jeudi 24 février 2011

Le Carnaval de Oruro: la légende de Huari

Nous voici donc arrivés au point fort de notre série sur les carnavals de Bolivie, puisque nous nous rendons enfin à celui de Oruro, le plus célèbre d'entre eux, l'un des plus importants au monde en terme d'affluence, l'un des plus riche en folklore et en histoire aussi.
C'est en abordant sa légende et plus tard quelques unes de ses danses que nous comprendrons toute la profondeur de ce rendez vous culturel qui est loin de n'être qu'un spectacle.
Mais entrons plutôt dans ce temps hors du temps qu'est celui des mythes...
Le peuple Uru semble être l'un des plus ancien des Andes. On rencontre encore certains de ses membres aux abords du lac Titicaca ou encore dans la région du lac Poopo. Leur langue, le pukina, reste unique et encore parlée par certains de leurs descendants, les Chipayas, vivant dans la région de Oruro. Ce qui réunit ce peuple géographiquement dispersé, c'est une histoire commune, celle d'une opposition historique avec les Aymaras qui les ont toujours persécutés. Malgré ces persécutions, la tradition a survécu, puisqu'on peut encore voir des Chipayas lors de la Anata Andina de Oruro, qui correspond à la entrada autoctona, à l'origine du Carnaval. Par ailleurs, c'est sur la légende de Huari, le dieu des Urus, que repose le ciment culturel de la fête.


Selon la légende donc, le dieu Huari aurait voulu châtier son peuple qui se détournait de lui pour honorer d'autres croyances. Il déclancha sur les Urus une série de quatre plaies: une vipère géante, un crapaud, un énorme lézard et une invasion de fourmis. A chaque fois, pourtant, une ñusta ou princesse indienne les pétrifia ou les transforma en poussière. Face à ces échecs répétés, Huari se réfugia donc dans les entrailles de la terre. Plus tard s'est opérée une confusion entre la ñusta et la Vierge Marie: de là à dire que la Vierge catholique avait sauvé le peuple Uru de la sauvagerie de son dieu, il n'y avait qu'un pas. Pourtant, la nouvelle religion apportée par les européens ne signe pas ici son triomphe. En effet, le dieu Huari, réfugié dans les entrailles de la terre, retrouve tout son prestige lorsqu'il devient le protecteur des mineurs exploités pendant la colonisation par des espagnols assoifés d'or. Il est alors le symbole des cultes clandestins jamais oubliés. L'amalgame avec le diable l'amènera peu à peu à devenir le Tio, la divinité de la mine, celui là même qui, lors du Carnaval, quitte son royaume souterrain pour venir danser avec son peuple, réaffirmant par là même la vivacité de toute une culture ancestrale persécutée mais jamais dominée.

Chipayas en la Anata Andina de Oruro - febrero 2009 - Photo:Luis Chugar

1 commentaire:

Enrique a dit…

Bonjour! Le carnaval d'Oruro! Un rêve que j'espère accomplir un jour.