samedi 13 août 2011

Mehun sur Yèvre

Au coeur du Berry, non loin de Bourges, il semble que le temps se soit arrêté, figé dans des villages un peu endormis, un peu gris. On y passe sans s'arrêter, sans sourciller, en regardant droit devant, sans soupçonner qu'il puisse s'y cacher des petits trésors. Pour une fois, sur notre route, restons un moment à jouer les chercheurs de merveilles à Mehun Sur Yèvre. Cela ne semble pas une tâche évidente, et pourtant...
Accompagnée de deux guides de la région, j'entre dans la ville par l'imposante Porte de l'Horloge, reste des remparts qui entouraient ce bourg qui dans le passé n'était apparemment pas aussi endormi qu'aujourd'hui. Au Moyen Age, Mehun devient même une cité royale. C'est en effet ici, dans la chapelle du château, que Jeanne d'Arc est annoblie par Charles VII. Le roi, né à Mehun, y meurt aussi en 1461. D'autres personnages historiques ont laissé leurs traces dans la ville, comme par exemple Jean de France, mécène, précurseur de la Renaissance, ou encore la célèbre Agnès Sorel, favorite du roi.

De cette histoire riche, Mehun conserve des monuments comme la Collégiale, solide construction du début du XIème qui contient des merveilles: un sobre et magnifique chemin de Croix ou encore de grands tableaux représentant pour certains des épisodes de la vie de Jeanne d'Arc. Les rues témoignent elles aussi de la grandeur de la cité médiévale, montrant, au détour d'un passage, une voute, une colonne, une maison à colombage, des traces discrètes mais qui resituent le visiteur en plein coeur de l'histoire.

Quelques siècles plus tard, Mehun sur Yèvre devient une ville industrielle, la cité de la porcelaine. Elle abrite d'ailleurs la plus grande manufacture de France. Le but est de faire concurrence aux autres manufactures comme par exemple celle de Sèvres, près de Paris.

Mais d'autres trésors se cachent, à l'écart de la route, dans ce bourg pas si endormi que cela. Derrière le château s'étendent les jardins du Duc Jean de Berry. Les vertes pelouses parsemées de grands arbres s'articulent entre les différents cours d'eau qui traversent le parc: Yèvre, Annain et Canal du Berry, que l'on peut enjamber grâce à une série de ponts. La sobriété du lieu, dépouillé des massifs floraux que l'on peut observer dans d'autres parcs, en fait un endroit de paix et de sérénité, où rien, aucune extravagance ne perturbe le regard.





En sortant du jardin, je franchis à nouveau la Porte de l'Horloge et reprends la route en direction de Bourges, en tournant le dos au village, presque assoupi.
(Photos:emi)

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