Partons aujourd'hui à Potosi, dernière escale de notre série sur les Carnavals de Bolivie. Dans cette ville minière située à quelques 4000 mètres d'altitude et dominée par le Cerro Rico, l'influence du monde des mines sur les festivités est évident. A Potosi, le Carnaval coïncide avec l'ancienne procession des mineurs qui descendaient les croix christiques et les vierges protectrices de leur section de travail vers le centre ville, pour aller leur faire "écouter la messe" et ainsi "recharger" leurs pouvoirs. Le catholicisme se mêle dans ces figures aux croyances ancestrales.
Ce qu'on appelle le Carnaval minero, existe depuis les années 40. Les mineurs, deux semaines avant le Carnaval, descendaient vers la ville (les quartiers des mineurs se trouvent sur les hauteurs) en suivant leurs croix, les Tata Ck'ajcha, sans atours, avec leur équipement de travail: bottes et casques. C'était alors le seul moment où les mineurs et le reste de la société se côtoyaient; le reste de l'année, c'était deux mondes très cloisonnés. Peu à peu, le Carnaval minero s'est mêlé aux festivités de la ville et s'est enrichi en intégrant les démonstrations folkloriques comme les danses et les costumes. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Pascale Asbi, spécialiste des mines boliviennes: dans les années 80, on prédisait la mort du secteur minier. Alors, en réaction, par orgueil et par fierté pour leur statut et leur propre culture, les mineurs ont créé leurs propres groupes de danses ou comparsas. Par ce processus d'enrichissement de leur carnaval, les mineurs continuent, encore aujourd'hui, de réaffimer leur place dans la société bolivienne.
Voici une video, dont on ignore ce qu'elle a d'authentique, mais qui vaut le détour...
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