant un excellent roman, extrêmement poétique, un moment de lecture délicieux et un clin d'oeil qui pose question au lecteur sur sa propre capacité à savourer ou non la beauté de l'instant. Pour enfin vivre pleinement et assumer ce que nous sommes. Vaste programme que ce saut dans le vide...

1 commentaire:

Laure Hetzel a dit…

La première fois qu'on m'en a parlé, même réaction: je lis à contre-courant, une fois que l'on a oublié le roman à succès, le film à oscars... Il était urgent d'attendre. La deuxième fois, il m'est tombé des mains: trop pompeux, trop précieux. La troisième fut la bonne, car la vie a passé. Renée, c'est moi: cultive toi en secret, et si on t'interroge, fais semblant d'ignorer. Pour vivre heureux, vivons cachés...