samedi 21 janvier 2012

De la responsabilité des expéditions

C'est une question que je me suis souvent posée: faut-il? doit-on? a-t-on le droit de? dans quelles conditions peut-on? jusqu'où? Toutes ces questions tournant autour des expéditions se posent ce week-end dans le cadre des Rencontres Expés de La Grave-La Meije, au cours desquelles les débats vont tourner autour de la responsabilité dans le monde expéditionnaire, tant en ce qui concerne l'impact écologique, économique, que le rapport à l'humain.
Dans le monde actuel, plusieurs types d'expéditions coexistent, dont certains ne devraient plus du tout avoir droit de cité sur la planète. Exemple, je vais encore le dire, tous les ans c'est la même chose et mon discours devient récurrent et appuyé depuis que les bolides squattent la belle Amérique du Sud: le Dakar, qui n'a plus d'africain que le nom. Ne se posant la question de l'instabilité politique des pays traversés que pour sa propre sécurité, sans se soucier des peuples qui en souffraient, la caravane de CO2 a donc traversé l'Atlantique pour aller tuer au passage quelques vaches et pourquoi pas quelques enfants. Le tribut que prend tous les ans cette course de malheur. A l'époque où même les 24 heures du Mans, même la Formule 1 se posent la question de la pollution et de la possible utilisation à l'avenir de véhicules électriques, le Dakar, toujours sponsorisé par Total, grand créateur d'inégalités sociales dans le monde, pollueur professionnel, continue de ravager les paysages.
Heureusement, d'autres types d'expéditions existent, plus respectueuses de l'environnement et des hommes. Il faut dire que quand les gens prennent la peine de descendre de leur véhicule et de cheminer à pied, au rythme des populations rencontrées surtout, le contact est de suite possible. Ensuite, on peut toujours critiquer la fièvre de la performance. Traversées de désert sans assistance, ascensions de sommets himalayens en temps record. Pas le temps d'aller faire la causette au café du coin ou de faire un bout de route avec les nomades. Les autochtones regardent d'ailleurs souvent ces aventuriers là comme des extra-terrestres. Citons juste l'exemple des Andes boliviennes, où chaque sommet est sacré, protecteur d'un village ou d'une communauté. Lui grimper dessus est considéré comme sacrilège. Imaginez un peu un alpiniste sur le dos de votre grand-père, c'est un peu ça l'effet que ça donne vu de là-bas. Inutile, absurde, voir insultant et irrespectueux.
C'est sans doute pour réfléchir à ce genre de situations que des gens très intelligents, humainement, se sont rassemblés ce week end à La Grave. Fini le temps de l'expédition exploit. Aujourd'hui, il est temps de penser l'expédition en terme de logistique adaptée et raisonnée, de respect de l'environnement, de rencontre humaine et culturelle ainsi que de partage et d'apport mutuel entre les expéditionnaires et les populations locales. Des gens intelligents, je vous dis, si, si, ça existe!

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