mardi 3 janvier 2012

El Cordobés

Dominique Lapierre et Larry Collins, ...ou tu porteras mon deuil, 1977.
J'ai envie de dire, cela tombe très très bien, puisque je viens de vous parler, justement, du musée taurin des arènes de Séville. Chose promise, chose due, je vous fait donc un petit laïus sur ce fameux bouquin qui retrace la vie du Cordobés. Attention, je ne vais pas du tout vous vanter les mérites de la corrida, loin de moi cette idée. Mais quand même, cette vie là mérite qu'on s'y arrête, parce qu'elle n'a vraiment rien d'ordinaire. Tout commence dans l'Andalousie des années 30. La courte République bat de l'aile, Franco commence à déployer ses ailes noires sur l'Espagne. Guerre civile. Le père de Manuel "El Cordobés" meurt dans une prison de Cordoue. La dictature s'installe. La mère de Manuel, épuisée au travail pour un salaire presque nul, meurt d'épuisement à seulement 37 ans. Commence alors pour la fratrie une vie de pauvreté extrême, de peur, de famine. Et puis un jour, le cinema ambulant, les aventures d'un voyou devenu torero idole des foules, la révélation: Manuel décide d'être matador. Avec un ami, il passe dès lors ses nuits à courir la campagne pour aller défier les toros bravos dans leurs pâturages, courant le risque de se faire tuer, par un animal ou par la Guardia Civil. Blessures multiples de cornes, emprisonnements, famine, Manuel ne recule pourtant devant rien. Expulsé de sa ville natale comme un vulgaire voyou, il parcourt alors, à pieds, les routes de l'Espagne, tente sa chance dans toutes les foires, travaille comme maçon, dort dans les cimetières, se nourrit d'oranges volées. Et puis, des hommes providentiels le remarquent. Je passe sur les détails, sa vie est un véritable calvaire aux multiples déceptions pour atteindre son but. Cette vie là est vraiment incroyable. Toujours est-il que lui, l'analphabète, le pouilleux, le crasseux, le voyou, finit par atteindre son rêve et devenir à son tour l'idole des foules. Il y a du Lazarillo dans ce personnage, du picaresque. Rien d'académique. Et en même temps une volonté à toute épreuves, un certain cynisme, une assurance. De peur, jamais. Edifiant.

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